PARIS - À part une blessure, il est difficile d'imaginer ce qui pourrait empêcher Rafael Nadal de décrocher un cinquième sacre de suite à Roland-Garros où les amateurs de suspense devront sans doute se rabattre sur le tournoi féminin pour frémir.

Invaincu en quatre participations, l'Espagnol est plus que jamais seul sur terre à l'heure d'aborder un tournoi où il attend encore d'être poussé dans un cinquième set.

Mariano Puerta a été le seul à s'en approcher en obtenant trois balles de cinquième manche lors de la première finale de Nadal à Paris, en 2005. Depuis, le Majorquin est allé crescendo pour battre Roger Federer de façon de plus en plus violente lors des trois dernières finales.

Le dernier épisode a même tourné à la démonstration (6-1, 6-3, 6-O). Or qu'est-ce qui a changé depuis? Nadal est devenu numéro un mondial et encore plus fort. Federer a régressé, malgré ses protestations. Et si la concurrence s'est peut-être étoffée, elle menace d'abord Federer, placé dans la même partie de tableau que Novak Djokovic.

Au vu des tournois de préparation, rien n'indique non plus que la trajectoire "nadalienne" puisse s'inverser cette année. Sans même forcer, le Majorquin a facilement remporté les tournois de Monte-Carlo, Barcelone et Rome avant de céder face à Federer en finale à Madrid.

Djokovic candidat

Ceux qui s'inquiètent d'un scénario cousu de fil blanc à Paris se sont précipités sur cet échec pour relancer le suspense en vue de Roland-Garros. Mais la méthode a un goût artificiel, puisqu'elle ne tient compte ni du contexte de cette défaite (altitude et fatigue ont défavorisé Nadal), ni du fait que Nadal a toujours été plus fort à Roland-Garros qu'ailleurs.

Les conditions de jeu et la surface lui conviennent à merveille. Le fait de disposer d'un jour de repos entre chacun de ses matchs le protège d'un enchaînement difficile. Surtout, il est à ce jour invincible sur terre battue en quarante-cinq rencontres au meilleur des cinq sets.

Si suspense il y a, c'est donc d'abord pour savoir si Federer parviendra à défendre son statut de dauphin. Sa victoire à Madrid est à cet égard précieuse puisqu'elle a permis au Suisse de se retrouver confiance après un début de saison sans le moindre trophée.

Mais, pour la première fois depuis quatre ans, il partage la position de rival avec quelqu'un, en l'occurence Novak Djokovic qui a failli lui aussi battre Nadal à Madrid (trois balles de match).

Safina bien placée

Leur affrontement en demi-finales promet, sous réserve qu'ils y parviennent, ce qui est envisageable vu que le tirage n'a pas été trop cruel, notamment pour Federer qui n'a aucun terrien de premier plan dans sa zone.

On ne voit pas bien qui pourrait concurrencer le trio. Andy Murray est numéro trois mondial mais a encore tout à prouver sur terre battue. Quant aux autres, l'Argentin Juan Martin Del Potro a résumé leurs espérances en se qualifiant lui-même de "meilleur des mauvais".

On ne retrouve pas de Nadal version féminine chez les dames où la retraite de Justine Henin a ouvert un champ de possibilités énorme. En remportant quatorze de ses quinze matchs depuis son accession à la place de numéro un mondiale, Dinara Safina paraît la mieux placée, pour un premier succès en Grand Chelem.

La Russe possède a priori un tableau plus facile que la numéro deux mondiale Serena Williams, l'une des deux anciennes championnes en lice avec la tenante du titre Ana Ivanovic, et qui n'a pas gagné un match sur la surface cette saison.

Au vu des difficultés des soeurs Williams et du duo serbe Ivanovic-Jankovic, il semble y avoir de la place pour quelques surprises à côté des valeurs sûres que sont Kuztnesova et Dementieva.

À Paris, on est surtout impatient de voir sous quel jour apparaîtra Amélie Mauresmo. À bientôt 30 ans, l'ancienne numéro un mondiale a retrouvé un excellent niveau de jeu et une sérénité qui pourraient lui permettre de chasser ses vieux démons dans un tournoi où elle n'a jamais dépassé les quarts de finale.