NEW YORK, États-Unis - L'exploit serait immense, quelques jours avant de fêter ses 39 ans, de rejoindre Margaret Court au Panthéon des joueuses les plus titrées en Grand Chelem, mais Serena Williams, après six mois sans tennis, peine à s'avancer en favorite pour les Internationaux des États-Unis dont le plateau est pourtant réduit.

Cela fait trois ans que l'Américaine chasse ce 24e titre majeur. Depuis son sacre aux Internationaux d'Australie 2017, alors qu'elle était enceinte de sa fille Olympia. Elle a eu quatre occasions de le décrocher, mais a échoué en finales de Wimbledon et des Internationaux des États-Unis en 2018 et en 2019.

Une troisième finale d'affilée à Flushing Meadows serait-elle la bonne? Il faudrait déjà qu'elle y parvienne.

Sur papier, évidemment, Serena reste Serena: une des meilleures joueuses de tous les temps, toujours assoiffée de victoires, et que personne ne saurait sous-estimer.

Sur le court, c'est pour l'heure une autre histoire. Que ce soit sur le plan physique ou celui du jeu.

Une semaine après sa défaite en quarts à Lexington contre la 116e joueuse mondiale Shelby Rogers, elle s'est effondrée face à la Grecque Maria Sakkari, en 8es de finale de Cincinnati, après avoir été à deux points du match 7-5, 5-3 (30/0).

Cinq matchs, 12 heures

« J'aurais dû le gagner. J'ai eu tellement d'occasions. Je dois réapprendre à gagner ces points importants. Difficile de jouer comme ça et de rester positif », déclara-t-elle totalement dépitée.

Ce match était son 5e depuis sa reprise deux semaines deux semaines plus tôt. Et tous sont allés au troisième set. 

« Jouer neuf heures par semaine, c'est trop. Je ne joue généralement pas autant. C'est tout nouveau pour moi », a-t-elle encore déploré. Plus précisément, ce sont 6 h 45 à Lexington et 5 h 14 à Flushing Meadows où était délocalisé « Cinci », qu'a passé Serena sur les courts.

Au bord des larmes, menée 5-0 dans ce dernier set qu'elle savait perdu, Williams s'est pourtant battue pour éviter l'humiliation d'une roue de bicyclette. Cet unique jeu arraché après avoir sauvé sept balles de match a prouvé que sa combativité ne s'éteint jamais vraiment.

Ces derniers jours, son entraîneur Patrick Mouratoglou s'est d'ailleurs bien employé à le rappeler.

« Ça, c'est juste le début de la façon dont Serena m'a torturé à l'entraînement. Elle m'a détruit en quelques minutes », publiait-il lundi sur son compte Instagram, vidéo à l'appui. 

Le lendemain, il écrivait, admiratif: « S'entraîner tous les jours comme si c'était votre premier jour d'entraînement. Pouvoir garder cet état d'esprit neuf, 35 ans après avoir été sur un court de tennis pour la première fois, c'est... (choisissez le mot) ».

« Grande chance à saisir »

En l'absence de six joueuses du top-10 mondial, dont Ashleigh Barty (no 1) et Simona Halep (no 2) ou encore le tenante du titre Bianca Andreescu (no 6), « Williams a une grande chance à saisir dans cette édition moins relevée de l'US Open » pour ajouter une septième fois son nom au palmarès, a estimé l'ancienne championne Martina Navratilova, 18 fois titrée en majeurs.

« Si elle ne gagne pas ce coup-ci, je pense que les gens, et elle-même, douteront vraiment qu'elle puisse gagner un autre Grand Chelem », a appuyé Mats Wilander, sept fois sacré.

Si la pression est sur ses épaules, Pam Shriver, ancienne spécialiste du double (21 titres majeurs), estime que jouer à huis clos lui en enlèvera, eu égard à sa difficulté ces dernières années à maîtriser ses nerfs devant le public new-yorkais.

Mardi, Williams devrait en principe commencer piano contre Kristie Ahn (97e mondiale). Mais cela pourrait se corser assez vite, avec un 3e tour potentiel contre Sloane Stephens (38e), lauréate surprise en 2017, avant d'éventuelles retrouvailles avec Sakkari en 8es, dans une partie de tableau où figure Sofia Kenin (4e).

Si l'état de forme de Serena était au top, on n'appellerait pas cela un parcours semé d'embuches.