LONDRES (AFP) - La première semaine du 116e tournoi de tennis sur gazon de Wimbledon s'est transformée sans crier gare en un joli jeu de massacre sans précédent.

Est-ce l'absence de la moindre goutte de pluie pour la première fois depuis 1995 ? Ou bien l'effet d'une fatigue générale qui alimenta abondamment la chronique médicale et souligna une fois de plus l'absurdité d'imposer deux tournois du Grand Chelem diamétralement opposés à quinze jours d'intervalle ?

Vainqueur inattendu à Roland-Garros, l'Espagnol Albert Costa profite de sa lune de miel pour savourer ce triomphe tardif. Finaliste, son compatriote Juan Carlos Ferrero (N.9), sans ressort et privé de la préparation nécessaire, a été sorti dès le deuxième tour. On attendra sans doute encore longtemps le successeur du Suédois Bjorn Borg, qui fut en 1980 le dernier à réaliser le doublé.

Toujours est-il que, sur les 32 têtes de série, pas moins de 25 sont tombées dans le tableau du simple messieurs. Plus grave: il n'en reste plus que deux, l'Australien Lleyton Hewitt (N.1) et le Britannique Tim Henman (N. 4), parmi les seize premières. Les vraies!

Les principales victimes de cette situation ébouriffante sont les Américains. Ils étaient quatorze au départ. Il n'en reste plus aucun. Le pire qui leur était arrivé jusque-là, depuis le début de l'ouverture aux professionnels, en 1968, avait été de se retrouver à deux à ce stade de la compétition: Jimmy Connors et Johan Kriek en 1987, Richey Reneberg et Pete Sampras en 1997, Todd Martin et Pete Sampras en 1998.


Rescapés

Septuple champion de Wimbledon, Sampras (N.6) est passé à la trappe avec tous les autres dès le deuxième tour, battu par le 145e mondial. "Plus personne ne me craint maintenant et n'importe quel joueur peut battre les meilleurs", n'a-t-il pu que constater en déplorant que lui, titulaire indéracinable d'un bail sur le central, on l'ait relégué sur le court 2, opportunément baptisé le "cimetière des champions."

Alors qu'on comptait les morceaux ramassés dans les décombres de cette étonnante semaine, le Néerlandais Richard Krajicek, vainqueur du tournoi en 1996, et l'Australien Mark Philippoussis les recollaient. Tous deux rescapés de plusieurs interventions chirurgicales, ils se rencontreront pour la première fois lundi pour une place en quarts de finale. Sur d'autres surfaces, Krajicek a battu Philippoussis trois fois sur cinq.

Tout cela fait dire au Russe Yevgeny Kafelnikov (N.5), viré au troisième tour par le Belge Xavier Malisse (N.27), qu'un joueur auquel on ne pense pas gagnera cette année. Cela ne fait pas l'affaire de Tim Henman, qui voit un boulevard s'ouvrir devant lui mais ne montre pas un éclat particulier pour s'y engager.

La situation est beaucoup plus tranquille dans le tableau du simple dames, où 12 têtes de série restent qualifiées, dont 10 parmi les 16 premières. Ce qui ne signifie pas qu'on soit totalement à l'abri d'une surprise, les soeurs Williams (N.1 et N.2) ayant laissé entrevoir quelques faiblesses coupables.

Chez les Français, ne restent plus en course qu'Amélie Mauresmo (N.9) et Arnaud Clément. Etant donné les ravages opérés dans sa moitié de tableau, celui-ci à une très belle carte à jouer.