Novak Djokovic ne connait pas une semaine de rêve à Rome, mais il va tout de même chercher une couronne Masters 1000 pour une 36e fois en carrière, devenant le plus titré dans cette catégorie de tournois. Il  dépasse ainsi Rafael Nadal.

 

Aujourd'hui en ronde ultime, le guerrier Diego Schwartzman se dresse sur son passage et je me demande bien s'il aura l'énergie que cela prend pour remporter le titre. Peu importe si Novak est à son meilleur ou pas, on sait bien de quoi le Serbe se nourrit. En plus lors des rencontres importantes, comme une finale, c'est bien rare que Nolé perd devant un joueur qui est certes valeureux, mais qui manque d'expérience du plus haut niveau.

 

Dès le début, c'est clair que Djokovic s'imagine bien dans quel état physique Diego se retrouve, lui qui passe 9 heures 45 minutes sur le terrain en 4 matchs. Ouf! D'ailleurs le Serbe utilise beaucoup plus l'amortie qu'à l'habitude sans trop de succès au début, mais l'idée fait son chemin quand même. Pour sa part, Diego est fatigué et achète du temps en se tenant encore plus loin derrière la ligne de fond donc l'idée de le promener gauche/droite et vers l'avant aussi s'avère payante. 

 

Peu importe que Novak soit maussade en début de rencontre et qu'il tire de l'arrière par deux bris pour 3-0. Dès que la pluie cesse, il s'ajuste habilement pour gagner la manche 7-5 et ce, malgré 18 fautes directes! Même scénario où presque en début de 2e manche excepté que Novak limite les fautes et nous étale tout son savoir-faire en fond de terrain pour finalement exposer le manque de lucidité de Diego. 

 

L'Argentin connait tout de même un regain d'énergie, mais peine perdu, car Djokovic est ajusté comme une montre suisse et ses déplacements si formidables font de lui le leader dans les échanges. 7-5 et 6-3  et voilà le match bien ficelé en 1 heure 53. Novak décroche un 81e titre en carrière à 4 de Nadal qui manque de repères à 6 jours du début des hostilités à la Porte D'Auteuil...

 

Le grand progrès de Shapo

 

Un mot (ou deux) maintenant sur les immenses progrès réalisés sur terre battue par Denis Shapovalov. D'abord le jeu de jambes, car tout ou presque dépend de cela. Si tu n'es pas parfaitement positionné derrière la balle avec des appuis solides, c'est impossible d'être régulier  tout en étant puissant. Puis, il y a la qualité de la glisse qu'il faut savoir maitriser et qui est un art sur terre. Pour cette semaine au Foro Italico de Rome, c'est évident qu'en raison de la COVID-19, les terrains n'ont pas reçu tous les soins nécessaires pendant les longs mois d'arrêt. Des faux bonds, en veux-tu, en v'là!

 

À certains endroits, il y avait des galons inégaux, des amas de terre, de p'tits trous donc cela prend une tonne de talent, une foi inébranlable et un moral de fer pour exceller à ce si haut niveau en raison de tous ces inconvénients. La bonne nouvelle : Denis possède tous ces trésors en lui.  

 

Shapo m'impressionne lors de ses deux premiers matchs avec cette facilité toute naturelle pour dominer deux terriens : l'Argentin Guido Pella et l'Espagnol Pedro Martinez. Pella manque de matchs alors que Denis expose les limites de Martinez, côté puissance. Puis, Denis est tendu comme une arbalette face à Ugo Humbert, qui est de la même génération que lui et qui s'améliore au fil de l'expérience glanée sur le grand circuit. Notre Canadien est frustré pendant toute la manche initiale qu'il perd au bris d'égalité, mais change d'attitude complètement dès le début du set suivant. Tout se place rapidement et finalement Shapo offre des schémas fusants qui démontrent sa supériorité.

 

Après avoir disposé de Grigor Dimitrov en 3 sets, le coriace Diego Schwartzman qui vient de sortir Rafael Nadal à la suite d'une performance époustouffante, l'attend de pied ferme. Quel match ce fut! Le plus long de la semaine, soit 3 heures 15 minutes!

 

L'Argentin est un des meilleurs sur terre et semble infatiguable. Denis peut être tellement fier de sa performance malgré la défaite parce qu'il s'accroche comme un mort de faim jusqu'à la fin. Il mène trois fois par un bris de service au 3e. Il sert d'ailleurs pour le match à 5-4, mais il lui manque juste un tout petit peu de confiance pour goûter à la victoire. En peu de temps et avec si peu d'expérience sur terre battue, Denis fait déjà partie des meilleurs. Comme cela augure bien pur la suite de sa carrière!

 

Denis travaille comme un forcené et prouve qu'il s'est tellement amélioré physiquement en plus de mieux comprendre les patrons de jeu à utiliser sur cette surface. Ça se voit que le travail auprès de Mikhail Youzhny porte ses fruits alors que Denis est plus patient avant d'accélérer pour le coup gagnant. Il est d'ailleurs celui qui a le mieux réussi cette folle transition du US Open à la terre de Rome.

 

Avec sa belle prestation et la défaite de Schwartzman en finale contre Djokovic, Shapovalov se hisse dans le top-10 du classement ATP.

 

J'ai déjà hâte à Roland Garros pour voir nos Canadiens à l'oeuvre. Je suis certaine que Shapo, Félix, Milos, Vasek ainsi que Leylah et Eugenie nous réserveront des performances hors de l'ordinaire. Malheureusement Bianca sera à nouveau absente.

 

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