Oui cela devient difficile à croire tellement c'est pathétique ce que vit Eugenie Bouchard depuis le tournoi d'Indian Wells. Les défaites d'entrée sont devenues la norme pour l'ex-numéro 5 mondiale. La Québécoise perd de toutes les façons et contre tous les styles de jeu. Parfois devant des adversaires bien à sa portée, d'autres fois elle se fait bousculer par la puissance de l'autre, ce qui expose ses points faibles.

C'est normal d'être dépassée lorsque devant il y a Kvitova, Sharapova et par moments Mladenovic. Mais vous conviendrez que de ne pas être en mesure de tenir devant Mitu, Dulgheru ou Davis, c'est pas mal plus difficile à comprendre. 

Eugenie BouchardEn regardant son match aujourd'hui à Birmingham en Angleterre devant celle qui lui a aussi indiqué la porte de sortie dès la ronde initiale à Paris, Kristina Mladenovic, je voulais absolument porter un regard neuf sur sa performance. Je m'explique : comme tout le monde, c'est facile de conclure que Bouchard n'y arrive plus dans les moments clés puisque d'abord c'est très vrai et surtout parce que c'est le nerf de la guerre.

Encore aujourd'hui elle perd la première manche 6-3 mais obtient quatre chances de revenir dans le set. Quatre balles de bris bousillées. Mais j'aimerais plutôt partager avec vous d'autres éléments du jeu qui font en sorte qu'elle va de déboires en déboires. 

Un match de tennis est une pièce de théâtre en trois ou cinq actes. Je vous ai déjà parlé des balles de bris ratées, c'est certain que ce moment-là est important mais auparavant il s'en est passé des choses. Des points à 30-30 sur deuxième balle de la Française et Bouchard rate le retour. Mais ce sont de gros cadeaux! Quand tu es une des meilleures mondiales, tu ne donnes pas ce genre de points sans livrer une bataille de tous les instants! 

Aussi la pluie commence à tomber et on arrête le match à 5-3 pour Mladenovic au premier set et la Française est au service à 30-30. Si je suis l'entraîneur d'Eugenie, je lui dis UNE SEULE chose durant l'arrêt de pluie : FAIS JOUER MLADENOVIC!!!!! Elle est ULTRA nerveuse lors des moments importants d'un match. Toute la planète tennis sait cela! Je n'en crois pas mes yeux à la reprise lorsque je vois Bouchard complètement rater des coups de routine pour lui faire cadeau du set. Ne manquait que le ruban et le chou! Deux coups de raquette et le set s'envole!

Tu ne peux pas impressionner et marquer l'esprit de l'adversaire pour la suite de match si tu passes complètement à côté d'un moment comme celui-là! Dieu merci cependant, la Québécoise redouble d'ardeur et devient beaucoup plus compétitive dans les petits et grands moments de la deuxième manche qu'elle remporte 6-4. La vraie Genie refait surface : retours offensifs, jeu de jambes adéquat, deuxièmes balles de service dans le carré, yé! Son jeu forme beaucoup plus « un tout ». Cela se tient, c'est encourageant pour la manche finale.

Alors comment expliquer son manque total de conviction en début de troisième manche??? Fatigue? Manque de concentration? Sabotage? Deux doubles fautes pour perdre son service à 2-0. Incapable de tenir alors qu'elle mène au score à 3-0. Tirer de l'arrière 3-1 au lieu de 4-0, c'est une saprée différence. Et la cerise sur le sundae, une 6e double faute pour donner le match. Franchement... le pauvre Sam Sumyk marmonnait dans sa barbe...

Pourtant il y avait de belles choses dans ce match : Bouchard a tout de même frappé 20 coups gagnants tout en obtenant 10 balles de bris... D-I-X,  mesdames et messieurs. Ce n'est pas comme si elle n'avait pas existé dans ce match! Le problème, eh oui, c'est qu'elle n'a brisé qu'une toute petite fois. 

De la voir se traîner les savates au troisième set, soumise à ce supplice, me fait plus mal au coeur que ses 9 défaites à ses 10 derniers matchs...