COLLABORATION SPÉCIALE

Nous y voici rendus, ou presque, alors que le tournoi de Roland-Garros se met en branle ce dimanche.

L’excitation est à son comble et c’est presque toujours le cas quelques jours avant le début des hostilités en Grand Chelem. La vie revient à une certaine forme de normalité malgré la folie qui se poursuit en Ukraine et cela se voit et se ressent alors que les foules sont grandes et les amoureux du tennis sont plus enthousiasmés que jamais.

De Monte-Carlo jusqu’à Paris, les gouvernements et dirigeants des différents circuits offrent plus de liberté aux joueurs et organisateurs, ce qui enlève une grosse dose de stress ressenti au cœur des différents paliers du sport.

D’ailleurs, l’atmosphère était vraiment électrique à Rome la semaine dernière. Les joueurs s’élèvent au gré cette belle énergie et se sont fait un devoir, pour la grande majorité, d’y aller à fond la caisse. Le spectacle était grandiose. Faudra voir maintenant chez les hommes alors que gérer sept matchs au meilleur des cinq manches, c’est une commande monstrueuse.

Chose est certaine, malgré des problèmes assez graves par moments au pied gauche, Rafael Nadal est tout sourire et s’entraine bien depuis mercredi dernier. Un 14e titre, est-ce-possible? Rafa sourit et se base sur ce qu’il a vécu en Australie en début d’année pour croire que tout est possible. Novak Djokovic, qu’il pourrait affronter en quarts, aura les dents longues, c’est certain. De toute façon, même lorsque Rafa était le favori (il détient 13 couronnes à RG), il ne se considérait pas comme « le » favori. Celui qui fait tourner toutes les têtes est un autre espagnol : Carlos Alcaraz, que l’on attend et sur qui une immense pression s’installera de manière étouffante au fils des tours. On reste bien calme dans son entourage, mais soyez certain que le chat lorgne la souris.

Chez nous aussi les attentes sont grandes, puisque Félix Auger Aliassime a marqué les esprits de façon particulière en Australie en début d’année. Aller loin en Grand Chelem, cela prend les réserves et la mentalité d’un marathonien qui sait quand augmenter la cadence au fil de l’évènement, mais aussi comment s’y prendre pour ménager la monture. Il y a dans chaque match de tennis des intersections qu’il ne faut pas rater car la différence entre une victoire et une défaite dépend des croyances bien ancrées au plus profond de son être. Rester en équilibre émotivement sur la durée d’un match de plusieurs heures est sans doute ce qu’il y a de plus difficile au tennis. Depuis le début de l’année 2021, notre Québécois y arrive franchement très bien.

D’entrée, FAA affronte le qualifié de 26 ans J.P. Varillas du Pérou, qui en sera à un premier tableau principal en Grand Chelem. Puis, peut-être Aslan Karatsev, le géant Reilly Opelka ou l’agile terrien Filip Krajinovich avant Rafael Nadal en début de 2e semaine. S’il se rend jusque-là, dans quel état Rafa sera-t-il? Bizarrement, Félix n’a jamais gagné un match à Paris. Avec ses belles performances récentes sur terre, je crois qu’il est maintenant équipé pour bien mieux se battre.

Pour ce qui est de Denis Shapovalov qui se retrouve dans la portion du bas de tableau, déjà d’entrée le défi sera de taille puisque le jeune Danois Holger Rune, champion à Munich, l’attendra de pied ferme. Il faut vraiment s’attendre à une bataille de coq, car les deux protagonistes possèdent beaucoup d’armes alimentées de caractères bien trempés. Si Denis l’emporte, cela peut lui offrir la confiance dont il a désespérément besoin pour solidifier sa base et sécuriser ses prises de risque. Tous les joueurs du circuit voient bien que Shapo manque de constance, donc ils s’accrochent et y croient jusqu’à la fin. Dans sa courte portion se dresse Pedro Martinez, titré en Amérique du Sud, Alex de Minaur et Stefanos Tsitspas.

Chez les dames, il y a un nom sur toutes les lèvres : Iga Swiatek, qui a gagné 5 tournois de suite et connait une séquence de 28 victoires. C’est beau et logique qu’elle soit la grande favorite, mais on est quand même loin des 74 victoires de suite de Martina Navratilova, les 66 de Steffi Graf et les 57 de Margaret Court. Il ne faudrait pas non plus oublier la reine de Roland-Garros Chris Evert, titrée 7 fois à la Porte d’Auteuil, qui a aussi connu une séquence de 55 victoires.

À part Iga, qui est la championne de 2020, l’instabilité règne toujours et c'est ce qui rend parfois le spectacle excitant. Notre Canadienne Bianca Andreescu joue du beau tennis présentement et je trouve ses derniers élans remplis de promesse. En trois tournois, Bibi a été chercher six victoires, contre notamment la cogneuse Danielle Collins, la jeune championne du US Open Emma Raducanu et l’accrocheuse Alison Riske, en plus de livrer toute une bataille au premier set devant Swiatek. Elle a aussi disputé un gros match en trois sets devant la grosse cogneuse Aryna Sabalenka. Il faut maintenant continuer de travailler fort physiquement pour être en mesure de bien se sentir pendant toute la rencontre. D’entrée, Andreescu affrontera la qualifiée Yseline Bonaventure, avant de défier la championne aux Olympiques Belinda Bencic.

Leylah Fernandez est bien près de Bianca, car les deux pourraient s’affronter au 3e tour. Avant cela, la meilleure Canadienne au classement jouera contre la Française Kristina Mladenovic, ancienne quart-de-finaliste à Paris, mais surtout réputée aujourd’hui pour ses performances en double. Puis, elle se mesura à Katerina Siniakova ou Petra Martic. Un gros combat à prévoir pour s’extirper de façon victorieuse.

Et puis, notre belle surprise cette semaine, alors que Rebecca Marino se qualifie en ne passant que 3 h 24 au total pour remporter ses trois matchs. Quel beau défi l’attend au premier tour, alors que la jeune de 18 ans, 18e tête de série et quart finaliste l’an passé à Paris l’attendra. Il s’agit de Coco Gauff. Laisse aller ton jeu Becca, monte au filet, sois sans peur, l’avenir appartient à ceux qui prennent des risques! Il faut y croire, car l’Américaine aura toute la pression sur les épaules.