Simona Halep a littéralement survolé sa finale à Wimbledon en disposant de Serena Williams en moins d'une heure et deux petits sets de 6-2 et 6-2. Ce qui impressionne avant tout, c'est la manière utilisée pour démolir celle qui reste donc bloquée à 23 titres Grand Chelem en simple.

Pour mieux comprendre cette métamorphose dans l'attitude de Simona, regardons d'un peu plus près son parcours.

La Roumaine est sereine et efficace durant la quinzaine pour disposer de toutes celles qui se dressent devant elle. Après un départ quelque peu laborieux lors de ses deux premiers matchs face à Aliaksandra Sasnovich et Mihaela Buzarnescu, Halep vit tout de suite après un grand match sur herbe face à l'ancienne numéro 1 Victoria Azarenka, devenue à nouveau dangereuse et combative. Dans cette rencontre, Simona passe de la parole aux actes en jouant du tennis offensif, en prenant d'abord soin de ses parties au service et en jouant les points importants en mettant de la pression sur l'adversaire. On sait bien que dans le passé, elle avait plutôt tendance à s'épuiser en devenant défensive lors des moments clés, laissant l'adversaire survivre plutôt que de s'appliquer à enfoncer le clou. Avec un peu de recul, on réalise bien que cette victoire lui sert d'élément déclencheur pour la suite des choses.

En ronde des 16, le coach de la Roumaine, Daniel Dobre, était convaincu que « sa » Simona affronterait l'immense cogneuse Madison Keys, mais oh surprise, c'est une adolescente de 15 ans, Coco Gauff, qui fait son entrée dans la cour des grandes. Potentiellement, cela peut aussi amener son lot de difficultés mais la jeune a beaucoup donné et souffre de malaises cette journée-là. Simona démontre, et cela est fort encourageant, que c'est elle la patronne et renvoie assez rapidement Coco à ses devoirs et leçons. Puis, pas de Naomi Osaka, ni de Caroline Wozniacki ou de Caro Garcia en quarts de finale mais bien Shuai Zhang qui détient, oh surprise, une fiche positive face à Simona en 3 matchs. Après un lent départ alors qu'elle tire de l'arrière 4-1, le bolide se règle pour aller chercher in extremis le premier set au bris d'égalité. Le reste du match n'est qu'une formalité tellement la pression exercée par Halep surpasse les qualités en défense de la Chinoise.

Bon, tout cela c'est bien beau, mais on en redemande. Pourra-t-elle jouer de la bonne manière face à une rivale coriace, Elina Svitolina, qui compte 13 titres en simple et est installée depuis quelques années dans le top-10? Au début de cette rencontre en demie, on réalise jusqu'à quel point les deux dames sont tétanisées par l'enjeu. Le moment est grand pour l'Ukrainienne qui devient la première de son pays dans le carré d'as sur le saint gazon du temple en plus de passer un cap personnel en Grand Chelem. C'est là où c'est remarquable de voir la Roumaine se détacher de son adversaire dès le premier bris en poche à la 4e partie du match. Au-delà de tout, le but du jeu n'est pas seulement d'imposer son jeu à l'adversaire mais aussi (et surtout) sa volonté à l'autre. À ce chapitre, je lève à nouveau mon chapeau à Simona, qui marche droit devant vers la victoire avec détermination. Je vous mentionne qu'à ce niveau, tout est dans la manière de se comporter. Les poulets ne lèvent pas haut du sol mais les aigles atteignent les plus hauts sommets. 

Les meilleurs entraîneurs apprécient tout naturellement les grands travaillants puisque pour atteindre le haut de la pyramide et y rester, il faut aimer les douleurs des entraînements intenses et que, de façon générale, cela soit difficile. C'est l'essence même du haut niveau. Pour cette ronde ultime, je me dis que Serena est favorite parce qu'elle possède une puissance inégalée et qu'elle monte en efficacité durant la quinzaine. D'un autre côté, il ne s'agit que d'un sixième tournoi depuis le mois de janvier, ce qui n'est vraiment pas beaucoup. De plus, comment oublier le drame du US Open 2018 dans la défaite face à Osaka en finale et la déconfiture en ronde ultime devant Angie Kerber l'an passé à Wimbledon. Le début du match nous révèle que Serena est ultra nerveuse et n'arrive pas à simplement garder la balle en jeu. Le temps de le dire, Halep mène 4-0! L'Américaine se donne une balle de bris à 1-4 mais Simona courre si bien et remet absolument tout dans le terrain pour finir par provoquer la faute de l'autre. 

Certes il y a quelques cris de désespoirs de la lionne en fin de premier set mais le bris de la Roumaine pour mener 3-2 au 2e set coupe l'élan de Serena qui s'avoue vaincue en 56 minutes. Que 3 fautes directes pour Simona alors qu'elle amène Williams à en commettre 26! Pire encore, les rôles sont renversés au service alors que Simona ne perd JAMAIS le sien mais ravit celui de Serena 4 fois! Mais quel crime de lèse-majesté! Bravo cependant à l'Américaine qui démontre beaucoup de classe envers la nouvelle championne en lui offrant une chaleureuse accolade au filet. Il faut continuer d'y croire et surtout de travailler encore plus pour tenir pendant deux semaines de durs labeurs. Il faut aller chercher plus de références avant le US Open et disputer un ou deux tournois préparatoires.   

Ultimement, ce que je retiens de ce Wimbledon, c'est que faire table rase du passé est une chose mais être dans la zone en est une autre. Simona Halep touche à cet état aujourd'hui en finale alors qu'elle réussit tout ce qu'elle veut faire, guidée par une sorte de force supérieure qui lui permet de toucher au divin. Je voue une admiration indicible à ce petit bout de femme qui est admirée dans son pays pour ses hauts faits d'armes mais surtout pour sa générosité envers les moins bien nantis. De la voir aujourd'hui tenir à bout de bras le Venus Rosewater Dish, emblème suprême du succès planétaire, cela prouve une fois de plus qu'avec du travail, de l'acharnement, de la maturité et de l'audace, TOUT est possible à celui qui y croit. C'est bien là le plus grand message d'espoir qu'elle pouvait léguer à ses compatriotes...