Les Russes sont à l'honneur lors des quarts de finale de la Coupe Rogers qui s'amorcent vendredi.

Le tout a commencé avec la jeune Daria Kasatkina, qui a causé la surprise en battant Roberta Vinci hier. Puis sa compatriote Svetlana Kuznetsova a renchéri contre Petra Kvitova quelques instants avant qu'Anastasia Pavlyuchenkova ne fasse tomber la tête de série no 2 Agnieszka Radwanska.

Dans le cas de Kasatkina, 19 ans et 33e au monde, elle avait déjà étonné au tour précédant en se défaisant de la 13e favorite Samantha Stosur, une victoire qui l'a aidée pour l'étape suivante.

« Ça m'a donné beaucoup confiance car Sam est une joueuse très difficile à affronter. Elle possède un excellent service et un excellent coup droit slicé. J'ai dû jouer mon meilleur tennis pour gagner, surtout en deux sets. »

C'est son frère, qui pratiquait le tennis simplement par plaisir, qui l'a initiée au sport quand elle avait 6 ans.

« Il est allé voir mes parents et leur a dit que s'ils devaient m'inscrire à un sport, c'était au tennis, parce que c'est un sport complet », se rappelle celle qui est native de Togliatti tout comme l'ancien hockeyeur Alex Kovalev. Toutes les parties de votre corps sont sollicitées. C'est à ce moment que j'ai commencé à jouer. »

Kasatkina dit de la terre battue que c'est sa surface préférée, et elle il y a justement remporté Roland-Garros junior, mais cela ne l'empêche pas d'obtenir de bons résultats ailleurs, comme c'est le cas à Montréal cette semaine.

« Je pense que je vais devoir changer d'avis, plaisante-t-elle. J'ai joué sept mois sur terre battue l'an dernier, et j'ai eu de très bons résultats. Par la suite, j'ai commencé à jouer davantage sur surface rapide, et moins de tournois sur l'ocre. Je me suis plus adaptée sur dur. J'aime quand même encore jouer sur terre battue parce que j'aime ce style de jeu. C'est un peu plus lent et c'est plus stratégique. »

Son idole fait aussi de l'ocre sa surface de prédilection. Il s'agit de Rafael Nadal, de qui elle s'inspire sur le terrain.

« Je suis Nadal depuis que j'ai 8 ans, comme en 2005 à Roland-Garros quand il a remporté son premier tournoi du Grand Chelem. Je suis tombée en amour avec son style, sa personnalité, tout. Je l'aime comme joueur depuis ce temps. J'aime tout de lui : sa façon de jouer, sa façon de se comporter. Pour moi, il est un exemple parfait de ce que je veux être comme athlète. Quand je le regarde, il met beaucoup de lift et j'essaie de l'imiter. »

Sa dernière adversaire, Vinci, a aussi vanté le fait que Kasatkina se démarquait vraiment des autres joueuses.

« Je pense qu'elle a une bonne main, une bonne tactique. Son coup droit est haut, et elle a un bon revers. Elle sait bien kicker. Elle ne joue pas comme les autres; bang, bang. Elle est plus intelligente. Les échanges sont toujours longs. Elle a fait peu d'erreurs (jeudi). Elle est sans doute en confiance. Elle est jeune à 19 ans, elle a un bel avenir », prédit l'Italienne.

Et dans l'avenir justement, Kasatkina ne se projette pas trop loin. Ayant déjà nettement progressé au classement, la présente semaine lui donnera à nouveau un coup de main.

« Je n'ai pas d'objectif à ce niveau. On dirait que quand je pense à ça, je me mets à redescendre. C'est ce qui arrivait chez les juniors. J'améliore mon jeu et je ne m'attarde pas au classement. Si je joue bien, le reste va suivre. »

Le retour en force de Kuznetsova

Svetlana Kuneztsova est elle une vétérane du circuit à 31 ans. Elle a remporté un premier Grand Chelem à 19 ans en 2004 (Roland-Garros) puis un second en 2009 (2009). Top-10 pendant la majorité de cette période de temps, elle a perdu de sa splendeur dans les années qui ont suivi, reculant jusqu'au 72e rang en 2012.

Elle est aujourd'hui de retour parmi les meilleures au monde et joue son meilleur tennis depuis longtemps.

« À l'époque des Jeux de Londres (auxquels elle n'a pas participé), j'étais à un point dans ma carrière où j'étais complètement à terre, c'était vraiment difficile pour moi. Mais j'ai surmonté les épreuves. »

Svetlana Kuznetsova« Je pense que je suis dans ma meilleure forme physique en cinq ans. Je joue beaucoup mieux. J'ai attendu ce moment pendant tellement longtemps. J'ai travaillé fort pour en arriver là. J'apprécie le travail de mon équipe et le mien. »

Professionnelle depuis 2000, Kuznetsova est bien placée pour constater l'état du tennis russe, qui n'est peut-être pas aussi florissant qu'à une certaine époque, mais qui reste dominant.

