Je dois vous avouez que lorsqu‘un Canadien est à l‘oeuvre sur le grand circuit, que je sois “fan” de la personne ou pas, admirative du style de jeu ou pas, de l‘attitude ou pas, veux, veux-pas, je rentre intensément dans le match et je pousse dans la même direction qu‘eux. Cela ne m‘empêche pas d‘admirer le talent de l‘adversaire et de décortiquer le jeu, mais quand on sait jusqu‘à quel point c‘est difficile de percer sur le grand circuit lorsqu‘on est Canadien, je vous l‘avoue, je suis admirative.

Lors de son premier match, Milos a joué un fort match devant Jérémy Chardy remporté 6–3, 6–3. Parfait au service au 1er set, Milos est très entreprenant au fond de terrain en menant le jeu avec son coup droit, le tout dans une cadence follement élevée. Raonic s‘est un petit peu compliqué la vie tout seul au service en 2e manche mais comme il respire la confiance et que Chardy vit une mauvaise passe, la bataille demeure inégale, tout en faveur du Canadien. Les stats sont éloquentes : 30 coups gagnants, 16 fautes et 3 en 5 en balles de bris. Le match est plié promptement ce qui est bon pour la confiance et la suite des choses.

Ronde des 16, prochain adversaire : Kei Nishikori, champion de Barcelone et étoile montante sur le circuit. Le Japonais, qui a gagné le tirage au sort, choisit de retourner. A-t-il vu Milos chez le soigneur avant le match à se faire traiter l‘épaule ou espère-t-il que la nervosité de début de match va faire en sorte que notre Canadien sera un peu plus généreux qu‘à l‘habitude? Je soupçonne les deux! Très rapidement on réalise que Milos n‘est pas bien. Arrêt médical après la première partie, qu‘il gagnera, Dieu merci. On lui fait un massage, le médecin lui donne des comprimés anti-douleurs, il repart au combat mais est incapable de faire parler sa puissance au service, c‘est périlleux. Surtout contre Nishikori qui possède un tel don pour ce qui est de la coordination oeil-main. À 2–2, il se procure 5 balles de bris mais Milos tient vaillamment le coup. Comme cela arrive souvent la partie d‘après, c‘est Raonic qui se procure 5 balles de bris mais il réussira à ravir le service de l‘autre qui est visiblement ébranlé.

Raonic renverse un set fichument mal embarqué pour servir à 5–3. Et là, alors que l‘on pense que l‘orage est passé, il devient brouillon comme un p‘tit jeune : 2 double fautes, volée toute faite ratée et rajoutez un merveilleux passing en croisé du revers de Nishikori et notre Canadien passe à côté du mandat! Milos ne lâche pas cependant et se procure 2 balles de manche à 5–4 sur le service de Nishikori. Nerveux et tendu comme une barre de fer, Milos rate chaque fois le retour. Peu importe, il continue de travailler pour nous amener au bris d‘égalité. Il se donne même des avances de 4–2 et 5–3. Encore une fois, il essaie de produire de la qualité au service et en retour mais n‘y arrive tout simplement pas. À ce niveau-là, c‘est une poignée de points qui fait la différence. Malheureusement, Milos n‘avait pas la confiance qui fallait pour envoyer Nishikori à ses valises.

Le 2e set aussi nous amènera jusqu‘au bris d‘égalité mais cette fois le Japonais prend les devants et file tout droit vers la victoire, majestueux pour clore le débat. C‘est certain qu‘il faut rendre hommage à Nishikori qui s‘est battu farouchement et qui a haussé la qualité de son jeu à la fin de chaque set. Il a de plus en plus des allures de « money player ». Le premier set a une grande importance quand on n‘est pas à 100 % et Milos l‘a laissé filer. Comme c‘est frustrant parce qu‘il était à lui! J‘espère seulement que ce mal à l‘épaule n‘est que passager.

hp