Maria Sharapova ne jouera pas Roland-Garros pour la deuxième année consécutive. Suspendue pour dopage l'an passé, la star russe ne bénéficiera pas d'invitation pour l'édition 2017 (28 mai - 11 juin) de la part de la Fédération française de tennis.

La nouvelle est tombée mardi soir alors que la « Tsarine », lauréate de deux de ses cinq trophées majeurs à Paris (2012, 2014), devait disputer quelques minutes après son deuxième match du tournoi de Rome, où elle bénéficie d'une invitation, contre la Croate Mirjana Lucic-Baroni.

« Je ne peux pas la priver des titres obtenus mais aujourd'hui je ne peux pas lui accorder la wild-card demandée. Les titres gagnés ici, elle les a conquis dans les règles sans ne rien devoir à personne (...) S'il existe des wild-cards pour des retours de blessure, il n'en existe pas pour des retours après une sanction pour dopage. C'est à elle seule de reconquérir ses titres », a expliqué le président de la FFT Bernard Giudicelli via Facebook live.

Pas assez bien classée pour participer directement aux Internationaux de France ou y intégrer les qualifications, l'ancienne no 1 mondiale (211e actuellement) avait besoin d'un coup de pouce de la FFT. Mais son président avait émis des réticences sur cet épineux dossier.

« L'intégrité est l'un de nos engagements forts. On ne peut pas décider, d'un côté, d'augmenter la dotation des fonds dédiés à la lutte antidopage et de l'autre... (l'inviter) », avait affirmé début mars le successeur de Jean Gachassin à la tête de la Fédération française.

« Je connais la dimension médiatique de Maria et je mesure les attentes du public et des sponsors mais en toute conscience il ne m’apparaissait pas possible d'aller au-delà de l'application stricte du code mondial antidopage et des règles qu'il prévoit», s'est-il justifié mardi. Le code mondial antidopage n'a pas de règle en matière de wild-card. Ces invitations sont délivrés à la discrétion des organisateurs.

Alors fallait-il inviter ou non la vedette slave, dont les invitations au tournoi romain et, avant cela, à Madrid et Stuttgart avaient suscité des critiques de ses pairs ?

Un débat « très controversé »

« C'est un tournoi allemand, des joueuses allemandes auraient besoin d'invitation», avait déclaré la no 2 mondiale Angelique Kerber, avant l'entrée en lice à Stuttgart de Sharapova qui y avait atteint les demi-finales, battue par la Française Kristina Mladenovic.

« Tout le monde mérite une deuxième chance. Mais en même temps, je trouve que lorsqu'un joueur est suspendu pour dopage, il devrait repartir de zéro et mériter son retour, car c'est différent d'une blessure », avait estimé la Danoise Caroline Wozniacki. L'opinion des joueuses est «le dernier de mes soucis» avait rétorqué Sharapova.

Une décision, dans un sens ou dans l'autre, ne risquait pas de mettre fin au débat selon le directeur de Roland-Garros Guy Forget, le qualifiant de « très controversé » au micro de la BBC Sport plus tôt dans la journée.

« Quelle que soit la décision, il y aura encore beaucoup de questions concernant cette invitation », a affirmé l'ancien capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis.

Le choix de la FFT pourrait avoir une incidence sur la participation de Sharapova à Wimbledon (3-16 juillet). « Nous gardons un œil sur les Internationaux de France », avait dit le président du All England Club Philip Brook, qui doit à son tour se prononcer le 20 juin.

En janvier 2016, lors de l'Open d'Australie, la Russe avait été contrôlée positive au meldonium, produit ajouté le premier jour du même mois sur la liste des substances interdites.

D'abord privée de compétition pendant deux ans par la Fédération internationale de tennis (ITF), à compter du 26 janvier 2016, sa sanction avait été réduite à 15 mois par le Tribunal arbitral du sport (TAS).