Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Fabio Fognini, le sursaut d'un artiste

Publié
Mise à jour

Suivez toute l'action des Internationaux de tennis de France dans notre environnement multiplex.

PARIS, France - Au fond du trou il y a deux mois, descendu dans les limbes du classement (130e), l'ancien no 7 mondial Fabio Fognini, une personnalité et un artiste à part sur le circuit, s'offre à 36 ans un sursaut inattendu à Roland-Garros, peut-être le dernier.

L'Italien au caractère trempé n'avait pas forcément ce scénario en tête. Il y a deux mois lors du tournoi d'Estoril au Portugal, il avait dressé un constat lucide et très dur envers lui-même.

« Je suis dans le pire moment de ma carrière », avait-il expliqué, juste après avoir obtenu seulement sa deuxième victoire de la saison face à son compatriote Alessandro Giannessi, 224e joueur mondial.

« Je peux battre n'importe qui »

Son autre victoire, Fognini l'avait obtenue face au Tchèque Tomas Barrios Vera, 196e mondial, à Rio deux mois plus tôt. Pas de quoi pavoiser.

« Mais je pense que j'ai encore le niveau pour améliorer mon classement. Dans un bon jour, je peux battre n'importe qui », avait toutefois ajouté l'Italien à Estoril, preuve de son tempérament et d'une confiance intacte alors qu'il a d'ores et déjà entamé, comme d'autres vieux briscards, ses derniers rounds sur le circuit.

Avant d'arriver à Roland-Garros, le vainqueur du Masters 1000 de Monte Carlo en 2019 avait engrangé quatre nouveaux succès, dont deux au Masters 1000 de Rome chez lui en Italie, face à Andy Murray (42e) et Miomir Kecmanovic (37e). Un trop maigre bilan, pas forcément de nature à prédire un joli parcours dans le tournoi parisien pour l'ex-pensionnaire du top-10, qui n'a plus engrangé de titre depuis 2019, ni de deuxième semaine en Grand Chelem depuis les Internationaux d'Australie en 2021.

Mais l'air de la Porte d'Auteuil semble faire du bien à ce joueur originaire de la Riviera italienne. Avec deux victoires en trois sets, face à un membre du top-10, le Canadien Félix Auger-Aliassime (10e), certes diminué par une épaule douloureuse, puis contre l'Australien Jason Kubler (69e), il ne lui reste plus qu'une marche à franchir pour atteindre les huitièmes de finale, vendredi face à l'Autrichien Sebastian Ofner, 118e mondial.

« J'ai battu un top-10 en trois sets, ce n'est jamais facile [...] Je suis content oui », avait-il savouré après sa victoire face au Canadien.

Une belle séquence pour ce joueur marquant, fantasque, artiste, mais aussi parfois grossier, aux coups de sang mémorables dont certains dignes de la commedia dell'arte. 

Ses prises de bec avec certains joueurs, ses – nombreux – écarts de conduite, qui lui avaient notamment valu une exclusion des Internationaux des États-Unis en 2017 après avoir insulté une juge de ligne, ont jalonné sa carrière, le cataloguant dans la liste des « bad boys » du tennis mondial. 

Il a d'ailleurs plusieurs fois admis sa personnalité complexe, faisant parfois passer au second plan le joueur au style totalement à part, capable de traîner les pieds l'air de n'avoir pas envie d'être là, avant de sortir des coups magiques, au toucher incroyable.

« Génial à voir jouer »

« Au-delà de sa personnalité, c'est un joueur absolument génial à voir jouer, il use de variations à la perfection, un style qui dénote sur le circuit », avait dit de lui un ancien cadre du tennis français après son titre à Monte-Carlo.

Sa rivalité sur terre battue avec Nadal, qu'il a battu à trois reprises sur cette surface (Rio et Barcelone en 2015, Monte-Carlo en 2019), en avait fait l'un des hommes à suivre dès que le printemps pointait le bout de son nez.   

Mais depuis maintenant plusieurs années, il n'est plus vraiment sous les projecteurs. Les résultats ne suivent plus... « Je suis proche de ma fin de carrière », avait-il reconnu au tournoi de Hambourg en 2022.  

Et comme d'autres trentenaires proches de leur fin de carrière, Fognini a forcément un peu de mal à accepter son crépuscule, encore capable de coups d'éclat. Une présence en deuxième semaine de Roland-Garros pourrait peut-être prolonger son réveil inopiné.