MONTRÉAL – L'année a beau avoir été chamboulée par la pandémie de coronavirus, le tennis canadien a continué de rayonner sur la scène internationale en 2020. Et si l'annulation des deux volets de la Coupe Rogers l'été dernier a inévitablement eu des répercussions sur le financement du sport au pays, l'avenir demeure prometteur.

En l'absence de Bianca Andreescu, révélation de 2019, qui n'a pas disputé un seul match en compétition à la suite d'une blessure au genou à la fin de l'an dernier, les autres têtes d'affiche de la filière canadienne ont continué d'être sous le feu des projecteurs malgré une saison interrompue pendant cinq mois.

Au total, les représentants canadiens ont disputé huit finales sur les circuits professionnels en 2020, dont une par la jeune Lavalloise de 18 ans Leylah Annie Fernandez – à Acapulco en février.

« Leylah a représenté la plus grande surprise cette année en se hissant au 88e rang mondial – elle était au-delà du 200e rang en début d'année – tout en disputant très peu de tournois », affirme d'emblée Louis Borfiga, vice-président du développement de l'élite à Tennis Canada, en guise de bilan des 12 derniers mois. Ses efforts ont d'ailleurs été récompensés puisqu'elle a été nommée la joueuse féminine de l'année au pays.

Félix Auger-Aliassime n'a peut-être pas amélioré son rang dans la hiérarchie mondiale cette année, il n'empêche qu'il a poursuivi sa progression et acquis une expérience précieuse en disputant trois finales, qu'il a perdues à chaque fois contre un joueur du top-10.

« Je suis satisfait de l'évolution positive de mon jeu, de ma maturité, de mon approche sur ma carrière en général malgré tous les défis auxquels nous avons tous dû faire face », a-t-il récemment résumé. Le Québécois termine l'année au 21 rang, et son prochain objectif sera d'être à son meilleur lors des tournois du Grand Chelem, en commençant par les Internationaux d'Australie en février.

Denis Shapovalov, le Canadien le mieux classé actuellement au 12e rang, a connu de bons moments, mais l'Ontarien de 21 ans doit démontrer plus de constance pour espérer se faire une place parmi le top-10 en 2021.

Milos Raonic a grimpé au 14e échelon et le vétéran Vasek Pospisil a effectué le plus beau retour de l'année sur le circuit de l'ATP. Contraint à six mois d'inactivité au début de 2019 en raison d'une importante intervention chirurgicale au dos, le Vancouvérois a disputé deux finales pour se hisser à la 61e place du classement.

Même Eugenie Bouchard a retrouvé un meilleur niveau en fin d'année, atteignant au passage la finale du tournoi d'Istanbul en septembre.

Le pire évité

L'annulation de la Coupe Rogers, à Montréal et à Toronto, considérée comme le moteur du développement du tennis au Canada en termes de financement, a fait craindre le pire au printemps.

Pas tant pour les joueurs au sommet de la pyramide, qui ont été en mesure de prendre à leur charge leur encadrement, mais pour la prochaine génération.

« Ce qui était inquiétant, c'est ce qui se passerait pour la relève, avoue Borfiga. Disons que nous avons réussi à sauver l'essentiel. Nous avons beaucoup travaillé à nous restructurer. Il était important qu'on ne sacrifie pas une nouvelle génération, qu'on continue à bien l'encadrer. Finalement, il s'avère que ça va être le cas. »

Quand on l'invite à nous parler de cette prochaine génération, M. Borfiga refuse de donner des noms, de peur d'en oublier.

« Au centre national (à Montréal), nous avons un groupe de filles qui a un bon potentiel. Il y a également Mélodie Collard à Gatineau. Nous avons aussi un groupe de garçons prometteurs. Ce qui est intéressant, c'est que nous pouvons les encadrer comme l'ancienne génération. C'est bon signe pour l'avenir », a-t-il souligné.

Bien évidemment, ce qui a le plus manqué à la relève cette année, c'est le manque de compétition. Pour Fernandez, cela a constitué le plus grand défi.

« Le plus dur pour moi a été de trouver la motivation de continuer à travailler fort sur le terrain, même s'il n'y avait pas de tournois en vue », a-t-elle reconnu.

À Tennis Canada, on espère que les joueurs pourront voyager de nouveau plus facilement en 2021, et on essaie aussi de trouver des solutions pour offrir des compétitions régionales aux jeunes de 13 ans et moins.

Des jeunes aux dents longues

L'année qui se termine aura peut-être permis à la nouvelle génération de briser le plafond de verre. Le triumvirat formé de Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer a exercé un quasi-monopole au cours de la décennie 2010 avec 33 titres du Grand Chelem à eux trois.

Si Djokovic et Nadal, qui s'est offert un 13 sacre historique à Roland-Garros exceptionnellement disputé en septembre, continuent de trôner au sommet du classement, leur hégémonie est contestée.

Dominic Thiem, champion des Internationaux des États-Unis, Daniil Medvedev, vainqueur des Finales de l'ATP, Andrey Rublev, qui a remporté cinq tournois, ainsi que Stefanos Tsitsipas et Alexander Zverev ont démontré qu'ils sont plus que jamais prêts à la passation des pouvoirs.

« Les jeunes n'ont peur de rien et ils ont pris confiance, reconnaît Borfiga. Ça annonce une belle année à venir, les jeunes vont vouloir déloger les anciens, même si ces derniers restent extrêmement motivés. »

Le cas de Federer, à l'écart des courts depuis février après avoir subi deux opérations au genou droit, suscite des interrogations. Le Suisse de 39 ans voudra sûrement faire un dernier tour de piste s'il parvient à se rétablir. Question d'essayer de viser un neuvième sacre à Wimbledon et de participer aux Jeux olympiques de Tokyo, le seul titre d'importance qui manque à son palmarès.

Les Internationaux d'Australie à Melbourne, maintenant programmés du 8 au 21 février, constitueront le premier grand rendez-vous de la saison 2021. On devrait alors assister au grand retour à la compétition d'Andreescu.