Le revers à une main a la cote à Roland-Garros
Roland-Garros lundi, 3 juin 2019. 08:24 mardi, 10 déc. 2024. 06:07WEBDIFFUSION DES MATCHS | SECTION SPÉCIALE ROLAND-GARROS
PARIS, France - Il revient doucement sur le devant de la scène: le revers à une main, un coup plébiscité il y a encore une vingtaine d'année devenu denrée rare dans le monde du tennis, prend un savoureux coup de jeune à Roland-Garros. Mais semble destiné à rester minoritaire.
Ne le cherchez plus dans le tableau féminin, il y a presque disparu. Mais le revers à une main a la cote chez les messieurs lors de cette édition du Grand Chelem parisien: cinq joueurs le pratiquant figuraient en deuxième semaine. Une première depuis plus de deux ans dans un tournoi majeur.
Une petite tendance que l'on doit, entre autres, à l'Autrichien Dominic Thiem, 25 ans, no 4 mondial et finaliste en titre, et au Grec Stefanos Tsitsipas, no 6 à 20 ans et dernière « pépite » en date à posséder cette arme dans son jeu. Deux petits nouveaux dans un club assez fermé ces dernières années.
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« Cela fait du bien », savoure le Maître du revers à une main, Roger Federer, heureux de voir l'un de ses coups les plus célèbres repris avec succès par deux jeunes membres du top-10. « C'est sympa que cela ne soit pas une espèce en voie de disparition: Stefanos sera là pendant encore un long moment, tout comme Dominic, et cela va inspirer une nouvelle génération. »
Dimanche, les enfants présents dans le public du court Suzanne-Lenglen ont en effet pu trouver de l'inspiration, devant un duel haletant de plus de cinq heures entre deux revers à une main d'une pureté rare, ceux de Tsitsipas et du Suisse Stan Wawrinka, autre modèle en la matière. Un autre les attend mardi avec le choc helvète Federer-Wawrinka, un classique du genre.
« Certains avantages »
« Je pense qu'en général, les spectateurs aiment bien en voir, c'est un style différent du revers à deux mains », pose « Stan the man ». « Il y en a eu dans toutes les générations quelques-uns, des très bons, en haut du classement », poursuit-il, se refusant toutefois à y voir « une mode ».
En effet, le constat a ses limites. Côté pile: ce coup a quelques années devant lui car derrière Federer, les quatre joueurs du top-25 jouant à une main n'ont pas plus de 26 ans (Thiem, Tsitsipas, Marco Cecchinato et Denis Shapovalov). Côté face: plus loin dans le classement, il faut descendre quasiment jusqu'à la 200e place mondiale pour retrouver un « jeune » possédant ce coup. Résultat: ils ne sont qu'une quinzaine dans le top-100 à ne pas utiliser leur main opposée.
Le revers a une main « donne certains avantages, pour trouver différentes zones, de la variation, et du volume notamment sur terre battue. Et pour ceux qui le possèdent, c'est toujours un coup très, très fort de leur jeu », analyse pour l'AFP le Directeur technique national français Pierre Cherret.
Mais il est conscient qu'aujourd'hui, « la plupart de ces joueurs a commencé le tennis en jouant à deux mains », avant de lâcher progressivement la « mauvaise » main. « Or souvent », renchérit Federer, « vous finissez par ne jamais la lâcher, car c'est devenu naturel de garder vos deux mains sur le manche ».
« Flexibilité »
Dominic Thiem confirme. Son passage de deux à une main, à 12 ans environ, fut dur. « J'ai vraiment perdu beaucoup de matches », se rappelle l'Autrichien. « Mais après deux ans environ, les résultats sont revenus. »
Pour la jeune Française Diane Parry, qui a gagné à 16 ans son premier match en Grand Chelem en impressionnant les amateurs avec son revers « à la Amélie Mauresmo », jouer à une main a été naturel lorsqu'elle a commencé le tennis. « Mais on m'avait fait changer pour un revers à deux mains en me disant que je n'aurais pas assez de puissance », décrit la junior, qui n'a retiré sa main opposée qu'à 12 ans, sur proposition d'une coach. « J'ai essayé pendant un été, et je l'ai gardé par la suite », dit-elle à l'AFP.
Faut-il oser franchir le pas? « Il faut se demander: "Qu'est-ce que tu veux vraiment faire avec ton jeu?" », analyse l'Australien Rod Laver, au revers main gauche légendaire dans les années 1960. « À une main, vous avez plus de flexibilité, la capacité de jouer des coups différents. A deux mains, vous privilégiez la puissance et la vitesse. »