Je suis très contente d’être de retour!

À New Haven, ce fut toute une bataille contre la 26e mondiale Ekaterina Makarova à mon premier match disputé depuis ma blessure, et ça ne s’est joué que par deux petits points au bris d’égalité du troisième set. J’aurais aimé gagner ce duel serré, mais ce qui est important, c’est que la glace est brisée et que malgré plus de deux heures de jeu, mon épaule a bien répondu et tout s’est passé à merveille. Mon épaule va bien, mon corps aussi, et je dois maintenant poursuivre ma préparation en vue des Internationaux des États-Unis qui commencent le 26 août.

Je n’ai pas détecté d'aspect déficient en particulier dans mon jeu, je pense simplement que je dois retrouver mes repères. Après tout, il s’agissait d’un premier vrai match en compétition depuis mars. Auparavant, j’avais rangé ma raquette pendant six mois. C’est beaucoup, je n’avais jamais vécu ça de ma carrière. Sur le terrain, je me sentais bien mentalement et physiquement, et ce, malgré l’humidité. Je dois retrouver le rythme, mais ce n’est qu’une question de temps. Ma dernière performance est encourageante et je reste positive. En plus, j’affrontais toute une adversaire en Makarova. Contre cette gauchère, il me fallait bien anticiper les balles et bien lire son service. Le niveau a été très relevé et c’était un défi considérable pour renouer avec l’action. Je ne l’aurai pas facile pour la suite des choses non plus étant donné que j’ai beaucoup glissé au classement, soit au 257e rang mondial, mais je pourrai heureusement profiter de mon classement protégé (41e) pour sept autres tournois et ça va m’aider.

Somme toute, je suis super contente et je veux continuer à progresser dans les prochains mois. Je n’ai toutefois pas d’objectifs concrets à court ou moyen terme. Pour être honnête, je ne pense même pas à mon classement présentement. Pour une joueuse de tennis, revenir d’une blessure pour ensuite avoir à gravir tous ces échelons, c’est le plus gros défi. Je dois retrouver la santé et travailler doublement plus fort pour revenir au sommet de la compétition. C’est comme si je devais réaliser deux retours en un. Je me concentre plutôt sur l’importance de retrouver mon jeu et il suffit pour cela d’accumuler des matchs et de faire du mieux que je peux.

La magie du US Open

Chaque tournoi du Grand Chelem comporte une saveur particulière. Sous la chaleur intense de l’Australie, tout le monde est en forme et prêt pour la nouvelle saison qui commence. Roland-Garros est un tournoi très spécial que j’adore notamment parce que la terre battue est ma surface de jeu préférée. À Wimbledon, c’est encore plus demandant physiquement à cause du gazon. Finalement, au US Open, il y a encore plus d’énergie et l’atmosphère est unique. Il y a beaucoup de monde, et comme c’est le dernier Grand Chelem de la saison, tout le monde veut se pousser à fond afin de se rendre loin. La compétition sera assurément encore très forte cette année.

Eugenie Bouchard en sera d’ailleurs à sa première participation à cet évènement et elle sera bien épaulée pour l’occasion. Elle a connu de très bonnes performances depuis le début de l’année et elle est sur la bonne voie. Ses entraîneurs font du bon boulot dans son cas et elle aussi travaille fort sur le terrain. Il ne reste plus qu’à poursuivre sa belle progression. On se côtoie pas mal sur le circuit et il y a une belle atmosphère générale qui règne entre les Canadiens. C’est définitivement encourageant de voir nos nombreux compatriotes sur le circuit professionnel puisque nous sommes très solidaires les uns envers les autres et ça va être plaisant de profiter de leur compagnie à Flushing Meadows. Nous sommes tous très enthousiastes, particulièrement devant les succès qui se bousculent, particulièrement dans le cas de Milos Raonic qui est en quelque sorte un leader au pays.

Dans le tableau masculin, j’ai l’impression que Rafael Nadal sera l’homme à battre. Il est sur une lancée incroyable et semble invincible. Maintenant qu’il est enfin en santé, ça fait une grande différence dans son jeu et il est à son meilleur. J’espère pour lui qu’il connaîtra un autre beau tournoi et qu’il arrachera la victoire au US Open. Le succès lui colle à la peau cette année. Il y avait certaines inquiétudes par rapport à ses genoux car on craignait qu’ils ne puissent résister lorsque la saison sur dur a commencé, mais il a écarté tous les doutes en gagnant la Coupe Rogers de Montréal, puis un autre Masters 1000, celui de Cincinnati. Il semble en grande forme, ses genoux ne sont visiblement plus un problème et c’est une bonne nouvelle.

Une nouvelle choc

Ma réaction en apprenant que Marion Bartoli prenait sa retraite est similaire à celle de toutes les autres joueuses. J’étais surprise parce qu’elle venait de remporter son premier Grand Chelem, Wimbledon, et elle n’a que 28 ans. Je pensais qu’il lui restait encore du tennis dans le corps. C’était peut-être plus facile de prendre cette décision aujourd’hui parce qu’elle a enfin réalisé son rêve de gagner un tournoi majeur, et elle peut donc maintenant passer à autre chose et commencer un nouveau chapitre de sa vie. Je crois qu’elle aurait pu continuer et offrir d’autres belles performances, mais si elle a décidé d’arrêter, tout ce qu’on peut faire, c’est lui souhaiter le meilleur. Je suis certaine qu’elle continuera à s’impliquer dans le milieu et elle s’improvisera d’ailleurs commentatrice avec le réseau français Eurosport pendant la durée du US Open. Nous n’avons donc pas fini de la voir.

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*Propos recueillis par Audrey Roy