Comme finale à Cincinnati difficile de demander mieux alors que le suisse Roger Federer, sept fois titré dans l'Ohio, affronte le champion 2018 de Wimbledon Novak Djokovic pour une 46e fois. L'enjeu est intéressant pour les deux joueurs puisque pour Federer il s'agirait d'un 99e titre en carrière et pour Novak il deviendrait le seul à avoir remporté tous les Masters 1000 de la planète, catégorie de tournoi instauré depuis 1990.

Ce qui était évident à Toronto, c'est que Novak n'était pas nécessairement prêt à se battre dans la moiteur de l'Amérique. Les vacances prises en famille à Marbella avaient été bénéfiques, mais un peu plus longues que d'habitude et c'est compréhensible. La victoire au All England était tellement inattendue qu'il fallait prendre le temps de célébrer ce grand retour à l'excellence. Il s'incline d'ailleurs au 3e tour devant le jeune Stefanos Tsitsipas.

Débarqué dans l'Ohio un peu plus prêt physiquement et donc plus apte à mieux se battre, il se farcit quatre matchs sur cinq en trois manches. Et en plus, des rencontres compliquées, souvent mal embarquées. Mais à chaque fois l'ancien bourreau du circuit s'accroche, parfois avec dignité, mais aussi avec hargne et colère...

Peu importe, Djokovic se bat tel un combattant fier de ses cicatrices et le prouve face à Mannarino, Dimitrov et aussi Raonic. Contre notre Canadien particulièrement il tire de l'arrière par un bris dans chacun des sets mais parvient quand même à s'extirper du guet-apens avec doigté et brio.

Pour sa part Roger Federer tient dans chacun de ses matchs parce qu'il sert super bien. Sinon beaucoup d'erreurs en échanges et en retours sans doute parce qu'il s'agit d'un retour au jeu après Wimbledon et aussi parce que la surface est rapide. Il s'en sort d'ailleurs difficilement face à Stan Wawrinka qui domine pendant un set et trois quarts.

Dès le début du match, Djokovic met une pression immense sur le Suisse. Novak est calme et concentré en plus de dégager une belle énergie, tel un combattant qui n'a pas peur d'aller au front, armé d'une attitude de « never say die ». Avant cette finale Federer n'a pas perdu son service, mais à la 7e partie il s'égare en commettant trop de fautes. Donnons cependant le crédit à Nole qui vole sur le terrain pour remettre toutes les balles en jeu. Le premier set lui appartient logiquement 6-4.

Au set suivant, Federer redouble d'ardeur et essaie par tous les moyens de passer à l'attaque pour déstabiliser le serbe. Finalement le suisse retourne assez bien pour s'offrir balle de bris et mener 2-0. Alors que je pense que cela le relancera, il commet d'autres bévues pour être brisé tout de suite après. Misère...

Novak est régulier en fond de terrain, épatant en parades et sert assez précisément pour filer tout droit vers le titre. Autant il mérite pleinement la victoire autant on se demande toujours pourquoi Federer faisait tellement de fautes en retour de deuxièmes balles. Au total le Suisse commettra 39 fautes en une heure et 24 minutes de jeu. C'est beaucoup trop face à un adversaire de si haut niveau.

Si Roger avait commenté sa victoire face à Stan Wawrinka en disant qu'il se sentait bizarre devant son manque de succès, je ne crois pas qu'il sera très heureux de cette ronde ultime. J'espère qu'il saura poser son jeu avant le début du US Open qui commence dans huit jours. Pour l'instant Rafael Nadal et Novak Djokovic se pointent comme les favoris. Connaissant l'orgueil du champion, parions qu'il utilisera cette défaite comme élément de motivation pour retrouver l'excellence à New York...