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Rattrapée par la politique, Sabalenka ne veut parler que de tennis

Aryna Sabalenka Aryna Sabalenka - PC
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PARIS, France - Elle voudrait ne parler que de tennis. Mais ramenée sans cesse à la guerre en Ukraine, Aryna Sabalenka, qui peine à faire oublier ses marques passées de soutien à l'autoritaire chef de l'État bélarusse Alexandre Loukachenko, a choisi de ne plus s'exprimer à Roland-Garros.

Souveraine sur l'ocre parisienne, Sabalenka ne s'est pas présentée en conférence de presse lors de ses deux dernières victoires, et rien ne semble indiquer qu'elle y réapparaisse après son quart de finale mardi sur le Central contre l'Ukrainienne Elina Svitolina. Celle-ci devrait par ailleurs s'abstenir de lui serrer la main, comme à chaque fois qu'elle affronte Russes et Bélarusses. 

La cause de ce boycottage? « Mercredi (après le deuxième tour, ndlr), je ne me suis pas sentie en sécurité », fait valoir l'une des favorites du Majeur pour expliquer cette décision prise pour sa « propre santé mentale » et son « bien-être ».

Dans un échange tendu, une journaliste ukrainienne a demandé à la joueuse bélarusse de justifier ses liens avec Alexandre Loukachenko, dont le régime mène une répression implacable contre les voix critiques dans son pays et soutient la Russie dans son invasion de l'Ukraine. Le tour précédent, elle avait dû commenter le refus de serrer la main de son adversaire du jour, Marta Kostyuk, une autre Ukrainienne. 

Sabalenka « est sortie de ses deux conférences de presse très touchée », glisse la directrice du tournoi Amélie Mauresmo, qui, pour l'instant, l'autorise à éviter cet exercice en principe obligatoire.

« Le président soutient le sport »

Si elle refuse de serrer la main de toutes les joueuses russes et bélarusses, Kostyuk avait été particulièrement offensive avec Sabalenka, qu'elle avait expliqué « ne pas respecter », lui reprochant de ne pas prendre position clairement sur l'invasion de l'Ukraine et la guerre.

Au-delà de son passeport, Sabalenka paie ses liens avec Loukachenko affichés par le passé. Dès 2018, ils se rencontrent en tête-à-tête. Une rencontre organisée à la demande de la joueuse, affirme l'agence d'État Belta.

En 2019, dans une interview au média indépendant Tut.by – fermé depuis les manifestations de 2020 contre le pouvoir, et dont deux dirigeantes ont été condamnées récemment à douze ans de prison –, elle lui rend hommage: « Évidemment, c'est bien de naître dans un pays où le président soutient le sport comme personne d'autre et est prêt à apporter son aide dans les moments difficiles. »

Le 31 décembre 2020, après une année marquée par l'écrasement de manifestations pro-démocratie au Bélarus, Sabalenka participe à Minsk à un toast avec Loukachenko pour le nouvel an, en compagnie d'autres personnalités soutenant le régime.

À la même période, selon l'agence Belta, elle signe une lettre ouverte, comme 3.000 autres sportifs bélarusses, contre la création d'une « Union des sportifs libres du Bélarus » soutenant l'opposition politique.

« Il peut commenter ce qu'il veut »

Le président bélarusse salue régulièrement ses performances. En début d'année, il porte un toast en son honneur après sa victoire aux Internationaux d'Australie. Fin mars, il annonce qu'il va « parler avec elle » après sa défaite au WTA 1000 de Miami.

Un soutien ostentatoire qui en devient gênant pour Sabalenka: « Je suis presque sûre que ça n'aide pas » à me rendre populaire, dit-elle en avril à Stuttgart. « Je ne sais pas quoi dire parce qu'il peut commenter mes matches, il peut commenter ce qu'il veut », ajoute-t-elle.

La droitière de 1,82 m ne cesse de le répéter, elle n'a « rien à voir avec la politique »: « Si les Ukrainiens me détestent après son discours, qu'est-ce que je peux y faire? S'ils se sentent mieux en me détestant, ça ne me dérange pas de les aider ainsi. »

« Je l'ai dit bien des fois: aucun joueur russe ou bélarusse ne soutient la guerre », a-t-elle dit après son match contre Kostyuk. « Personne. Comment peut-on soutenir la guerre? Les gens normaux ne le font pas. Pourquoi faut-il dire haut et fort ce genre de choses? C'est évident, comme 1 + 1 = 2. Si on pouvait y mettre un terme, on le ferait tout de suite. » Kostyuk, et sans doute Svitolina et les Ukrainiens, réclament davantage.