MONTRÉAL - La dernière fois que les joueuses de la WTA s’étaient arrêtées à Montréal en 2012, Eugenie Bouchard représentait davantage une curiosité plus qu’autre chose.

L’athlète de Westmount pointait au 237e rang du classement mondial et surfait sur une belle série de trois sacres sur le circuit de la ITF. Profitant d’un laissez-passer, elle avait battu Shahar Peer au premier tour avant d’être éliminée par Li Na en deux manches identiques de 6-4.

Deux ans plus tard, Bouchard est septième au monde et s’amène à la Coupe Rogers au même titre que les vedettes établies comme Serena Williams et Maria Sharapova. Même son armée de fidèles Australiens est en ville pour la voir à l’œuvre. Mais avec le statut, viennent les attentes.

« C’est ce qui arrive quand une joueuse a de bons résultats », a analysé Bouchard pendant une rencontre particulièrement courue avec les journalistes dimanche après-midi. « Je joue très bien depuis le début de l’année, alors j’imagine que les partisans sont juste contents de me voir. »

« La pression sera complètement différente par rapport à la dernière, mais une chose ne changera pas : je vais essayer de tout donner pour gagner parce que je ne joue pas ici souvent. »

Comme elle l’a prouvé trois fois plutôt qu’une cette saison, la Québécoise semble être à son sommet plus l’enjeu s’avère important. Elle a en effet atteint les demi-finales des trois premiers tournois du Grand Chelem, participant même à la finale de Wimbledon il y a environ un mois.

« J’étais déçue de perdre en finale, car je m’attendais à vraiment plus », a avoué Bouchard. « Mais quelques jours après, j’étais finalement très fière d’être passée si près d’accomplir mon rêve de gagner un Grand Chelem. Maintenant, mon objectif est de terminer l’année en force. »

« Je n’ai pas joué de match depuis Wimbledon, alors je ne serai pas trop sévère envers moi-même. J’avais besoin de temps pour soigner quelques blessures et tout va bien maintenant. »

La Coupe Rogers n’a évidemment pas l’envergure de la quinzaine londonienne, sauf qu’elle pourra néanmoins donner l’occasion à Bouchard de valider plusieurs choses à la suite de sa défaite devant Petra Kvitova sur le gazon anglais. L’état de son genou droit, mais surtout sa capacité à rivaliser avec les meilleures. Hypothétiquement, elle pourrait retrouver Caroline Wozniacki dès le troisième tour et la numéro un mondiale Serena Williams en quart de finale.

« J’ai appris à mieux gérer les grands moments », a expliqué Bouchard. « La prochaine fois, je vais essayer de prendre mon temps, de m’imposer et de rester plus calme sur le terrain. Mais il ne faut pas non plus trop y penser, parce que mon adversaire a contrôlé tous les points et ne m’a pas vraiment donné de chance de gagner. Absolument tout le crédit lui revient. »

« J'essaie de devenir un exemple »

« Et je préfère ne pas trop penser à qui je pourrais affronter. Je ne sais même pas contre qui je jouerai mardi soir, j’affronterai la gagnante d’un match. Je suis contente de profiter d’un bye! »

« Je n’analyse pas le tableau du tout, je sais que j’ai seulement un match mardi contre la gagnante d’un match, alors je ne sais même pas contre qui je joue encore. Je ne m’occupe pas de ça. »

Ultimement, le plus grand défi de Bouchard cette semaine et au cours des années à venir ne sera pas nécessairement d’ordre sportif, étant donné qu’elle est maintenant sollicitée de toute part. Même boire une simple bouteille d’eau requiert une gymnastique impressionnante.

« Je réalise que je dois vraiment faire attention à ce que je fais de mon temps », a conclu Bouchard. « Le plus important, ce sont les entraînements sur le terrain et en gymnase parce que je suis d’abord et avant tout une joueuse de tennis. Il faut également savoir dire non parfois. »

Bon nombre de ses semblables ont flirté avec le succès sans jamais finir par y goûter. La Québécoise préfère ne pas trop y penser et s’inspire de la grande Billy Jean King qui disait que la pression était d’abord et avant tout un énorme privilège.