L’étrangère, la négligée, c’est Shelby Rogers. Celle qui aura quelques milliers d’amateurs, rien que ça, contre elle lorsqu’elle fera son entrée dans le stade principal tout juste avant Eugenie Bouchard mardi.

« Ce sera amusant. Bien entendu, le public la soutiendra, je serai l’outsider. Ce sera drôle. Il n’y a pas de pression, je vais juste jouer mon jeu, faire du mieux que je peux et profiter du match autant que possible. »

Il n’y a peut-être pas de pression, mais l’Américaine de 22 ans est certainement désireuse de poursuivre sur une superbe lancée amorcée il y a quelques semaines. Rogers, 113e raquette mondiale, a enchaîné des victoires-surprises sur des filles nettement favorites comme Carla Suarez Navarro (16), Camila Giorgi (38) et Sara Errani (15) avant de baisser pavillon face à Andrea Petkovic en finale à Bad Gastein. Alizé Cornet (22) est sa plus récente victime de marque à Washington, la semaine passée.

« Tous les matchs ne sont pas forcément beaux. Certaines victoires n’étaient pas belles, mais je me sens en confiance sur le terrain, je bouge bien. Je suis très heureuse, je profite de chaque moment, c’est sans aucun doute de très beaux moments dans ma carrière. »

La transformation ne passe pas simplement par l’amélioration de son jeu en général ou un changement de stratégie, mais plutôt par l’aspect du sport qui est probablement le plus difficile à maîtriser : le mental.

« J’ai travaillé l’aspect psychologique, pour essayer de rester plus calme sur le terrain. J’essaie de profiter du moment, d’apprécier chaque instant, et de faire attention aux petits détails. De plus, j’ai été épargnée par les blessures, je peux jouer librement. C’est une partie importante de la compétition et tout semble se mettre en place pour moi, heureusement. »

Le mot d’ordre est tout aussi simple pour son duel de deuxième tour, après avoir vaincu Ajla Tomljanovic d’entrée de jeu lundi.

« Je dois jouer mon style, et me concentrer uniquement sur ce que j’ai à faire en essayant de ne pas me laisser déborder. C’est un moment important pour moi, ce sera sans aucun doute un tournant dans ma carrière. Je vais apprécier ce moment et rester calme. »

Du respect envers Bouchard

La commande est grande, très grande. La Québécoise est non seulement une terreur sur la surface de jeu, mais elle est aussi l’une des véritables athlètes chouchous sur la planète tennis. Un facteur intimidation non négligeable pour certains, mais dans la peau de l’adversaire, la perception est différente.

« Je ne dirais pas que je la crains, mais plutôt que je la respecte. Elle a réussi des choses incroyables cette année. Elle a eu une année d’enfer, en arrivant en demi-finale à tous les Grands Chelems. Nous nous sommes souvent entraînées ensemble, nous nous connaissons assez bien. Pour moi, elle est une autre joueuse à affronter, tout comme moi. Évidemment, elle a remporté plus de victoires que moi, mais j’espère pouvoir tenir ma position. »

Si elles se sont entraînées souvent ensemble, elles n'ont cependant pas eu l'occasion de croiser le fer récemment. La dernière fois remonte à 2011, ce qui fait en sorte que toute tentative de trouver des points de référence est bien inutile aujourd’hui.

« C’était il y a longtemps. Lors d’un challenger en Alabama, je crois. Nous n’étions pas les mêmes joueuses à l’époque, nous étions très différentes. Nous avons vécu beaucoup d’expériences l’une et l’autre, nous avons parcouru beaucoup de chemin. On ne peut pas se baser sur ce match, cela n’a rien à voir. Je vais aborder ce match comme tous les autres matchs, je vais bien sûr me préparer à affronter le public, et à toute l’excitation autour du match. Ce sera encore une expérience à mettre dans mes bagages. »