PARIS - Rafael Nadal n'est pas le seul joueur de tennis à avoir remporté huit fois l'épreuve masculine de Roland-Garros. Un Français, Max Decugis, avait réussi cette performance avant la Première Guerre mondiale.

C'était bien avant l'ère du Grand Chelem, à une époque où les matchs se jouaient en pantalon en toile et en chemise. Le tournoi ne s'appelait pas encore Roland-Garros, le stade n'existant pas encore. Il n'était alors réservé qu'aux joueurs inscrits dans des clubs hexagonaux et se déroulait sur les courts du Stade Français.

Fils de négociant, Decugis avait régné en maître sur la terre battue parisienne, s'imposant à huit reprises entre 1903 et 1914. Son nom est resté assez oublié aujourd'hui. Quand on parle des pionniers du tennis français, on remonte rarement aussi loin dans l'histoire. Les noms des « Mousquetaires », Henri Cochet, Jean Borotra, René Lacoste et Jacques Brugnon, ou Suzanne Lenglen, six fois victorieuse de Wimbledon et des Internationaux de France, sont des références régulières.

Né en 1882 et décédé à l'âge de 95 ans, Decugis est pourtant lié à ces joueurs de légende. Il a joué contre certains des Mousquetaires et a été leur capitaine en équipe de France. Il a aussi remporté le tournoi parisien en double mixte avec Lenglen en 1914, lorsque « la Divine » n'avait que quinze ans et a glané une médaille d'or olympique avec elle aux Jeux d'été d'Anvers en 1920.

Marié avec la fille du peintre François Flameng (1856-1923), qui l'a immortalisé en train d'exécuter une volée de revers, Decugis était un joueur redouté pour sa puissance, sa précision et sa détermination, autant de qualités qui peuvent le rapprocher de Rafael Nadal.

Mais la comparaison s'arrête là tant l'écart de niveau est si conséquent aujourd'hui.