Les deux monstres sacrés ont l'occasion de marquer un peu plus l'histoire à l'issue de l'édition 2019 de Roland-Garros qui débute dimanche: Rafael Nadal, avec un douzième sacre inédit, et Novak Djokovic, avec un quatrième Grand Chelem d'affilée, deux exploits majuscules en jeu.

La terre a tremblé ces dernières semaines. Les trois défaites du roi Nadal sur terre battue à Monte-Carlo, Barcelone et Madrid (toutes en demi-finales) ont fait vaciller pendant un temps une suprématie que beaucoup pensaient inamovible.

Mais Rafael Nadal a posé un genou à terre, un genou d'ailleurs douloureux qui l'avait contraint à déclarer forfait à Indian Wells début mars, et qui l'a éloigné des terrains pendant un mois. Son retour sur terre mi-avril ne s'est pas passé comme prévu, ni comme d'habitude. Et pour la première fois depuis près de quinze ans, le doute s'est invité sur terre battue, une surface qui a pourtant depuis longtemps sacré son maître. Et si Nadal avait faibli? Et s'il n'allait pas pouvoir prolonger son règne Porte d'Auteuil?

« Ce qui arrive en ce moment est plus normal que ce qui s'est passé ces quatorze dernières années, avait analysé Nadal après son troisième revers subi à Madrid face au Grec Stefanos Tsitsipas. J'ai su beaucoup gagner sur cette surface pendant de nombreuses années, cette année ça ne se passe pas comme ça ». Un fatalisme qui masquait mal une ambition toujours aussi intacte.

Stratosphériques

Car l'Espagnol, aux statistiques stratosphériques sur terre, avec 11 Roland-Garros, 59 trophées sur l'ocre, n'a pas décidé d'abandonner sa couronne si facilement.

A une semaine du coup d'envoi à Roland-Garros, le No 2 mondial a remis les pendules à l'heure à Rome. En remportant son premier trophée après neuf mois de disette, son statut d'éternel favori s'est de nouveau illuminé.

« Je m'en fiche d'être favori. Je me soucie surtout de me sentir bien et de jouer bien », a-t-il assuré vendredi, reconnaissant que ses sensations, « son énergie intérieure » et sa mobilité étaient aujourd'hui « très différentes » de son début de saison sur terre.

Et le tirage plutôt clément semble lui ouvrir une voie royale avec une éventuelle demi-finale face à Roger Federer.

Une autre ambition, toute aussi folle, porte elle Novak Djokovic. Le Serbe détient en effet les trois dernières levées du Grand Chelem (Wimbledon et US Open 2018, Open d'Australie 2019). Un deuxième sacre à Roland-Garros après 2016 le placerait sur le toit de la planète tennis avec un Grand Chelem à cheval sur deux saisons pour la deuxième fois de sa carrière après celui réalisé entre 2015 et 2016.

Ni Roger Federer, qui revient Porte d'Auteuil pour la première fois depuis 2015, ni Rafa, ni d'ailleurs Pete Sampras ou André Agassi, ou Borg ou Mc Enroe, ne l'ont fait ne serait-ce qu'une fois...

Seuls l'Américain Donald Budge, en 1938, et l'Australien Rod Laver, en 1962 et 1969, ont fait mieux en complétant le Grand Chelem sur une même saison. Et si la finale à Rome perdue il y a une semaine face à Nadal a semblé donner un léger avantage à l'Espagnol, le Serbe reste en embuscade.

« Je le vois fort. Le grand favori reste Rafa, mais s'il y a un outsider, je pense que c'est lui », a estimé le Français Gaël Monfils. La lutte s'annonce donc savoureuse.