PARIS - La « decima » de Nadal, la bombe Ostapenko, la dégringolade de Djokovic : ce qu'il faut retenir de l'édition 2017 de Roland-Garros.

Nadal peut voir plus loin que la terre

Rafael Nadal est redevenu le maître de la terre battue en remportant son dixième Roland-Garros. Ce retour en force se voyait venir depuis la tournée de préparation sur terre qu'il avait largement dominée (titré à Monte-Carlo, Barcelone et Rome). Avec ce total à deux chiffres, il est plus que jamais le meilleur joueur de l'histoire sur l'ocre. Ce que la quinzaine parisienne a apporté de nouveau, c'est que le Majorquin, même à 31 ans, ne limitera pas son ambition à sa surface favorite. En pleine possession de ses moyens physiques, il a joué un tennis digne de ses grandes années (2008, 2010, 2013), dans ses points forts habituels bien sûr, la défense et le coup droit, mais aussi en revers et au service. Pourquoi alors ne pas viser le doublé avec Wimbledon, comme en 2008 et 2010, les années où il avait déjà gagné Roland-Garros sans perdre un set? S'il continue sur sa lancée, le désormais no 2 mondial pourrait grimper sur la première marche d'ici à quelques mois, pour la première fois depuis juin 2014. Il a peu de points à défendre, contrairement à l'actuel no 1 Andy Murray, qui en a une montagne après sa fin de saison 2016 de rêve.

Djokovic en chute libre

Il y a un an à Paris, il vivait l'apogée de sa carrière en remportant le seul tournoi du Grand Chelem qui lui manquait. Cette année, Novak Djokovic y a abandonné la dernière couronne en sa possession. Et la manière avec laquelle il a plié en quarts de finale contre une des valeurs montantes du circuit, Dominic Thiem - en trois sets, le dernier perdu 6-0! - n'a rien de rassurant. Il n'y a pas eu de miracle Agassi, devenu son nouveau mentor. On sent le Serbe de 30 ans déboussolé : il n'exclut pas de faire une pause. « Djoko » recule ce lundi à la quatrième place mondiale, une première depuis près de huit ans (octobre 2009). Parviendra-t-il à enrayer cette spirale négative?

Ostapenko les a mises K.-O.

La Lettone de 20 ans a fait sensation en décrochant son premier trophée sans être tête de série, une première depuis 1933. Avec son style explosif et son insouciance, elle a englouti en finale la Roumaine Simona Halep (4e) sous une avalanche de coups (54 gagnants et autant de fautes directes), sa stratégie tout au long de la quinzaine. En l'absence de son idole Serena Williams (enceinte) et de Maria Sharapova (privée d'invitation), la concurrence avait baissé d'un cran et la jeune Balte s'est engouffrée, avec culot, dans la brèche. Confirmera-t-elle?

Quelle lauréate à Wimbledon?

Pas simple de se lancer dans un pronostic pour le prestigieux tournoi sur gazon (3-16 juillet). Serena Williams et Sharapova, blessée, n'y seront pas non plus. Angelique Kerber, éliminée d'entrée à Roland-Garros, fera-t-elle honneur à son statut de no 1 mondiale? La double championne Petra Kvitova (2011, 2014), qui a repris à Paris six mois après une agression par un cambrioleur, pourra-t-elle jouer le coup à fond? Un succès de la Bélarusse Victoria Azarenka, annoncée à Majorque dans une semaine après un congé maternité, paraît improbable. D'autres peuvent en profiter : la Tchèque Karolina Pliskova, la Française Kristina Mladenovic ou l'Espagnole Garbiñe Muguruza, finaliste en 2015. Ostapenko, lauréate du tournoi junior (2014) et qui adore le gazon, sera à surveiller.

La jeune garde encore trop tendre

On les présentait comme de sérieux négligés, mais les jeunes Alexander Zverev (20 ans) et Dominic Thiem (23 ans) n'ont pas déboulonné la génération des trentenaires. Demi-finaliste, l'Autrichien a bien égalé sa performance de 2016, en s'offrant Djokovic au passage. Mais c'était pour y être dévoré par Nadal en à peine plus de deux heures (6-3, 6-4, 6-0). Pire pour Zverev : arrivé à Paris auréolé de son premier succès en Masters, à Rome contre Djokovic, l'Allemand a carrément dévissé d'entrée, sans jamais avoir trouvé son rythme sur le Central.