Défi de taille en quarts de finale de la Coupe Rogers pour notre Canadien de 18 ans Dennis Shapovalov face au 42e mondial Adrian Mannarino. Cela peut paraître bizarre de parler du français en ces termes surtout quand on se rappelle les immenses victoires de notre Canadien face aux cogneurs Rogerio Dutra Silva, Juan Martin Del Potro et Rafael Nadal. Sachez tout de même que Mannarino a déjà été 27e au monde en 2015 et qu'il compte trois finales en carrière sur le grand circuit.

J'en rajoute : Mannarino ne frappe pas la balle, il la caresse et la place. Il ne bat que très rarement l'adversaire en puissance, mais il anticipe remarquablement bien et force l'autre à tout générer, pas facile quand tu as déjà beaucoup donné. Léger comme une plume, gaucher, rusé et possédant une belle, belle touche, il gagne à l'ancienne. Parlez-en à Milos Raonic qui n'a jamais été en mesure d'installer son tennis d'attaque.

De plus, Mannarino nous arrive d'une ronde des 16 à Wimbledon et de belles victoires cette année face à Fernando Verdasco, Feliciano Lopez, Gaël Monfils et Jo Wilfred Tsonga. Sous ses allures de collégien timide et bien élevé se cache un guerrier que les hautes instances du tennis français n'ont jamais supporté ou encouragé, mais un self-made man qui a besoin de gagner pour bien vivre. Dangereux, dangereux pour notre Canadien...

La première manche est d'ailleurs presque complètement à sens unique. Dennis multiplie les fautes directes tandis que Mannarino est régulier comme une montre suisse. Le français n'a même pas à forcer la note. Il me fait penser au mignon petit canard sur l'étang qui navigue la surface d'eau avec aise. Ce que l'on oublie c'est qu'il mouline les jambes avec vigueur et justesse.

Parlons-en justement du jeu de jambes de Denis, car s'il y un élément du jeu qui impressionne et qui lui a permis de gagner plus de 900 places au classement en deux ans, c'est bien la qualité de ses appuis. Au premier set cependant, le jeune est en grande difficulté et semble très fatigué. Facilement Mannarino remporte la première manche 6-2. Le français est largement devant au chapitre des chiffres et de la qualité de jeu.

Cependant, s'il y a un mot que j'utiliserais pour qualifier les performances de Shapovalov cette semaine c'est le COURAGE! Un set n'est pas un match et comme de fait, il retrouve ses moyens. D'ailleurs même la pluie n'arrive pas à le faire dérailler. Notre Canadien retrouve sa constance, confiance, patience et Dieu merci, son tennis d'attaque! Alors que Dennis brise pour mener 4-2, on le sait qu'on a un match, que Dennis la merveille a retrouvé ses jambes et ses accélérations. Il gagne la manche 6-3. Le voici pleinement impliqué dans le match.

Re-devenu leader, notre Canadien brise même en premier, mais se fait rattraper au 3e set. Le suspense se poursuit jusqu'à la fin de la manche. Patient, comprenant mieux les patrons de jeu du français, Denis Shapovalov s'applique avec le doigté d'un vétéran, la justesse d'un top-20 et l'appétit d'un grand champion.

Le voilà donc en demi-finale et grimpant les échelons à une vitesse vertigineuse. Au classement virtuel, notre Canadien est 67e au monde. Fou raide et ce n'est pas fini...

La pluie a permis à Denis Shapovalov de rayonner