Le « clap » de la fin de Roger

COLLABORATION SPÉCIALE

Oh, que d'émotions nous fait vivre Roger Federer depuis l'annonce de sa retraite le 15 septembre dernier!

Franchement, ce dernier tour de piste en double avec son grand rival et ami Rafael Nadal nous a offrert un spectacle digne d'un magnifique moment face à Frances Tiafoe et Jack Sock. Peu importe que les deux vétérans ne soient pas arrivés pas à conclure sur balle de match, l'important c'est qu'ils ont réussi à nous offrir un spectacle formidable doté d'une courbe crescendo jusqu'à la fin, avec en prime un dénouement en apothéose!

On aurait essayé d'imaginer un scénario digne des plus grands films d'Hollywood et cela n'aurait pas été possible de faire mieux.

Roger aura joué, une fois de plus, le rôle de l'hôte parfait durant cette Coupe Laver. Cela nous fait réaliser une fois de plus que pour devenir un champion hors norme et être en mesure de s'exprimer dignement tout en étant poli, courtois et intéressant, il faut s'entourer d'une équipe qui excelle dans toutes les facettes de l'organisation et des communications. La présentation de l'évènement est irréprochable et ce, dans les moindres détails. De la grande classe jusqu'au bout des ongles finalement, permettant à Roger de nous partager ses émotions librement en se sentant appuyé, prouvant qu'il est d'une fiabilité à toute épreuve.

Cela prenait aussi une personne tout à fait spéciale pour s'entretenir sur le court avec la légende après cette dernière rencontre en compétition. Qui de mieux que l'ancien no 1 mondial et quatre fois champion Grand Chelem, Jim Courier? Vu que Roger a tout simplement désiré tout jeune jouer des matchs en tournois pour passer du temps avec les amis, il était logique qu'il s'entretienne une dernière fois avec « The Rock ». Courier est instruit, efficace et effacé tout en possédant un bon fond d'humour et bien sûr de grandes connaissances. C'est donc à lui que l'homme à penser de Team 8, Tony Godsick, a confié les rênes du moment le plus délicat de tous : les mots de la fin du « GOAT ». 

Évidemment, ce que Roger craignait s'est produit : les émotions sont trop grandes pour retenir les larmes. Même Nadal pleurait comme une Madeleine, comme à peu près toute personne qui aime et respecte le Suisse. « Cela fait du bien quelques fois de pleurer un bon coup », nous dira ensuite Roger. Et bien, nous voilà tous en même temps en pleine catharsis, défoulement logique et purificateur de l'âme finalement délivrée de ses passions. Wow!

Est-ce que l'on reverra un jour Roger Federer sur un terrain de tennis? Si on se fie à ses commentaires la réponse est oui, si son genou droit le laisse tranquille. Le Suisse veut organiser une tournée d'adieu qui l'amènera aux quatre coins de la planète, là où il n'y a pas de tournois professionnels. « Je veux remercier tous ceux qui m'ont soutenu lors des quatre dernières décennies et qui n'ont pas eu la chance de me voir évoluer en personne », a-t-il ajouté.

Cela me fait penser un peu tout de même, à ces vieux rockers qui ne veulent pas arrêter de se faire valoir sur scène. Avec l'aura que Federer porte cependant, son charisme et ses connections, il pourrait éradiquer la pauvreté sur un continent tout entier! Il aide déjà en Afrique avec sa fondation. À lui de choisir ce qu'il fera de son temps, alors que les opportunités de faire du bien autour de lui seront illimitées. 

Roger Federer m'a fait « tripper » pendant plusieurs décennies. Mais ce qui marque au-delà de tous ses records, c'est son grand désir de s'améliorer dans tous les aspects du jeu et de se réinventer plus d'une fois, physiquement, tennistiquement et mentalement. D'ailleurs, il nous a livré après son double que c'était important pour lui d'être le premier des quatre grands à prendre sa retraite. Je le cite : « Andy m'a fait peur en Australie 2019 alors que je croyais qu'il mettrait fin à sa carrière, mais il est revenu ».

Petite frousse aussi cette année à Roland-Garros que Rafa annonce que c'est la fin. Il s'est présenté à la Porte d'Auteuil sur un pied, avant de gagner miraculeusement pour une 14e fois. L'Espagnol est cassé de partout mais il continue. Le Suisse nous a expliqué : « Je voulais quitter en premier car je suis le plus vieux du quatuor ». Un autre vœu exaucé pour celui qui aura été le plus beau pour s'adjuger la trinité des dons pour exceller au tennis : qualités pied-œil-main.

Pour finir, je vous offre trois citations de la part de deux grands joueurs de tennis et un formidable pilote de Formule 1. D'abord, Jo-Wilfried Tsonga ancien 5e mondial : « Dans tous les compartiments du jeu il était à la fine pointe, une locomotive. Il a aussi révolutionné le comportement à l'extérieur du terrain. »

Alain Prost, quadruple champion du monde de F1 ajoute sa touche en mentionnant ceci : « Si vous aimez le tennis, vous ne pouvez qu'aimer Federer ». Wow, comme les mots choisis par le « professeur » nous en disent long sur la personnalité de celui qui est considéré comme l'un des plus grands pilotes de tous les temps.

Finalement, Sébastien Grosjean, 4e mondial en 2002, lance cette phrase pleine de sens : « Roger, c'était le tennis ».

Pour ma part, j'ajoute ceci car dans le langage écrit, le choix de conjugaison des verbes est important puisqu'il ajoute des informations différentes pour raconter une histoire différente. Alors plutôt que d'utiliser le verbe être à l'imparfait pour représenter quelque chose qui était mais qui n'est plus, allons-y au présent car pour moi : « Roger c'est le tennis ». Son histoire commence à 8 ans, mais ne finira jamais puisqu'elle est gravée dans la mémoire collective à jamais.

Autre fait amusant : saviez-vous que le verbe fédérer veut dire : rassembler, regrouper autour d'un projet commun? Gentil de sa part, de nous avoir si souvent invités...