La page du « Big Three » s'est tournée
NEW YORK, États-Unis - Pas un seul titre du Grand Chelem pour Novak Djokovic en 2024 et une défaite dès le troisième tour dans la nuit de vendredi à samedi aux Internationaux des États-Unis, la page du « Big Three » s'est tournée.
Les moins de 20 ans n'ont pas connu de saison sans qu'un titre Majeur au moins ne s'ajoute au palmarès de Roger Federer, Rafael Nadal ou Novak Djokovic. Soit depuis le premier titre du Suisse à Wimbledon en 2003.
Federer ayant acté sa retraite fin 2022, Nadal n'étant plus qu'un rare intérimaire du circuit, restait Djokovic qui tenait la dragée haute aux nouvelles générations.
Le titre olympique tant rêvé et décroché à Paris cet été en battant en finale Carlos Alcaraz, qui venait de lui donner une leçon sur gazon en finale à Wimbledon, sauve la saison du Serbe de 37 ans.
Mais sa défaite face à Alexei Popyrin, le 28e mondial qu'il avait battu lors de leurs trois précédentes rencontres, dont deux en Grand Chelem cette année (au 2e tour en Australie et au 3e à Wimbledon) marque un tournant: l'homme de quasiment tous les records (24 titres du Grand Chelem, 40 Masters 1000, 7 Masters, 428 semaines no 1 mondial, 8 saisons terminées no 1, etc...) ne fait plus peur.
« Je m'en pensais capable », a d'ailleurs assuré Popyrin après son succès 6-4, 6-4, 2-6, 6-4.
Le pire
« Mes deux matches contre lui (Djokovic) plus tôt cette année aux Internationaux d'Australie et à Wimbledon m'avaient donné confiance en ma capacité à pouvoir le battre », a-t-il insisté comme pour enfoncer le clou.
Il faut remonter aux Internationaux d'Australie 2017 pour retrouver une élimination de Djokovic avant les huitièmes de finale en Grand Chelem, par Denis Istomin (117e mondial) au deuxième tour. Et il faut remonter à Roland-Garros 2018 pour le voir perdre en Majeur face à un joueur plus mal classé que Popyrin, en l'occurrence Marco Cecchinato (72e) en quarts de finale.
« Vu la façon dont je joue depuis le début du tournoi, un troisième tour c'est déjà bien. J'ai affiché un des pires niveaux de tennis de ma vie, avec mon pire niveau au service de loin », a analysé le Djoker assurant n'avoir eu aucun pépin physique qui pourrait expliquer ses défaillances tennistiques.
Non, l'explication qu'il donne est le manque « d'énergie » depuis le début du tournoi, qu'il impute à l'extraordinaire effort produit pour décrocher aux JO l'unique grand titre qui manquait à son palmarès.
« J'ai dépensé beaucoup d'énergie pour gagner l'or, je suis arrivé à New York sans me sentir frais physiquement ou mentalement. Mais comme c'est l'US Open j'ai quand même voulu tenter ma chance. J'ai fait de mon mieux », a-t-il expliqué.
Malaise profond
Un discours surprenant dans la bouche du joueur à la volonté de fer maintes fois démontrée, jusqu'à provoquer des polémiques, comme lorsqu'il a remporté les Internationaux d'Australie 2021 et 2023 malgré des déchirures aux abdominaux et à une cuisse.
Il reconnait d'ailleurs lui-même la profondeur du malaise.
« J'ai eu des difficultés mentales à jouer ces trois matches (à Flushing Meadows), tellement je jouais loin de mon meilleur niveau. Ce n'est pas bon de se retrouver dans ce genre d'état, sans problème physique et avec la motivation d'un Grand Chelem, mais sans pouvoir trouver son jeu », a-t-il concédé.
À la sortie du court, cette défaite a « évidement un goût amer » et le Serbe veut « tirer un trait » sur ce tournoi. Puis veut se donner un peu de temps pour pouvoir prendre du recul et analyser plus profondément ce qu'il s'est passé.
« Demain est un autre jour, a-t-il dit, et je vais bien sûr penser à ce qu'il convient de faire. »
Encore no 2 mondial en débutant l'US Open, il va chuter au moins à la quatrième place, n'ayant su défendre sons titre, et laisser Jannik Sinner, Alexander Zverev et Carlos Alcaraz lui passer à coup sûr devant. La relève est en marche.