Robin Haase disputera samedi sa première demi-finale d'un Masters 1000 à sa 35e tentative. Âgé aujourd'hui de 30 ans, c'est une occasion qu'il attendait depuis longtemps et qu'à un certain moment il n'espérait presque plus en raison de nombreuses blessures qui l'ont ralenti.

« Je me suis blessé tôt dans ma carrière et je ne savais même pas si je serais capable de rejouer au tennis dans la vie, raconte la 52e raquette mondiale. Un an et demi plus tard, je revenais à la compétition. Je suis reparti de zéro mais je me suis replacé assez rapidement. Cela dit, je n'étais plus le même joueur qu'avant ma blessure. Je n'étais pas aussi rapide, j'étais insécure. J'ai eu plusieurs autres blessures par la suite aussi. »

« Ça me rongeait de l'intérieur. C'est épuisant car tu sais que tu peux faire mieux, mais ton corps te met des bâtons dans les roues. Ça m'a pris sincèrement quelques années pour retrouver une certaine paix intérieure et accepter la situation. J'ai beaucoup travaillé là-dessus dans les dernières années. J'ai commencé à croire en moi de plus en plus et mon jeu s'est amélioré. J'ai commencé 2017 avec des victoires consécutives sur d'excellents joueurs. »

En effet, même si ses sorties ont souvent été expéditives cette saison, Haase a tout de même réussi ici et là à vaincre certains des meilleurs comme Alexander Zverev, David Ferrer, David Goffin et Dominic Thiem par exemple.

« À ce moment-là, on se dit que c'est peut-être possible (d'aller loin en tournoi). Et maintenant, nous y voilà. Je suis vraiment heureux. J'ai disputé plusieurs bons match, surtout jeudi contre Dimitrov. C'est difficile de revenir et de jouer au même niveau. Je n'était pas à mon meilleur, mais j'ai quand même gagné parce que je n'ai jamais arrêté de me battre. »

Haase dit d'ailleurs avoir retrouvé ses aises sur le terrain après avoir composé avec des conditions un peu moins favorables en début de tournoi.

« Au début de la semaine, les conditions étaient vraiment venteuses, et c'était très difficile. Le chaud et le froid ont un impact sur le mouvement de la balle. Par contre jeudi, ce n'était pas aussi venteux. On sent la balle beaucoup mieux qu'au début de la semaine. Au début, il fallait s'ajuster. Hier et jeudi, j'ai pu jouer davantage le style que je désire au lieu de devoir m'adapter au facteur vent. »

Un travail constant

Même si Haase joue parmi son meilleur tennis de la campagne, il sait que la confiance est quelque chose qui s'effrite facilement. Il y a constamment des montagnes russes au cours d'une rencontre ou des périodes de doutes au cours d'une saison. Ce n'est jamais à 100 %.

« Aujourd'hui, il n'y a peut-être que deux ou trois joueurs incluant Rafa (Nadal) qui sont capables de jouer chaque point comme si c'était balle de match. L'un d'entre eux est un autre Espagnol, Bautista (Agut). Pour ma part, je fais de mon mieux pour arriver à cet état d'esprit, mais ça ne sera jamais pareil qu'eux. En même temps, mon but n'est pas d'être comme eux. Si j'essaie de copier leur style, ça ne sera pas bénéfique pour mon jeu. Parfois je dois être un peu plus relax, faire des blagues ou quelque chose comme ça. Par contre je les observe pour trouver des façons de m'améliorer. C'est un processus en développement. Je pense que même un joueur comme Roger (Federer) vous donnerait une réponse semblable. Peu importe à quel point il est bon, il essaie toujours de s'améliorer sur chaque aspect. »

Haase n'est pas seul à avoir dû traverser de dures épreuves durant sa carrière, son compatriote néerlandais Thiemo de Bakker aussi. L'ancien top-40 mondial connaît lui-même un creux de vague et il coure désormais les tournois Challenger et ITF pour se refaire un classement.

« Je crois que ça faisait deux ou trois ans déjà que j'étais un professionnel quand il est arrivé sur le circuit, sa remémore Haase. Nous en étions à nos débuts moi, lui et Igor Sijsling également. On a gravi les échelons ensemble. Tous les deux connaissent une baisse mentalement. Ce n'est pas facile une fois que vous avez touché au 40e rang mondial de se retrouver 600e à cause de blessures, de revenir autour du 100e rang, et puis de reculer au 300e rang à nouveau à cause de blessures qui reviennent. »

« Il (de Bakker) va un peu mieux présentement, mais même dans les Challenger ou les Futures, il n'y a rien de facile. Les joueurs sont vraiment bons. Je pense qu'il réalise que ce n'est plus aussi facile pour lui qu'il y a 10 ans quand il avait cette belle arrogance et cette confiance en lui qui lui permettaient de croire en ses chances de battre ses rivaux. Maintenant ce sont eux qui sont confiants, pas lui. Il travaille là-dessus. »

Les deux copains auront l'occasion de se revoir après les Internationaux des États-Unis, à la Coupe Davis. Les Pays-Bas vont accueillir la République tchèque dans le but de rester dans le Groupe mondial.

Avant tout ça, Haase va croiser Federer sur son chemin cet après-midi. Le Maître connaît bien Haase et il est ravi de le retrouver sur le terrain dans ces circonstances.

« Je suis très heureux car il joue très bien cette semaine. On s'est côtoyé souvent sur le conseil des joueurs de l'ATP. On s'entraîne aussi souvent ensemble, que ce soit à Dubaï ou ici encore cette semaine. On jase souvent ensemble dans le vestiaire. On a notamment discuté de nos problèmes respectifs aux genoux et de comment on avait chacun vécu cela. J'anticipe un match difficile car il sert très bien et il offre du jeu varié alors je ne sais pas exactement à quoi m'attendre de lui. Peut-être que je serai mieux préparé étant donné qu'on a pratiqué pas mal ensemble. Ça devrait un bon spectacle. »