Commençons ce résumé sur nos Canadiennes en Coupe Fed en Suisse par cette nouvelle qui tombe avec l'effet d'une douche froide avant le début des hostilités vendredi matin. Pas de Bianca Andreescu, ça on l'avait deviné, mais pas d’Eugenie Bouchard non plus! La Québécoise s'est apparemment blessée au poignet gauche à l'entraînement. Oh là là! Cela veut dire que soudainement une adolescente de 17 ans, avec un seul match d'expérience en Coupe Fed, devient le pilier de l'équipe. Comme chape de plomb, avouez que c'est assez lourd à porter pour une joueuse qui commence à peine sa carrière chez les pros. Je veux bien croire que pour jouer les Olympiques il faut avoir son nom sur la liste en Coupe Fed, mais dans les faits, se présenter au combat avec deux soldats en uniforme sur une possibilité de cinq, c'est rarement suffisant.

Confrontée à la 68e mondiale Jill Teichmann, Leylah est tétanisée par l'enjeu au tout début alors qu'elle perd les 10 premiers points. Cependant, petit à petit, elle s'ajuste aux agressions de Teichmann en allongeant ses frappes, en appuyant et traversant la balle avec plus d’ardeur. Ce que j'admire chez Fernandez, c'est que peu importe le classement de l'adversaire, sa palette de coups et puissance, elle fait tout en son possible pour corriger le tir et surtout, rester positive tout en continuant d'y croire.

Plus le set avance, moins la Suissesse est pétaradante et plus Leylah est présente. Alors que Teichmann sert pour la manche à 5-4, notre Québécoise la garde sous une pression constante pour la briser à zéro! Elle prend même les devants pour la première fois du match à 6-5 avec une belle séquence de 8 points. Quand on arrive à enchainer les points en fin de set comme elle le fait si bien et que le momentum est de votre côté, normalement cela devrait vous porter jusqu'au gain du set. Leylah mène d'ailleurs 3-1 au bris d'égalité, mais perdra 7-4 en commettant quelques fautes et choix tactiques discutables tout simplement parce qu'elle manque d'expérience. Même chose en fin de 2e set qu'elle perd 6-4. Le match se joue à quelques petits riens. Donnez-lui plus d'expérience sur le circuit et cela fera toute la différence (que je me dis vendredi). Leylah peut tout de même être très fière de sa performance bien que compte tenu de la malchance qui s'abat sur le clan canadien, elle aurait sans doute tellement voulu donner le premier point au Canada...

Alors que notre pays tire de l'arrière 2-0 après la défaite logique de Gabriela Dabrowski (experte du double) devant la 5e mondiale Belinda Bencic, la Suisse n'a qu'à gagner un seul match sur les trois en ce samedi. Revoici donc notre championne de Roland Garros junior Leylah Fernandez qui s'offre une merveilleuse opportunité : celle de défier une joueuse du top-5 pour une toute première fois. Parler de David contre Goliath est un euphémisme... Mais comme tout grand moment commence dans la tête et l'attitude, j'ai quand même une belle curiosité pour voir où elle est en dans son jeu alors qu'elle n'a absolument rien à perdre. Sachant que face à Teichmann, Leylah a eu ses chances, mais n'a pas laissé aller son jeu dans les moments cruciaux, son début de match est extraordinairement impressionnant.

Leylah accélère sur tout ce qui bouge, à un point tel que Bencic n'arrive tout simplement pas à suivre la parade! Est-ce que la Suissesse a pris notre Québécoise à la légère et n'était pas prête à une telle justesse, hardiesse et aplomb? Ce n'est pas compliqué : Bencic est ensevelie par une vague déferlante de coups gagnants!!! Ce qui est fabuleux, au-delà du fait que Leylah transforme complètement son approche du jeu, c'est la manière avec laquelle elle croit, fin de 2e set, que ce match-là lui appartient! Y croire lorsqu'on a des références c'est déjà grand, mais lorsqu'on n’en a pas, c'est MAJESTUEUX. Preuve qu'elle possède l'étoffe d'une championne. Les moments importants au 2e set alors qu'un renversement de situation aurait pu être possible, sont légions. Certes, par moments le roseau plie, mais ne rompt point. « You go girl », ton avenir passe par l'attaque.

Autant cette fin de semaine peut être très profitable à Fernandez pour la suite de sa carrière, autant j'ai trouvé injuste que la plus merveilleuse joueuse de double dans l'histoire du pays, Dabrowski, soit forcée d'aller au combat en simple deux fois en deux jours parce que la capitaine Heidi El Tabakh a choisi de ne pas amener une 5e joueuse à Biel. D'un côté, je comprends, puisque Katherine Sebov n'est peut-être pas tout à fait prête, tandis que Rebecca Marino et Françoise Abanda sont toujours blessées. Je reconnais aussi que nous manquons de profondeur. D'un autre point de vue, faire jouer une joueuse de double qui n'est que 448e au monde en simple face à une des meilleures de la planète et puis pour sauver la patrie aujourd'hui contre une 68e, est-ce vraiment une solution viable? Gabriela réussit quelques beaux schémas d'attaque, mais rien pour embêter Bencic qui gagne le débat en moins d'une heure. Elle se bat aussi au meilleur de ses capacités aujourd'hui contre Teichmann, mais en vain. Au-delà de tout, elle est malheureuse comme les pierres sur le terrain de ne pas être à la hauteur. Dabrowski est la seule femme canadienne à avoir gagné des Grands Chelems en double. Ce n'est pas à elle de devoir potentiellement jouer trois matches en deux jours. Mon point de vue c'est surtout qu'elle devrait être célébrée et appuyée en jouant le double, le domaine dans lequel elle excelle et non d'être envoyée comme agneau en sacrifice à l'autel du simple parce qu'il manque une fille sur l'équipe.

Oyé, oyé mesdames et mesdemoiselles, repassez votre jupette pour les 17 et 18 avril prochains, alors le Canada disputera un match éliminatoire pour éviter d'être relégué dans les bas-fonds de la ligue. Ça prend une 5e joueuse sur l'équipe. La Coupe Davis, dans le format actuel ne se gagne pas à 2 joueurs et la Coupe Fed non plus...