Il a du coeur au ventre Vasek Pospisil. Franchement je n'y croyais presque plus au début de la troisième manche alors que notre Canadien tirait de l'arrière 2 sets à zéro face au serbe Viktor Troicki en ronde des 16.

Il faut dire que déjà la route a été tellement cahoteuse au premier tour devant le Français issu des qualifications Vincent Millot, 213e au monde. Vasek perdait 2 sets à 1 et 4-2 à la 4e manche. Physiquement, il souffrait de crampes dès le deuxième set mais il a poussé la machine au maximum pour soutirer la victoire au Frenchie en cinq manches. Poussif à l'extrême par moments, Pospisil a le mérite de finir en force tout en surmontant ses pépins physiques.

Au 2e tour devant le fantasque Fabio Fognini, 30e tête de série, Vasek s'arme de courage et défie constamment l'Italien. La stratégie est si belle surtout lorsqu'on est doué comme Vasek à la volée. D'ailleurs notre Canadien ne connaît qu'une seule mauvaise partie au service au troisième set mais se reprend pour gagner le match en quatre sets. Il s'agit là de sa plus belle victoire sur herbe parce que la manière est juste et qu'il ne bascule presque jamais dans le doute en optant pour du jeu défensif et poussif. Il défie constamment Fognini (surnommé Napoléon) qui rend finalement les armes, écoeuré par autant d'opposition. :)

Lors de son match suivant, le défi est intéressant et dans un registre différent. Le Britannique James Ward vient de battre à lui seul les États-Unis en Coupe Davis avec des victoires sur Sam Querrey et John Isner, lui l'humble soldat, 110e mondial. Dans sa portion de tableau, Ward profite grandement de l'abandon de dernière minute de David Ferrer pour se rendre au 3e tour d'un Grand Chelem pour une première fois en carrière.

Le bon peuple y croit et l'encourage non stop sur le magnifique terrain numéro 1. Vasek ne le défie pas toujours de la bonne façon et oscille souvent entre le bon et le moins bon. Par moments il est passif, puis offensif, il retraite trop loin derrière la ligne de fond, se laisse embarquer dans une cadence non digne de son talent et potentiel, mais la bonne nouvelle est qu'il s'accroche comme un mort de faim! Pospisil profite finalement de tout à 6-6 dans le cinquième set alors que Ward tremble et n'arrive pas à produire une seule première balle. Solide comme le roc pour conclure le débat, le voici donc en deuxième semaine Grand Chelem en simple pour une première fois en carrière!

Avouez qu'affronter Viktor Troicki en ronde des 16 à Wimbledon est une fabuleuse opportunité qu'il faut savoir saisir. Trop nerveux en début de match, Vasek est brisé très tôt et perd la première manche 6-4. Le Serbe est tranchant au service et les points sont courts. Vasek n'arrive pas à se procurer de balles de bris mais dès le départ du deuxième set, les choses changent. Notre Canadien s'en procure trois. Cependant, Troicki lui ferme la porte au nez avec des services de grande qualité. On se rend au bris d'égalité et alors que Vasek mène 4-3 avec 2 points à suivre au service, il commet une horrible double faute! Cela le coule et il perd le bris 7-4.

La grande joie de Pospisil

Pour être honnête, j'avais beau essayer de convaincre tout le monde que le match n'était pas perdu, qu'il fallait continuer de se battre, mais la réalité est que Vasek aurait dû recoller à un set partout et qu'il n'était jamais revenu d'un déficit de deux sets en carrière. Gros défi...

Tant bien que mal, Pospisil reste étanche au service jusqu'à 4-4 au troisième set. L'impensable se produit : Troicki craque et perd son service pour une première fois. Le momentum change complètement de côté. Le Serbe baisse de niveau et n'arrive plus à faire les bons choix tandis que Vasek rehausse le sien considérablement pour l'emporter en cinq sets. Encore une fois, le Canadien finit en force, comme c'est impressionnant!

Plus tard dans la journée Vasek et Jack Sock perdent en double après un combat acharné de 3 heures 19 minutes et un autre cinq sets devant la paire Jamie Murray et John Peers. Faudra récupérer rapidement puisque le frère de l'autre, Andy, l'attend de pied ferme! Vasek ne lui a jamais pris un set en trois matchs. Bof, rien à perdre, tout à gagner, cela semble assez bien marcher depuis le début...

Allez Vasek, tout un peuple de ce côté de l'Atlantique croit en toi.

Souviens-toi simplement de ceci : « Car ton bras sait porter l'épée, il sait porter la croix, ton histoire est une épopée des plus brillants exploits... »