PARIS (AFP) - Justine Henin-Hardenne a prolongé son règne sur la terre battue en remportant samedi le tournoi de tennis de Roland-Garros pour la troisième fois en quatre ans.

La Belge a été loin de jouer son meilleur tennis face à la Russe Svetlana Kuznetsova, mais sa marge de sécurité est telle sur sa surface préférée que la finale a quand même été bouclée en deux sets 6-4, 6-4 sans qu'il y ait vraiment eu de doute sur le dénouement.

Moins véloce que d'habitude, Henin-Hardenne a aussi commis plus de fautes et tapé dans l'ensemble moins fort qu'elle sait le faire. De quoi alimenter la frustration de Kuznetsova, battue après avoir cru "contrôler le match à plusieurs reprises". "C'est comme d'habitude contre Justine. Je n'ai pas profité de mes occasions", a dit la joueuse de Saint-Pétersbourg.

Rébellion russe

C'est que la Liégeoise n'a pas sa pareille lorsqu'il s'agit d'appuyer sur l'accélérateur au moment opportun. Cette capacité à se surpasser sur un ou deux points cruciaux grâce à une prise de risque bien calculée lui a permis d'étouffer deux tentatives de rébellion de Kuznetsova.

La première lorsque la Russe est revenue de 4 jeux à 1 à 4-3 dans le premier set et la deuxième lorsqu'elle a mené 2 jeux à 0 dans le second en inscrivant les deux premiers points de la manche.

"J'étais contente que ça se termine en deux sets, a reconnu la gagnante. Je perds beaucoup d'énergie parce que je suis trop nerveuse. Je ne dors pas bien. A la fin des Grands Chelems, ça commence à se sentir."

"Pendant toute la quinzaine, je n'ai jamais joué mon meilleur tennis, mais je suis toujours restée calme et j'ai été à la hauteur dans les moments importants. De toute façon, la manière m'importe peu, ce n'est pas ce dont on se souviendra", a dit la Belge, qui passera de la 5e à la 3e place mondiale dès lundi.

On retiendra plutôt que personne depuis Arantxa Sanchez en 1994 n'avait remporté le tournoi sans perdre un set et qu'aucune joueuse n'avait réussi à conserver le titre depuis Steffi Graf en 1996.

Avec ce troisième titre après 2003 et 2005, la Belge rejoint Sanchez et Monica Seles dans l'histoire. Chris Evert (7 titres) et Graf (6), l'idole de son enfance, sont encore hors de portée, mais les résolutions prises par Henin-Hardenne il y a un an et demi lui permettent de rêver.

Malade et blessée pendant l'essentiel de l'année 2004, la Wallonne avait dû concéder un intérim à la Russe Anastasia Myskina dans son tournoi préférée. Convaincue que les cadences infernales qu'elle s'infligeait à l'entraînement était la clé du problème, elle a décidé de changer de rythme afin d'assurer sa longévité.

Modération

Ainsi, avant d'arriver à Paris, elle n'a disputé que deux tournois de préparation sur terre battue, plus une rencontre de Fed Cup. Oubliant la boulimie de titres des premières années -8 pour la seule année 2003- elle a su se contenter de deux trophées mineurs (Sydney, Dubaï) afin de se concentrer sur l'essentiel.

"Je gagne un titre majeur par an, ce n'est pas une mauvaise moyenne. C'est formidable quand on sait que ça fait vingt ans que je donne tout pour ça. J'ai commencé à jouer à l'âge de cinq ans et depuis toute ma vie a été guidée par ça", a dit la championne de 24 ans, victorieuse aussi à l'US Open en 2003 et à l'Open d'Australie en 2004.

Cette victoire permet à Henin-Hardenne d'effacer le souvenir pénible de sa dernière finale de Grand Chelem en date. En janvier à Melbourne, elle avait dû abandonner en cours de match face à Amélie Mauresmo à cause de maux d'estomac provoqués par la prise d'anti-inflammatoires.

Quant à Kuznetsova, elle a prouvé qu'elle était de retour parmi les joueuses qui comptent. La crise de confiance dont elle avait été victime à la suite de sa victoire surprise à l'US Open 2004 semble définitivement oubliée.