Iga Swiatek a bien grandi: la discrète adolescente fan de hard rock qui regardait Rafael Nadal avec des yeux émerveillés avant de transformer en feu d'artifice une triste édition automnale de Roland-Garros en 2020, est devenue la no 1.

« Welcome to the jungle, we've got fun and games » (bienvenue dans la jungle, on va jouer et s'amuser): casque sur les oreilles, c'est en écoutant ces paroles, tirées d'une chanson des Guns N' Roses, que la Polonaise faisait son entrée sur les courts du Majeur parisien en 2020. Il n'y avait quasiment personne pour l'applaudir en cette première année de pandémie de Covid-19. Même quand elle a soulevé le trophée sans avoir perdu le moindre set en sept matchs...

Samedi, sous le soleil floridien, il y avait au contraire foule pour acclamer la joueuse de 20 ans qui a remporté le tournoi de Miami, 48 heures avant de prendre officiellement place au sommet de la hiérarchie mondiale, sur le trône abandonné par Ashleigh Barty.

« Je ne pensais pas que cela allait se passer de cette façon », a-t-elle confié au sujet de son ascension au sommet. « Je ne sais pas si je le mérite. Maintenant un peu plus peut-être, parce que remporter ce titre en Floride a été très difficile. »

C'est sur les terres de l'Australienne désormais retraitée que Swiatek avait joué son premier tournoi du Grand Chelem, en 2019, atteignant le 2e tour. Quelques mois après, elle ne tenait que 45 minutes en 8es de finale face à Simona Halep pour son premier Roland-Garros.

Les planètes s'alignent

Les planètes ont commencé à s'aligner en 2020: un huitième de finale à Melbourne, un troisième tour à l'US Open et donc ce titre aux Internationaux de France -- son tout premier titre sur le circuit principal -- avec des victoires contre des cadors joueuses (Osaka, Halep, Wozniacki, Vekic). De quoi la propulser dans le top 20 mondial.

Autre changement notable: Swiatek, qui était encore lycéenne assidue en 2019, a été diplômée en 2020. Un soulagement pour elle, mais aussi pour son entraîneur.

Avant, « le tennis n'était pas la partie principale de sa vie. C'était difficile. Imaginez: je devais faire des entraînements à 7 heures du matin, parce qu'elle devait aller à l'école après. Et elle, elle arrivait fatiguée, parce qu'elle avait dû étudier la nuit », relatait Piotr Sierzputowski.

Une situation qui appartient désormais au passé même si, sur les courts, la Polonaise reste studieuse, avec notamment une psychologue qui l'aide à préparer ses matchs. "Elle m'a rendu plus intelligente. Grâce à elle, mon niveau de confiance est plus haut", racontait la Polonaise en 2020.

« La force mentale est particulièrement importante. Au haut niveau, tout le monde est capable de bien jouer, mais les meilleures, ce sont celles qui sont les plus fortes dans la tête », estimait la plus jeune des demi-finalistes de Roland-Garros 2020. Des mots qui résonnent avec d'autant plus d'intensité que des joueuses comme Naomi Osaka, Elina Svitolina ou Victoria Azarenka ont depuis craqué psychologiquement.

Bête de compétition

De la force, la Polonaise n'en manque pas sous ses airs juvéniles, au point d'être qualifiée de « bête de compétition » par Sierzputowski.

« Quand elle entre sur le court, elle est prête à tout » car depuis ses débuts, elle a « faim de victoires », expliquait le coach avant que la joueuse ne mette un terme à leur collaboration fin 2021.

Née à Varsovie, Swiatek est venue au tennis parce qu'elle voulait battre sa grande sœur. Un esprit de compétition sans doute hérité de son père, Tomacz Swiatek, ancien rameur de l'équipe polonaise d'aviron qui a participé aux JO-1988 de Séoul.

Cette pugnacité précoce lui a permis de remporter le premier tournoi professionnel qu'elle a disputé, en 2016 à Stockholm, sur le circuit secondaire, alors qu'elle sortait des qualifications. Deux ans plus tard, après plusieurs mois sans tennis en raison d'une cheville blessée, elle soulevait le trophée juniors à Wimbledon en simple, et à Roland-Garros en double.

Désormais, avec six titres sur le circuit principal, dont trois d'affilée cette année (Doha, Indian Wells et Miami), elle est la no 1 mondiale.