« J'étais là quand nous étions quatre Russes dans le top-10 en route vers les Olympiques (à Athènes). Vera Zvonareva était 12e au monde et elle n'a même pas fait l'équipe. Aujourd'hui, il y a plusieurs jeunes qui s'imposent. Elles jouent bien, je suis vraiment contente de l'état du tennis chez nous. »

« Je m'entends bien avec les filles, mais je ne peux pas dire non plus que nous sommes très proches l'une de l'autre. Le tennis est un sport très individuel et on a tendance à s'occuper de nos propres affaires et à rester avec notre équipe. Par contre j'ai joué en double avec Anastasia, et maintenant je joue avec Daria. »

À mi-chemin dans la saison, elle entrevoit du positif grâce à ses performances actuelles.

« Je me sens bien, je suis en confiance. Ça va mieux au niveau de mes déplacements, du mental et de mon jeu. Je n'ai aucun point à défendre avant la Coupe du Kremlin, mais je n'aime pas penser ainsi, je pense à ce que je peux gagner. J'ai bien joué face aux joueuses de l'élite et c'est tout ce qui m'importe. J'anticipe de belles choses pour moi, plusieurs opportunités. »

Quant à Pavlyuchenkova, après six présences dans le tableau principal de la Coupe Rogers, elle en sera à un premier quart de finale, et à Montréal, elle a l'occasion d'exercer un peu son français, s'étant entraînée à l'Académie Mouratoglou avec des entraîneurs français. Son quart de finale à Wimbledon, perdu contre Serena Williams, a probablement donné un élan positif à la suite de sa campagne.

Pavlyuchenkova surprend Radwanska

« Je ne sais pas s’il y a un lien entre Wimbledon et ici, mais Wimbledon m’a donné confiance. Je me suis mise en "mode entraînement" après Wimbledon, j’ai travaillé dur pour ce tournoi. Je continue à me battre. Comme au premier tour où j’ai failli perdre. J’ai gagné après avoir eu une balle de match contre moi. J’ai continué sur ma lancée. »

« Présentement, c’est la période où j’ai ressenti le plus de motivation. Je joue depuis longtemps et j’ai eu des hauts et des bas, comme tout le monde, mais je ne m’étais pas sentie aussi motivée depuis longtemps. J’ai effectivement beaucoup travaillé (avec son entraîneur Dieter Kindlmann) et j’ai l’impression que tout se met en place en ce moment. Je suis contente de voir que ce travail paie sur le court. Je suis aussi plus forte mentalement. »

Elle ajoute elle aussi que la représentation russe à ce stade du tournoi montréalais est motivante.

« Le tennis russe est très fort. Nous avons eu de nombreux champions qui ont gagné des Grands Chelems. Nous avons toujours eu beaucoup de bons joueurs. C’est bien de voir Daria qui est encore jeune et qui grimpe. Elle a eu une bonne année jusqu’à présent et elle fera ses débuts aux Jeux olympiques. »

Les Russes bel et bien aux JO

Il a par ailleurs été confirmé il y a quelques jours que la sélection russe de tennis pourra participer aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro cet été tandis qu'un scandale de dopage ayant été révélé au grand jour a forcé l'exclusion de certaines fédérations et de certains individus. Un scandale de dopage dans lequel est d'ailleurs impliquée Maria Sharapova, déclarée positive au meldonium en janvier.

« Notre pays a été grandement affecté par cela, explique Kuznetsova. Tout le monde était très préoccupé. Je crois que les médias ont rendu cela plus gros que ça ne l'était. Tout le monde était très confiant que nous puissions aller aux Olympiques, puis soudainement, le matin du jour décisif, c'était le chaos. Tout le monde avait peur. J'essayais de m'en détacher, car ça ne dépendait pas de moi. Il y a bien des décideurs au-dessus de moi, je ne peux rien y faire. Je ne suis responsable que de ma propre personne. Je sais que notre sport est propre. Je me suis dit, si on y va, génial, sinon, c'est la vie. Pour nous, la décision n'était pas aussi déterminante que pour d'autres sports où les athlètes attendent cela toute leur vie et dont c'est le but suprême. C'est génial d'y aller, mais ma vie n'en dépendait pas. »

« Je ne lis presque pas les journaux, d'ajouter Kasatikina. Je sais seulement que l'équipe de tennis sera aux Olympiques, alors tout va bien. Je ne veux pas ajouter de pression parce que nous avons beaucoup de problèmes de dopage. Je me concentre juste sur le tennis. C’est dommage que d’autres athlètes, par exemple, n’aient pas cette opportunité. Mais j’essaie de me concentrer sur moi-même et sur le tennis. Je rêvais d'aller aux JO et de représenter mon pays, je suis donc contente d'avoir cette opportunité de jouer pour mon pays. »