Mandat superbement bien rempli par Serena Williams qui réussit finalement à égaler Steffi Graf en remportant un 22e Grand Chelem en simple. Ouf! Que d'aventures lors de la dernière année et demie pour réaliser ce haut fait d'armes. Après trois échecs depuis le US Open 2015, on réalise bien que Serena est beaucoup plus en paix dès qu'elle franchit les tourniquets du All England Club pour y retrouver son divin gazon. 

Un gros test l'attend cependant assez tôt durant la quinzaine. Dès le 2e tour, l'Américaine Christina McHale l'amène à la dérive en arrachant le premier set 9-7 au bris d'égalité. Cependant, la bonne nouvelle cette fois-ci est que Serena n'est ni en pleurs, ni en panique mais accepte la bataille telle qu'elle est. Elle trouve plutôt des solutions dans le calme et la confiance. Sacré différence qui fait d'elle une sacrée combattante. À 4-4, troisième manche, Williams lui arrache les deux dernières parties pour la victoire.

La raison pour laquelle cela est important, c'est que depuis 10 mois, Serena a perdu tous les matchs accrochés qu'elle a livrés à part un, la finale de Rome, son seul titre en 2016. Cela prend des références pour aller jusqu'au bout en Grand Chelem surtout quand l'histoire du jeu n'attend que vous!

Après ce triomphe face à McHale, Serena surmonte toutes les difficultés que lui proposent Beck, Kuznetsova, Pavlyuchenkova et Vesnina. Toujours avec la même justesse émotive. Son leitmotiv : placer l'adversaire sous pression en utilisant son service, arme redoutable sur herbe et sa puissance en fond de terrain soupoudrée de quelques coups d'assommoir en retours de service. Quand c'est bien ficelé et que ce thème-clé se répète cela finit par faire craquer l'adversaire. Même Angelique Kerber rate en fin de première manche, à 5-6 en se trompant de stratégie deux fois de suite en voulant trop attaquer.

Même scénario à 4-3 Serena, deuxième manche. Cela devient de plus en plus difficile de stopper les attaques répétées de l'Américaine. Brisée, Kerber ne pourra s'en remettre. Logique lorsqu'on réalise jusqu'à quel point les statistiques parlent fort : 39 coups gagnants pour Serena contre 12 pour Angie. De plus, 13 as et 88 % de réussite en premières balles, des stats qui l'amène à tenir le plus beau trophée du monde à bout de bras pour une 7e fois : le Venus Rosewater Dish et d'égaler Steffi avec un 22e Grand Chelem.

La prochaine étape sera de dépasser l'allemande une fois pour toute aux Internationaux des États-Unis et de courir après la grande Margaret Court qui en a gagné 24 en simple... réalisable tout cela.

La reine de Wimbledon

Si la demi-finaliste Venus a su passer un message rempli d'espoir en conférence de presse cette semaine en nous témoignant qu'il faut toujours croire en son destin, que tout ce que la vie nous envoie de difficile peut être surmonté, Serena, elle a eu besoin d'aide pour se sortir du trou noir de désespoir qu'elle vivait en fin d'année 2015.

Voilà pourquoi elle s'est grandement inspirée des poèmes de cette militante afro-américaine Maya Angelou, surtout celui-ci intitulé « Pourtant je m'élève » (Still I Rise). En voici quelques extraits particulièrement touchants...

« Vous pouvez me rabaisser pour l'histoire, avec vos mensonges armers et tordus, vous pouvez me traîner dans la boue, mais comme la poussière, je m'élève pourtant... Voulez-vous me voir brisée, la tête et les yeux baissés, les épaules tombantes comme des larmes, affaiblie par mes pleurs émouvants? Surgissant d'un passé enraciné de douleurs, je m'élève. En laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur, je m'élève. Emportant les présents que mes ancêtres m'ont donnés, je suis le rêve et l'espérance de l'esclave, je m'élève, je m'élève, je m'élève... »

Les mots sont d'une telle puissance. Serena a vaincu. Puisse Milos Raonic aussi s'élever...

Serena double championne