À la blague, avant la finale, Angelique Kerber annonce qu'elle veut sauver l'honneur de sa compatriote Steffi Graf et empêcher Serena Williams de l'égaler en remportant un 22e titre. Bon, mignon et généreux comme tout comme pensée, mais passablement plus difficile de passer de la parole aux actes.

Pourtant c'est elle qui joue le rôle principal dans cette pièce en trois actes. Sereine, rapide et en énergie, l'Allemande est la première à briser au premier set. Serena n'arrive tout simplement pas à garder la balle en jeu! Trop lente, impatiente et incapable de se racheter avec des services de qualité, ni en première balle et encore moins en deuxième, ne reste à l'Américaine qu'à espérer que Kerber baisse de niveau.

Serena WilliamsImaginez : Serena commet 23 fautes directes à la manche initiale contre seulement trois pour Angelique. Le défi est bien sûr de garder l'intensité du côté de l'Allemande, qui a déjà battu la Williams dans le passé à Cincinnati, donc qui peut le faire à nouveau. Mais ce n'est pas si simple lorsque Williams, qui a triomphé 6 fois à Melbourne, retrouve une partie de son jeu et arrive à mieux canaliser son énergie dès le départ du 2e set.

La loi du sport veut que si une joueuse grimpe son niveau, il faut que l'autre suive. Je sens que Kerber est essoufflée et comme Serena ne rate plus et accepte le défi de bâtir ses points, le match devient très dur physiquement. C'est le jour et la nuit pour l'Américaine, qui réduit les bévues (5 fautes), augmente son taux de réussite au service et ajoute un peu de poivre de cayenne en fond de terrain en produisant 16 coups gagnants. Williams nous amène logiquement au 3e set. 

Je me dis à ce moment-là que Kerber a connu un magnifique tournoi et que perdre en trois sets devant Serena, c'est déjà beau, surtout qu'elle aurait bien pu passer à la casserole au premier tour devant Misaki Doi puisque la Japonaise a obtenu une balle de match. Autre statistique qui justifie cette pensée : Serena n'a jamais perdu en finales de Grand Chelem lorsqu'elle dispute une 3e manche....

Mais oh... Je me trompe royalement. Kerber se bat comme une mort de faim et pousse à nouveau Serena dans un état de doute. Le match tourne en faveur de l'Allemande à la suite d'une longue, très longue 6e partie. Malgré son incapacité à servir pour le championnat, Angelique Kerber ravit le service de la diva pour une 5e fois pour s'adjuger le titre. Quelle folle bataille!

Après Flavia Penetta au US Open, voici donc Angelique Kerber championne Grand Chelem. J'ai peine à y croire! Dans un sens c'est réjouissant et encourageant de réaliser que le travail acharné, la patience et une attitude positive peuvent vous amener aux plus hauts sommets.

Dans le fond, et c'est vrai pour chacun de nous, la seule responsabilité que nous avons, c'est de développer au maximum notre potentiel. Pour le reste, la preuve est à nouveau faite que tout est possible à celui qui croit...