Karen Khachanov a connu une semaine grandiose de tennis en remportant un premier titre Masters 1000, celui de Paris Bercy. Tout comme l'autre « Next Gen » Stefanos Tsitsipas, qui à Toronto cette année avait indiqué la porte de sortie à quatre membres du top-10 soit Novak Djokovic, Alexander Zverev, Kevin Anderson et Dominic Thiem, le Russe va de prouesse en prouesse. Il ne perd qu'une manche en six matchs face à John Isner avant de disposer de Zverev, Thiem et le nouveau numéro 1 mondial Novak Djokovic en deux manches consécutives, s'il vous plait!

C'est bien évident que Djokovic est usé aujourd'hui pour cette finale. Comment peut-il en être autrement après une demie d'anthologie face à Roger Federer qui nous amène jusqu'au bris d'égalité de la troisième manche? Les deux belligérants nous ont tout donné: une époustouflante qualité de déplacements, un aspect physique, mental et tactique inégalé, et tout cela pendant 3 heures 3 minutes tout en maintenant une cadence follement élevée!

Dommage tout de même que Federer fasse cadeau du bris d'égalité de la troisième manche en devenant soudainement très brouillon. Même si Roger est un génie, cela n'empêche pas qu'il est humain et donc certains principes de base s'appliquent à lui aussi. Je m'explique. Les mots qui sortent de notre bouche ont toujours une portée et une incidence sur notre vie, pour le meilleur ou pour le pire. Toute la semaine le Suisse nous annonce qu'il n'est pas venu à Paris pour gagner, mais juste pour jouer quelques matches sans pression et qu'il se préparait pour le championnat de fin de saison à Londres. En sous-entendu, c'est là qu'il veut triompher pour une centième fois sur le circuit. À ce niveau-là, quand un pet de travers peut vous faire perdre plutôt que gagner, ce sont des paroles et des pensées qui finissent par devenir des prophéties autoréalisatrices...

Dimanche en finale, même si le serbe est le premier à avouer que Khachanov mérite pleinement de tenir le trophée à bout de bras, il doit quand même avoir quelques regrets. Il mène 3-1 au premier set et 30-0 au service, donc en plein contrôle de la situation alors qu'il commet quelques fautes inhabituelles qui relancent le Russe. Khachanov s'agrippe à cette bouée de sauvetage et mieux encore, brille pour ravir à nouveau le service du serbe à 5-5 et filer vers la manche 7-5.

J'aime beaucoup l'attitude de Karen au deuxième set. Il mène avec le bris pour 2-1 et gardera suffisamment le contrôle de ses émotions pour tenir au service jusqu'à la fin du set, et ce sans offrir une seule balle de bris au Serbe. Facile à comprendre avec un majestueux 85% de premières balles en jeu dans cette manche! Malgré tout, on connait Novak depuis le temps qu'il est sur le circuit. On sait bien qu'il peut être souffrant, mais nous réserver quelques surprises pour renverser une situation. Il a bien essayé alors que le Russe sert pour le match à 5-4, mais Karen tient bon comme un vétéran confiant en ses moyens pour clore le débat 6-4. Wow...48e en début d'année, le voilà 11e et à la porte du rêve de tout jeune: faire partie du groupe sélect des 10 meilleurs.

Beau bonus non négligeable, ce titre à Paris Bercy lui offre aussi une place de deuxième substitut au Championnat de fin de saison à Londres. Si jamais Rafael Nadal décide de ne pas jouer en raison de cette blessure aux abdominaux qui le perturbe, John Isner se faufilera parmi les huit tandis que le russe deviendra le premier substitut avec une bien meilleure chance de jouer quelques matchs. L'an passé Khachanov n'avait remporté qu'une rencontre sur trois au Championnat des jeunes de moins de 21 ans à Milan. Cette année il est à un jet de pierre du vestiaire des plus grands, mais quelle progression phénoménale! Et ce n'est que le début! Ah! C'est tellement excitant tout cela!