Oh... Comme je trépignais d'impatience pour cette finale chez les hommes aux Internationaux d'Australie entre Novak Djokovic et Rafael Nadal puisqu'après tout, les deux cadors avaient disposé avec panache de tous ceux qui avaient osé se présenter sur leur passage. Surtout Nadal qui  a été peu testé durant la quinzaine.

D'ailleurs, c'est avec beaucoup de facilité que l'Espagnol a imposé son tennis d'attaque lors des six matches qui ont précédé la ronde ultime.

Dans le fond, c'est peut-être cela qui a faussé la donne pour le match d'aujourd'hui et qui a causé une sorte de désillusion puisque devant une opposition moindre (James Duckworth et Matthew Ebden), des jeunes bourrés de talent, mais très essoufflés (Alex De Minaur, Frances Tiafoe et Stefanos Tsitsipas) et le vieux de la vieille garde (Tomas Berdych), soyons honnêtes, Nadal a navigué dans sa portion de tableau avec excellence et facilité. Et surtout, il a été presque toujours en contrôle du style de jeu qu'il désire imprégner à chaque rencontre. L'Espagnol accumule les succès en imposant son tout nouveau tennis offensif.  

Rafa a beaucoup travaillé sur son service à l'intersaison, bien conscient qu'il doit trouver, par tous les moyens, des solutions pour raccourcir ses matchs. Après toutes les blessures qui l’ont retardé et surtout accablé, l'Espagnol a choisi d'écourter le plus possible les points, et ce, surtout sur surfaces dures, ce qui est tout à fait logique. Il a ouvert les valves au service, dans l'échange, en utilisant beaucoup plus rapidement son coup droit massue. Force est d'admettre que la stratégie a fonctionné et qu’elle lui offre beaucoup plus de relief et de panache.

Novak pour sa part, a perdu sa concentration au cours de la première semaine en laissant filer une manche face à Denis Shapovalov alors qu'il avait le plein contrôle de la situation. Il s’est ensuite éternisé (courageusement tout de même) devant Daniil Medvedev dans une rencontre accrochée au possible qui aurait pu mal tourner pour lui. Après cela, cependant, Kei Nishikori et Lucas Pouille se sont battus entre eux pour le rôle du fantôme de l'opéra. Le mot clé ici est fantôme qui se définit comme n'ayant que l'apparence d'une personne, d'un adversaire qui se veut absent ou inexistant. Bref, tout ceci pour en arriver à la conclusion que le Serbe était très bien reposé pour la finale.

Dès les premiers instants de cette ronde ultime, je vois bien que Djokovic frappe la balle avec intensité et bravoure tandis que Rafa est lent et bien à la peine dans le second rôle. Rapidement dans chacun des trois sets, le Serbe va chercher le bris avec facilité pour se donner des avances que l'Espagnol n'a pas les moyens de combler. 

Nadal a beau être fier comme Artaban, le bon vouloir a ses limites. Je le sens tellement limité et en manque de jambes. La première explosion a tellement d'importance à ce très haut niveau de compétition et, malheureusement, Rafa ne peut pas jouer le rôle du joueur défensif parce qu'il n'est pas suffisamment tonique. Le pauvre n'a pas été en mesure de s'entraîner dans cette phase de jeu en raison de toutes les blessures subies lors des derniers mois.

Donnons cependant le crédit à Djokovic qui semble toujours avoir les épaules un peu plus larges lors des moments chauds, alors que Nadal essaie de se faire une toute petite place au coeur de la bataille. Rien à faire pour l'Espagnol qui nous cache sans doute une blessure à la cuisse, cette même blessure qui l'a empêché de jouer en début d'année. Sinon comment expliquer toute la difficulté expérimentée par l'Espagnol pour se rendre à temps à la balle?

Au cours de la rencontre, Nadal sera décevant trop de fois. Il ne s'offrira qu'une minuscule balle de bris tandis que le Serbe aux dents longues s'amusera à le torturer en lui arrachant son précieux sésame 5 fois sur 8 balles de bris. L'empereur incontesté du match s'ouvre la voie ver un 7e titre en Australie, un 15e Grand Chelem en carrière en dominant presque totalement son sujet. 

J'ai hâte de voir si Nolé gardera la dent creuse pendant toute la saison. Avec un talent pareil, LE Grand Chelem, soit les quatre Grands Chelems dans la même année, est à sa portée. Reste à voir s'il saura rester garder le cap...

En chiffres : le retour de Novak Djokovic