MELBOURNE (AFP) - Si, avec 40 degrés à l'ombre, tout le monde a eu chaud mardi à l'Open d'Australie, la Russe Maria Sharapova a failli se brûler en passant à deux points de l'élimination au premier tour.

C'est d'extrême justesse que la tête de série N.1 a survécu à la chaleur et à la Française Camille Pin, 62e mondiale, auteur d'une partie formidable (6-3, 4-6, 9-7).

"C'est inhumain de jouer trois heures dans cette fournaise, notre corps n'est pas fait pour ça", s'est alarmé la Moscovite, qui a dilapidé une avance de 5-0 dans le troisième set.

Sharapova, très éprouvée, s'en est finalement sortie au courage, avant d'applaudir la sortie de son adversaire qui, après-coup, déplorait: "J'étais tellement près".

Au même moment, David Nalbandian profitait de l'abandon du Serbe Janko Tipsarevic, victime d'une insolation après avoir mené deux sets à zéro et balle de match contre l'Argentin.

"Ce n'est pas possible, il faut aider les joueurs. Quand il fait chaud comme ça, c'est très dur sur le court. Plein de choses vous traversent l'esprit, plein de choses.... Il faut faire quelque chose", a imploré la tête de série N.8, malgré son soulagement.

Ces deux matches ont donné le ton d'une journée placée sous le signe de la fournaise. Ceux qui l'avaient affrontée en parlaient comme s'ils avaient traversé un désert, à l'image de l'Australien Robert Smeets qui assurait que son cerveau avait "commencé à griller".


Patience, patience...

Quant aux autres, pour la plupart, ils attendaient. Longtemps. Car le jeu fut interrompu pendant près de huit heures sur les courts annexes, à cause d'un règlement du tournoi qui stipule que la température ne doit pas dépasser 35 degrés sous abri.

Seules les matches programmés sur les deux courts principaux, dotés de toits rétractables, ont pu être disputés dans l'intervalle. Cela a permis au public de suivre un de ses rares héros, Chris Guccione (battu), et quelques vedettes comme Rafael Nadal, James Blake, Kim Clijsters et Martina Hingis, dont aucun n'a perdu un set.

Clijsters, pour le premier chapitre de son jubilé australien, s'est même payé un tour en bicyclette (6-0, 6-0) contre la pauvre Vasilisa Bardina. Pour le reste, ce fut l'attente, interminable.

Jusqu'à ce que, vers 20h30, les températures descendent, libérant une horde de joueurs impatients de jouer sous les projecteurs, après être resté cloîtrés depuis le matin.

Cet exercice de patience, toujours déstabilisant, a dans l'ensemble souri aux têtes d'affiche, peut-être plus solides mentalement que leurs adversaires.


Hewitt évite le lynchage

Andy Murray n'a ainsi laissé qu'un jeu à Albert Montanes et Nikolay Davydenko s'est un peu rassuré quand à l'état de son pied, qui a failli lui coûter se participation.

Finalement, seul Lleyton Hewitt a connu un mal fou à se débarrasser de son adversaire, le qualifié américain Michael Russel. A 28 ans, ce 114e mondial avait connu son quart d'heure de gloire en 2001, à Roland-Garros, en obtenant une balle de quart de finale face au futur vainqueur Gustavo Kuerten.

Mardi, il a mené deux sets à rien et un break d'avance dans le troisième, avant que Hewitt ne renverse la vapeur avec sa fougue habituelle.

L'ancien N.1 mondial a connu un début d'année mouvementé avec la démission de son entraîneur Roger Rasheed et une élongation au mollet.

Seul Australien parmi les cent premiers du classement mondial (19e), il accumule les résultats décevants depuis plus d'un an mais reste le principal espoir local.

Sa victoire étriquée de mardi n'incite guère à l'optimisme. Au moins, elle lui épargnera un lynchage en règle de la presse australienne, qui attend désespérément un successeur à Mark Edmondson, dernier "Aussie" à s'être imposé à Melbourne. En 1976.