LONDRES - Rafael Nadal a échoué dimanche dans sa deuxième tentative pour détrôner le roi de Wimbledon, Roger Federer, mais l'Espagnol est cette fois passé tout près et a démontré, beaucoup plus qu'en 2006, qu'il avait les qualités pour finir par s'imposer sur le gazon londonien.

"J'ai fait jeu égal avec l'un des meilleurs de l'histoire (...) Je ne peux pas me comparer avec lui. je n'ai que trois titres en Grand Chelem. Mais je suis jeune, je vais continuer à essayer de m'améliorer", a commenté Nadal "incomparablement plus déçu" qu'il y a un an.

Malgré le gain du second set au bris, le N.2 mondial, alors âgé de 20 ans, n'avait jamais semblé en mesure de l'emporter. Cette fois, il a offert la finale la plus indécise depuis la victoire de Goran Ivanisevic sur Patrick Rafter en 2001.

Le Majorquin avait pourtant été bien moins aidé aussi bien par le tirage que par les circonstances pendant ses deux semaines londoniennes, la pluie le forçant à jouer tous les jours de la deuxième semaine.

En 2006, beaucoup pensaient qu'il ne devait sa place en finale qu'à un tableau favorable. Nadal n'avait affronté aucun joueur du Top 15 avant la finale.

Cette fois, le sort ne peut être invoqué. Il a été poussé dans des matches en cinq sets contre Robin Soderling et Mikhaïl Youzhny, avant de se défaire comme à la parade du Tchèque Tomas Berdych, redoutable sur herbe, "outsider" possible pour la victoire finale.


L'hommage de Federer

Depuis le début de son règne, jamais Federer n'avait eu à disputer un match aussi serré, jamais il n'avait été poussé en cinq sets. Les seuls à lui avoir infligé sur gazon un camouflet aussi sévère que le 6-2 de la quatrième manche avaient été Byron Black et Michael Chang en 1999 et 2000 quand Federer n'était pas encore Federer.
"Je suis content d'avoir gagné celui là avant qu'il ne prenne tout", a déclaré le Suisse.

Un hommage qui n'est pas une simple politesse. Nadal peut s'en vouloir d'avoir laissé passer les occasions, s'inclinant au bris d'égalité dans la troisième manche alors qu'il l'avait dominée, gâchant dans la dernière quatre balles de bris, dont un coup droit à sa portée.
Avant son écroulement final, Nadal n'avait laissé que trois occasions de prendre son service à son adversaire, dont deux avaient été annulées. Sur la mise en jeu de son adversaire, il s'est procuré onze balles de bris, contre seulement quatre l'an passé.


Faiblesse au service

Souvent dominateur dans l'échange, réussissant des coups aussi somptueux que son adversaire, Nadal n'a plus grand chose à améliorer pour voir sa quête récompensée ailleurs que sur la terre battue de Roland-Garros.

Il lui faudra faire un effort au service, arme fatale sur gazon. Avec seulement un ace, statistique très insuffisante, et 33 services gagnants, l'Espagnol avait un handicap énorme de 48 points sur le Suisse (24 aces, 58 services gagnants).

Même s'il a accompli d'énormes progrès, Nadal devra donner plus de tranchant à sa volée. Dimanche, à des moments cruciaux, il a remis Federer dans des échanges qu'il n'aurait jamais dû laisser échapper.

Le triple vainqueur de Roland-Garros a définitivement montré qu'il n'était pas uniquement un géant de la terre battue. Personne ne peut plus exclure voir son talent fleurir sur d'autres terrains.

Federer pourrait bien avoir à se préparer à des rendez-vous avec son dauphin ailleurs qu'à Paris et Londres, et à devoir défendre ses autres chasses gardées. S'il n'est jamais allé au-delà des quarts à New York (2006) et Melbourne (2007), Nadal dispose des atouts pour contester la suprématie du Suisse à l'US Open et l'Open d'Australie.