MELBOURNE (AFP) - Avec les Internationaux d'Australie de tennis, l'heure de vérité a sonné pour Nicolas Escudé, le héros de la victoire française en Coupe Davis avec ses succès en finale contre les Australiens Lleyton Hewitt et Wayne Arthurs, dont les performances sur le circuit ne sont pas à la hauteur de son immense talent.

"Je souffre encore un peu de ma blessure à l'aine contractée pendant le tournoi de Sydney qui m'a obligé à déclaré forfait avant les quarts de finale, mais cela ne ne devrait pas trop me handicaper", a déclaré le Palois, 25 ans et 32e mondial, après s'être entraîné le week-end sur les lieux de son plus grand exploit, une demi-finale à Melbourne en 1998.

Ce grand échalas (1,85 mètres, 70 kilogrammes) au visage en lame de couteau souffre en effet depuis le début de sa carrière de différents maux physiques qui expliquent que son palmarès ne s'orne pour le moment que de deux titres ATP, conquis à Toulouse en 1999 et à Rotterdam l'année dernière.

Cela a commencé dès sa première année de professionnel en 1996, où une hernie discale lui avait gâché la majorité de sa saison. L'année suivante allait lui permettre d'effectuer un bond impressionnant de 333 places au classement ATP et de s'installer dans les 100 premiers.

L'accession vers les sommets semblait promise à ce gaucher contrarié, obligé de jouer de la main droite, quand il atteignait en 1998 les demi-finales de l'Omnium d'Australie succombant devant le Chilien Marcelo Rios, alors au sommet de son art, après avoir été le premier joueur dans l'Histoire a être capable de remporter trois rencontres d'un Grand Chelem en ayant été mené 2 sets à 0.

Spécialiste du cinquième set

Cet amateur de bons vins s'est d'ailleurs fait une spécialité de ces succès dans l'ultime manche, prouvant ainsi sa résistance. Sa seule défaite dans un cinquième set a été paradoxalement concédée contre le peu connu Argentin David Nalbandian au dernier US Open. Mais tous le monde se rappelle ses succès à l'arraché (8-6 pour finir), en Coupe Davis, contre le Néerlandais Sjeng Schalken et le Suisse George Bastl, après avoir sauvé contre ce dernier une balle de match.

Transcendé par le fait de jouer pour son équipe, et bénéficiant des conseils de Guy Forget sur la chaise, "Scud", ainsi surnommé pour la force de ses balles, compte un incroyable palmarès dans cette épreuve: 8 victoires en simples, aucune défaite.

L'Australie semble la terre rêvée pour qu'il réalise les mêmes performances dans les épreuves individuelles, à condition que son physique ne lui joue pas à nouveau des tours.

Sampras sur sa route

Le tirage au sort lui a été favorable. Tête de série N.30, il débutera, mardi, contre un très modeste Australien, Todd Reid, classé 903e mondial à la fin de l'année dernière, qui a bénéficié d'une invitation pour mériter cet honneur. Puis poursuivra contre le Belge Olivier Rochus ou l'Espagnol Alex Calavatra. Le véritable test sera en seizièmes contre l'Américain Pete Sampras, (N.8) qui semble revenu à son meilleur niveau après son succès contre son compatriote Andre Agassi (N.3) dans le tournoi sur invitation de Kooyong.

Battre Sampras, puis ensuite éventuellement Safin ou Agassi pour entrer à nouveau dans le dernier carré serait la preuve qu'il n'est pas uniquement un bon joueur d'équipe, comme son frère Julien, footballeur professionnel au Stade Rennais.