Milos Raonic est un joueur bien différent de celui qui s’est incliné au troisième tour des Internationaux de France il y a un an.

« Non seulement suis-je un joueur plus complet, mais je suis aussi meilleur sur terre battue », avance Raonic, qui est la 8e tête de série, son meilleur classement dans un Grand Chelem. L’an dernier, en m’amenant ici, j’avais beaucoup de doutes, je devais composer avec un changement d’entraîneur (une séparation émotive d’avec Galo Blanco) et je n’étais tout simplement pas à mon mieux. Aujourd’hui, je joue un de mes meilleurs tennis, assurément mon meilleur sur l’ocre, et je sens que je m’améliore chaque semaine sur cette surface. »

Il y a une semaine, Raonic est passé à quelques points d’éliminer Novak Djokovic au Masters 1000 de Rome, s’inclinant éventuellement 7-6 (5), 6-7 (4), 3-6. Après le duel, le no 2 mondial a déclaré qu’il ne se souvenait pas s’être senti aussi impuissant en retour de service.

« C’est ce que je veux que mes adversaires ressentent sur chaque point. Je sais que quand j’instaure des doutes et de l’insécurité dans leur esprit au service, mes parties en retour deviennent plus faciles parce qu’ils ressentent la pression de gagner le jeu. Je dois m’imposer, et c’est ce que j’ai fait dans ce match. »

Raonic a remporté 80 pour cent de ses points en première balle jusqu'ici cette saison, un sommet sur le circuit de l’ATP en 2014. C’est encore mieux que les 76 pour cent de l’an dernier.

« C’est grâce à mon service, mais aussi grâce à mon niveau de confiance une fois que la balle est ramenée en jeu, explique Raonic. Je crois que je construis mieux mes points. Souvent, lorsque les gens regardent les statistiques, ils croient que le service avait tout à y voir. Il ne suffit pas de ramener la balle en jeu, il faut faire quelque chose avec pour à tout le moins neutraliser le point, car si je prends le contrôle du point dès le départ, je peux mieux le conclure. »

Raonic est un joueur bien plus complet qu’à son entrée en scène il y a trois ans aux Internationaux d’Australie, où il a atteint le quatrième tour. C’est le plus loin où il s’est rendu dans un tournoi majeur et il y est arrivé à trois autres reprises depuis, incluant deux fois aux Internationaux des États-Unis et une autre fois en Australie en 2013. C’est aussi le meilleur résultat venant d’un Canadien à ce niveau de compétition en simple.

Tout indique cependant que ça changera bientôt pour le grand serveur de Thornhill, en Ontario, qui cherche à briser de nouvelles barrières du tennis canadien. Il a battu Andy Murray, 7e favori à Roland-Garros, plus tôt cette saison à Indian Wells. Il a aussi poussé Rafael Nadal, le grand favori à Paris, jusqu’à la limite de trois sets sur la surface dure du tournoi de Miami cette année. Tandis qu’il aborde le second Grand Chelem de la saison, sa confiance est gonflée à bloc face à l’élite du sport.

« Elle est très élevée, assure l’athlète de 23 ans. Je sens que je m’améliore chaque fois que je me trouve dans ce genre de situation. C’est un gros objectif que j’ai de bien jouer lors des premières étapes pour pouvoir affronter les meilleurs, car chaque fois, j’acquiers plus d’expérience. »

Raonic pourrait retrouver Djokovic  en quarts de finale si la logique est respectée, mais la route du Canadien sera parsemée de pièges. Il amorcera le tournoi dimanche contre l’Australien issu des qualifications Nicholas Kyrgios. Il est actuellement classé 161e, mais il a fait tourner les têtes à Melbourne lors du premier tournoi majeur en surprenant Benjamin Becker d’entrée avant de s’incliner en cinq sets face à Benoît Paire, qui fait partie du top-30. À 19 ans, Kyrgios est considérée comme une étoile montante.

« Je l’ai beaucoup suivi, particulièrement aux Internationaux d’Australie, avoue Raonic. Il a connu des matchs excitants. Il a très bien performé. Il aime jouer de façon agressive. Il aime puiser dans l’énergie de la foule. Dans mon cas, je dois me concentrer sur ce que j’ai à faire, m’appliquer sur mon service et avoir du caractère dans le premier match. L’aspect mental sera très important et je dois m’assurer de rester patient. Ce n’est pas grave s’il y a quelques séquences difficiles, parce que c’est un trois-de-cinq. »

Raonic pourrait se mesurer à la 53e raquette mondiale, le Tchèque Lukas Rosol, en deuxième ronde puis Gilles Simon pourrait l’attendre au tournant en troisième. Il est d'ailleurs certain que le Français aura la foule de son côté. Ensuite, la ronde des 16 pourrait donner lieu à tout un affrontement contre la 9e tête de série Kei Nishikori. Le Japonais a un dossier de 2-0 contre Raonic et il vient tout juste de le battre à Madrid en deux sets consécutifs ayant nécessité le bris d’égalité.

Aucun représentant masculin de l’unifolié n’a déjà franchi la troisième ronde à Roland-Garros. L’histoire est donc à la portée de Raonic, qui a été très clair à l’effet qu’il doit faire mieux que l’an dernier pour se prétendre satisfait de son parcours.

Et s’il devait renchérir davantage en participant aux quarts, ce serait tout un plateau, même s’il ne pense que très peu à l’éventualité d’un tel exploit.

« Ça signifierait beaucoup sur le moment, mais je ne crois pas non plus que ça voudrait dire grand-chose en même temps parce que mes ambitions ne s’arrêtent pas aux quarts de finale d’un Grand Chelem. »