Dans un premier temps, laissez-moi vous rafraîchir la mémoire : l'an passé, à Acapulco, notre Québécoise Leylah Fernandez s'extirpe des qualifications pour filer tout droit vers la finale, qu'elle perd en trois manches devant Heather Watson.

 

Cela représente sept matchs joués en 9 jours, ce qui est énorme comme défi. L'automne dernier, Fernandez s'incline au 3e tour de Roland-Garros en faisant la vie dure à la double championne Grand Chelem Petra Kvitova. Ce beau parcours lui permet de s'installer dans le top-100 mondial et ce, après avoir battu deux membres du top 50 et mené 5-1 au premier set devant la grande gauchère tchèque.

Il faut croire que jouer à la Porte d'Auteuil dans le grand tableau la remplit de joie, après son titre glané chez les juniors l'année d'avant.

Il ne faut donc pas être surpris que les sensations soient aussi bonnes au Mexique. L'air chaud sied bien à son jeu d'attaque et ses nuances en touche bafouent complètement ses adversaires. Vandeweghe, Kucova, Kuzmova, Sorribes Tormo (titrée la semaine précédente à Guadalajara face à Eugenie Bouchard) n'arrivent même pas à lui arracher une seule manche. C'est bien cela l'idéal pour avoir suffisamment d'énergie pour bien se battre en ronde ultime face à la Suissesse Viktorija Golubic, détentrice d'un titre sur le grand circuit à Gstaad en 2016 et ancienne 51e mondiale.

 

Après une longue 1re partie au service en finale,  Leylah se bat si bien pour se débarrasser de la nervosité et profiter de ce bel élan pour littéralement dominer Golubic dans tous les aspects du jeu au 1er set. Elle monte et volleye superbement et elle est si dominante que la Suissesse ne sait plus quoi faire. Fernandez affiche l'aplomb d'une vétéran pour sauver quatre balles de bris pour remporter le 1e set 6-1.

 

Après ce 1er set à sens unique pour la québécoise, il faut s'attendre à une rébellion de la part de Golubic pour qui il s'agit d'une 4e finale en carrière. Elle laisse aller ses coups beaucoup plus et la bataille est intense. Ce que je remarque tout de même depuis la dernière fois que j'ai vu Leylah à l'œuvre, c'est que ses frappes sont plus lourdes et même si l'adversaire prend sa place au 2e set, elle ne panique pas.

Le championnat se joue à 4-4 au 2e set. Fernandez va chercher le bris et enchaîne avec un bijou de contrôle au service à 30-30. Constante, confiante, précise et opportuniste elle est, pour ravir un premier titre sur le grand circuit. Wow! Si belle aussi elle est alors que de belles perles de joie roulent sur ses joues.

 

La voici donc au 69e rang mondial, son meilleur classement jusqu'ici. Le top-50 lui tend maintenant les bras. Tout cela à 18 ans seulement. Leylah est travaillante, sérieuse hors terrain et déterminée. Elle mérite pleinement tout notre respect et support. 

 

La semaine de Shapovalov et Auger-Aliassime

 

Il ne faut pas non plus passer sous silence les belles performances de nos deux jeunes grandes vedettes Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime cette semaine.

À Dubaï, Denis est volant en début de tournoi alors que cela fait toujours une différence lorsque son entraineur Mikhael Youzhny est sur place pour bien le cadrer. Discipliné et offensif à souhait, il domine Jan-Lennard Struff, Hubert Hurkacz et Jérémy Chardy sans leur laisser le moindre set. En demies face au Sud-Africain Lloyd Harris, il assure l'essentiel pour mener 7-6 et 4-2. Harris est fatigué et c'est normal car il dispute un 8e match en huit jours avec notamment une victoire sur la 1re tête de série Dominic Thiem.

 

Je ne sais pas pourquoi, mais Shapo perd sa concentration et sa constance au service et en coup droit d'attaque, pourtant ses deux armes principales. Quand il est nerveux il devient surexcité par moments. Même si Denis s'incline en trois manches au bris d'égalité 8-6, je lui lève mon chapeau parce qu'il s'est accroché jusqu'au dernier point et ne s'est pas laissé emporter par la frustration. La preuve est faite cependant : lorsque tu tiens le match, n'ouvre pas la porte à l'adversaire car il va croire que tout est encore permis et qu'il ne peut plus perdre. Que de progrès tout de même pour Lloyd Harris depuis qu'il travaille avec Xavier Malisse, un ancien 19e mondial bourré de talent.

 

À 18 ans, Fernandez décroche un 1er titre

Pour ce qui est de Félix, il affronte à Acapulco en quarts de finale le 5e mondial Stefanos Tsitsipas. La bataille est féroce et ce ne sera certainement pas la dernière fois que ses deux-là s'affrontent. La différence, c'est que le Grec est plus constant sur la durée. Notre Québécois connaît malheureusement une très mauvaise partie au service au 3e set à 3-4 offrant à Tsitsipas le bris et le match sur un plateau d'argent. 

 

C'est certain que c'est décevant de connaître un gros trou d'air après s'être bien battu pendant deux heures. D'un autre côté, cette rencontre offre à son monde un croquis précis sur ce qu'il reste à travailler.

 

Selon moi et bien humblement, voici la planche de travail : la finition au filet à la volée et aussi, de grâce, en smash. Cela lui a coûté le 1er set. Apprendre à mieux monter et à stabiliser le coup droit dans l'échange et l'attaque. Aussi lorsque l'adversaire est au filet, vous remarquerez qu'il va souvent faire une 1re volée courte sur le revers de Félix. En allant vers l'avant à toute vapeur, « FAA » se sent coincé et en manque de temps mais il faudra quand même qu'il apprenne à utiliser son revers à deux mains pour fouetter la balle en passing. Sinon, aucun problème pour le grand joueur qu'est Tsitsipas pour cueillir la balle coupée à la volée. Avouez que c'est intéressant de noter qu'on parle ici du plus haut niveau qui existe et dans un sens, c'est merveilleux d'être 17e au monde (à nouveau dès demain) et d'avoir encore une belle marge de progression possible...

 

Allez, on se donne rendez-vous à Miami dès mercredi, sans Djokovic, Nadal et Federer. Allez les jeunes, le spectacle vous appartient!