TANDIL - Tandil, battue par les vents et entourée de vallons, s'apprête à fêter le plus célèbre de ses enfants, Juan Martin del Potro, récent vainqueur de l'US Open et dernier fleuron de cette petite ville qui n'en finit pas de donner des champions au tennis argentin.

Cinq fils de Tandil font ou ont fait partie des cent premiers joueurs mondiaux: Juan Monaco (37e actuellement), Maximo Gonzalez (69e), Diego Junqueira (153e, mais 68e en mars dernier), Mariano Zabaleta (413e mais 21e en 2000). Sans oublier Juan Martin del Potro, numéro cinq mondial après son sacre new-yorkais. Pourquoi Tandil ?

"Notre méthode est fondée sur le travail, la persévérance, la modestie, l'organisation", explique Marcelo "Negro" Gomez, 39 ans, tout en donnant des indications à ses élèves d'un mouvement de la main.

L'entraîneur aux cheveux longs, qui a fait découvrir le tennis à Juan Martin del Potro, est nerveux. Il attend l'arrivée imminente du héros local dans cette ville de 120.000 habitants. Son club, Independiente, est fin prêt pour l'accueillir.

Mais il sait que ces premiers éléments de réponse ne peuvent suffire : des méthodes d'entraînement similaires existent sous d'autres cieux. "Nous avons une tradition", poursuit-il. "Des joueurs en inspirent d'autres. Mariano Zabaleta s'est identifié à Guillermo Perez Roldan, treizième à l'époque (ndlr : en 1988). Monaco, Gonzalez et Junqueira se sont identifiés à Zabaleta, tout comme del Potro, qui inspire les jeunes à son tour".

Gomez cherche ses mots. "Les jeunes se disent que ces champions ont joué sur les mêmes courts qu'eux et qu'ils peuvent faire aussi bien".

Tandil, théâtre d'émulation sans frontières ? On y vient désormais de toute l'Amérique latine et même d'Europe. "Cette fille est Colombienne. Celle-là, Vénézuélienne. Lui, est Brésilien. Elle, Hongroise", énumère l'entraîneur.

Esprit de sacrifice

Comment cette ville au climat froid et humide, souvent brumeuse en automne et en hiver, a-t-elle pu devenir une pépinière de joueurs de haut niveau ? Ce paradoxe climatique fait sourire l'entraîneur, qui souligne : "C'est un lieu où il faut avoir l'esprit de sacrifice, car les matinées sont bien froides".

Les élèves aussi ont leur petite idée. "Ici, les entraîneurs sont bien plus exigeants", relève Valentin Carletti, 11 ans. "C'est plus physique qu'ailleurs, nous nous entraînons quatre heures par jour. Il faut avoir l'esprit de sacrifice. Moi, je l'ai".

"Moi, en revanche, je voudrais m'amuser...", murmure Matias Sprovieri, 11 ans lui aussi. "Je ne bougerai pas tant que Del Potro ne sera pas là : je reste dormir ici". Ses amis éclatent de rire.

Un peu plus loin, dans son bureau, le maire, Miguel Angel Lunghi, 65 ans, semble surpris par les événements. "Je ne m'attendais pas à un tel phénomène", dit-il. "Les radios m'appellent toutes les demi-heures".

L'édile de Tandil se prépare à remettre à "la Tour de Tandil" (Del Potro mesure 1,98 m), "les clefs de la ville" dès son arrivée, lors d'une cérémonie devant une foule de supporteurs en liesse. Pour lui, le secret de l'idylle de sa ville avec le tennis tient en un mot : "Une mystique".

"Ce jeune homme est en train de faire connaître Tandil dans le monde entier", conclut le maire, reconnaissant. L'estrade dressée devant la mairie, attend le champion, frappée du slogan : "Tandil, un endroit de rêve".