Listen to "Retour sur la saison 2018 avec Félix Auger-Aliassime - 17 oct. 2018" on Spreaker.

Une saison sur le circuit de l’ATP peut être très longue. Les objectifs de début d'année sont donc aussi difficiles à établir qu'à respecter. Malgré quelques ennuis pour entamer sa campagne, Félix Auger-Aliassime est arrivé aux portes du top-100, à quelques rangs d’atteindre l’objectif qu’il s’était fixé.

Alors qu’il dressait le bilan d’une saison qui lui a permis de se hisser au 109e rang au classement de l’ATP, mardi au Stade IGA, le Québécois s’est dit satisfait de la dernière année, même s’il souhaitait franchir cette barrière qui regroupe les 100 meilleurs joueurs au monde.

« J’aurais voulu mieux et ça aurait été bien de percer le top-100. Par contre, c'est presque impossible que chaque année de ma carrière, j’arrive à atteindre tous mes objectifs. Je suis quand même à la porte du top-100. Je ne suis qu’à quelques victoires et j’ai le niveau pour jouer avec ces joueurs. C’est encourageant pour la suite et je termine dans une bonne position », a-t-il résumé lors de son point de presse.  

En jetant un coup d’œil à son calendrier qui comprend une trentaine de tournois, on réalise que le Québécois n’a entamé sa campagne qu’en février alors qu’une blessure à un genou l’a tenu à l’écart et l’a forcé à faire l’impasse sur le premier Grand Chelem de la saison en Australie.

Auger-Aliassime a enchaîné avec une seule victoire à ses cinq premiers matchs avant de s’illustrer à Indian Wells alors qu’il s’est non seulement qualifié pour le tableau principal, mais il y a également signé une victoire au premier tour contre son compatriote Vasek Pospisil. C’est finalement Milos Raonic qui a mis un terme à son parcours.

Si ce tournoi de la série Masters 1000 a été le fait saillant de sa première moitié de saison, le Québécois a réellement pris son envol après Roland-Garros. En décidant de faire une croix sur la saison sur gazon, Auger-Aliassime a vu la décision de rester sur terre battue être bénéfique et payante. Il a enchaîné avec un deuxième sacre au tournoi de Lyon avant d’atteindre la finale du tournoi de Blois où il s’est incliné.

S’ajoute ensuite un deuxième tour à la Coupe Rogers à Toronto, une première qualification dans un tableau principal d'un tournoi du Grand Chelem à Flushing Meadows, un quart de finale à Chengdu (un tournoi de l’ATP 250) et son deuxième sacre de la saison, cette fois à Tachkent en Ouzbékistan. À la lumière de ses résultats, pas étonnant qu’Auger-Aliassime ne se limite pas à son classement pour évaluer sa saison.

« Je dresse un bilan positif en général. Un début d’année difficile avec une blessure a, je crois, retardé quelque peu mes performances. À partir de Roland-Garros, je crois que j’ai été sur une phase ascendante alors que je jouais de mieux en mieux. J’engrangeais les victoires et je gagnais en confiance. C’est somme toute une année positive et, en la terminant en force, c’est encourageant pour 2019 », a souligné celui qui a fait un bond de 52 rangs au classement au cours de l'année.

« Sa progression en terme de jeu a été très bonne. Il a gagné un autre tournoi sur terre battue et son premier professionnel sur surface dure ce qui montre qu’il pourra gagner sur plusieurs surfaces. C’est positif. Il a eu une saison pleine avec 70 matchs et une trentaine de tournois », a commenté son entraîneur Guillaume Marx.

« Il aurait pu faire un petit peu mieux dans sa conversion de points au classement, mais il faut des circonstances favorables pour que le tout se produise. Il faut gagner des gros matchs de manière consécutive. Il en a remporté un ou deux et il n’en manque pas beaucoup pour qu’il enchaîne une série de victoires », a-t-il enchaîné.

À la lumière de ces propos, il est possible de faire un lien avec la Coupe Rogers où il s’en est fallu de peu pour que son protégé poursuive son parcours. Après avoir signé un gain convaincant contre la 18e tête de série Lucas Pouille en lever de tournoi, le Québécois a baissé pavillon devant le 68e joueur au monde Daniil Medvedev dans un match qui aura nécessité un bris d’égalité à la manche ultime.  Même si de passer aussi près de la victoire peut laisser un goût amer, le principal intéressé en tire davantage une leçon et comprend que cette étape fait partie de son cheminement.

« Ce qui est difficile à mon âge, c’est lorsque tu mènes contre des joueurs de ce niveau. De tenter de maintenir cette avance et de conclure des matchs c’est parfois difficile. J’ai beaucoup à apprendre à ce niveau », a-t-il soutenu.

Une pause avant de s'attaquer à 2019

Les trophées sont évidemment une source de motivation et c’est pourquoi les triomphes à Blois et Tachkent occupent une place de choix dans son cœur, mais Auger-Aliassime ne cache pas que d’obtenir son billet pour le grand tableau des Internationaux des États-Unis avait un cachet particulier.

« Le sentiment de m’être qualifié pour mon premier Grand Chelem était incroyable et j’ai pu le partager avec ma famille. C’était un beau moment », se souvient-il.

Le dénouement aura cependant eu de quoi inquiéter non seulement ses proches, mais les amateurs de tennis alors qu’il a été forcé d’abandonner à la troisième manche de son match contre Denis Shapovalov en raison de palpitations cardiaques. Auger-Aliassime a cependant tenu à se faire rassurant, expliquant que ce problème ne lui était pas inconnu et qu’il comptait profiter de son passage dans la métropole pour tenter d’obtenir des réponses sur sa nature et des mesures à prendre pour remédier à la situation.

« C’est quelque chose avec laquelle je vis depuis huit ans. Ce n’est pas dangereux pour ma santé et je pourrais vivre avec, mais avec le métier que je fais dans le monde du sport, c’est difficile lorsque ça se produit. J’aimerais donc trouver le problème et le régler », a-t-il convenu.

Auger-Aliassime a bien l’intention de recharger ses batteries en passant du temps avec ses proches avant de reprendre l’entraînement dès le 1er décembre du côté de la Floride en vue de la prochaine année. Même si lui et son équipe n’ont pas encore établi de plan précis pour 2019, le Québécois a donné un avant-goût de ses propres attentes.

« Déjà il faut percer le top-100, a-t-il lancé. C’est l’objectif numéro un en amorçant la saison. Je peux descendre comme je peux monter, donc ma priorité pour commencer l’année, ce sera de m’installer dans le top-100. »

« Après je voudrais me rendre loin dans les tournois ATP. C’est certain que j’aimerais remporter un titre, mais c’est encore loin et peut-être un peu trop. Je vais aller petit à petit. J’ai appris cette année à ne pas me projeter trop loin, donc j’évaluerai la situation de tournoi en tournoi », a mentionné celui qui s’attend à disputer un tournoi en janvier avant le premier Grand Chelem de l’année.

Même si son classement actuel l’empêche de se qualifier automatiquement pour les Internationaux d’Australie, le Québécois se dit prêt à toute éventualité alors que des désistements pourraient lui permettre d’accéder au grand tableau au lieu de passer par les qualifications.