Roger Federer nous avouait au cours de la semaine à Halle qu'il était toujours en période de rodage. Après avoir perdu un match qu'il n'aurait jamais dû perdre à Stuttgart face à son bon ami Tommy Haas, il s'agissait de placer les choses dans leur juste perspective. Tout à fait normal qu'il désire s'enlever un peu de pression, car après tout il n'avait pas joué de match depuis le 2 avril!

Si je me fie aux définitions du dictionnaire, rodage veut dire: action de mettre progressivement quelque chose en état de fonctionner. Ah...tiens donc, mission accomplie, car la machine fait d'abord ronronner le moteur avant de grimper en intensité. À chaque étape, les pièces s'ajoutent en unisson, sans surcharge, comme tout bolide bâti pour tenir la route en toute solidité.

Rodage veut aussi dire: opération ayant pour but d'obtenir un produit poli, à la portée aussi parfaite que possible. Encore une fois bravo au Suisse qui frôle la perfection aujourd'hui en finale. Federer commence son match en lion, de façon très offensive avec en plus des sensations formidables. Avec 2 bris rapides, il déstabilise complètement Alexander Zverev qui peine à s'organiser. Roger fait donc le boulot d'entrée pour mettre son adversaire la tête dans le sceau. Tout y est: justesse technique, tactique et physique.

Comme d'habitude, j'ai beaucoup aimé les attaques de Federer et sa grande justesse à la volée, le tout alimenté par un service d'une fine précision. Mais ce qui m'a plu davantage, c'est qu'il ne s'entête pas à jouer en fond de terrain face au jeune qui excelle dans cet aspect du jeu. C'est bien ce qui s’était passé l'an dernier à ce même tournoi alors que Zverez avait fini par vaincre le Suisse tout en l'épuisant. Non! Cette année Federer alterne balles profondes et jeu court ce qui lui permet de récolter plusieurs points d'importance tout en démontrant son savoir-faire pour réaliser des amorties, plus splendides les unes que les autres. En premier lieu il s'économise au cas ou le match devient plus difficile et aussi, il gagne en confiance tout en peaufinant un élément de plus dans son jeu.

Le 2e set est un peu plus intéressant parce que Zverev sert mieux, mais dès que Federer utilise sa science du jeu pour lui compliquer la vie à la 6e partie, on sent bien que la fin approche. Le Suisse est largement supérieur dans tous les aspects du jeu. D'un côté, je suis tellement impressionnée par la montée en force de Roger au cours de la semaine et d'un autre je suis triste pour Sacha qui est passé à côté de sa finale. Cela prouve bien que jouer en simple et en double dans un même tournoi d'une durée d'une semaine, c'est un sacré contrat.

Wimbledon commence dans une semaine. Roger Federer saura-t-il hypnotiser ses adversaires comme un fakir charme les serpents? Avec ce que l'on vient de voir cette semaine, parions que oui.