Les joueurs furieux d'avoir dû jouer sous la pluie
Roland-Garros mercredi, 1 juin 2016. 12:55 samedi, 14 déc. 2024. 16:44PARIS, France - Forcés de jouer sous la pluie la veille, les joueurs n'ont pas pris de gants mercredi, après avoir terminé leurs matches grâce à une journée enfin sèche, pour dire leur incompréhension, voire leur colère, contre les organisateurs de Roland-Garros.
« Une escroquerie! », a lancé l'Espagnol David Ferrer. « Les joueurs sont ceux qui comptent le moins pour les organisateurs. Ils encaissent l'argent, ça paraîtra peut-être bien à certains, mais moi je crois que c'est une escroquerie », a dit cet ancien du circuit, à 34 ans, après sa défaite contre le Tchèque Tomas Berdych. Le match avait commencé la veille, mais les joueurs n'avaient pu disputer que trois jeux (2-1 pour Ferrer).
« Les conditions n'étaient pas convenables, surtout le court. Heureusement, personne ne s'est blessé. Je trouve incroyable que, dans un tournoi historique, on n'ait pas un ou deux courts couverts, avec ce qu'il tombe comme pluie à Paris. Cela me paraît ridicule », a pesté le Valencien.
Roland-Garros est en effet le seul « Majeur » à ne pas avoir encore de solution contre la pluie, alors que l'idée de couvrir le Central a germé il y a déjà quinze ans. Le projet, enlisé dans les recours judiciaires, ne devrait se concrétiser au mieux qu'en 2020.
Un autre Espagnol, Marcel Granollers, n'était pas content non plus.« Ils nous ont envoyés jouer sous la pluie qu'on soit d'accord ou pas. Finalement, je suis parti du club à neuf heures du soir alors que j'y étais depuis huit heures du matin. Ça fait long », a dit le Catalan, battu lui aussi en deux jours par l'Autrichien Dominic Thiem.
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Colère également chez le Belge David Goffin, qui a gagné mercredi contre le Letton Ernests Gulbis. « Hier, j'étais sûr qu'on n'allait pas jouer mais ils ont voulu qu'on essaie quand même. Je n'attendais qu'une chose, c'était qu'on rentre. Envoyer un match quand il pleut, c'est difficile. On avait du mal à se déplacer. On avait de la boue sous les chaussures. Ils nous ont forcés à jouer. On n'avait pas trop le choix », a-t-il dit.
Pour l'Espagnol Roberto Bautista, battu par Novak Djokovic en deux jours sur le Central, les choses sont claires. « Les conditions n'étaient pas bonnes pour jouer au tennis mardi mais je peux comprendre la position des organisateurs. Ils nous ont poussés à jouer pendant deux heures », a-t-il dit. Jusqu'à 1 h 59 min de jeu, les billets sont remboursés à 50%. Le match Djokovic-Bautista a été arrêté après 2 h 01 min.
Djokovic critique
Son adversaire serbe a été moins tranchant, mais il n'a quand même pas ménagé ses critiques. « Les conditions étaient limites toute la journée hier. Nous avons joué plus de deux sets sous le crachin. Il n'y a eu que cinq ou dix minutes sans pluie ».
« Peut-être que les arbitres et les responsables des terrains ne comprennent pas complètement, parce qu'ils ne jouent pas eux-mêmes, ce que nous vivons et pourquoi c'est dangereux », a-t-il estimé, réclamant la couverture du Central.
« Il est parfois amusant, et en même temps inacceptable, de voir un arbitre élégamment chaussé passer le pied sur la ligne pour vérifier si ça glisse ou pas, alors que de toute façon ça glissera toujours avec ce genre de chaussure. Il faudrait au moins qu'il porte des chaussures de tennis », a-t-il dit.
Djokovic a déclaré qu'il lui était souvent arrivé, hors de Roland-Garros, de devoir jouer sur des terrains « pas assez bons » au risque de « se tordre la cheville ». « La priorité devrait toujours être la santé des joueurs », a-t-il dit, tout en ajoutant qu'il fallait « faire avec ».
Mardi, Agnieszka Radwanska et Simona Halep, engagées dans les deux seuls matches terminés ce jour-là, s'étaient déjà amèrement plaintes d'avoir dû jouer malgré les intempéries.
« Je suis surprise et en colère. Ce n'est pas un tournoi à 10.000 (dollars de prix, ndlr), c'est un Grand Chelem. Comment peut-on nous faire jouer sous la pluie? », avait dit la Polonaise, éliminée par la Bulgare Tsvetana Pironkova.
« Le court n'était pas bon et les balles étaient gorgées d'eau. Je ne me sentais pas en sécurité sur le court. J'avais peur de me blesser », avait déclaré Halep, battue par l'Australienne Samantha Stosur.