INDIAN WELLS - Après des années de domination sans partage par un quatuor quasi infaillible, le tennis masculin est peut-être entré à Indian Wells dans une nouvelle ère avec une jeune génération ambitieuse et des outsiders décomplexés.

Du haut de ses 183 cm, Stanislas Wawrinka a fait voler en éclats un certain ordre des choses le 26 janvier à l'autre bout du monde.

Ce jour-là, « Stan » a battu Rafael Nadal 6-3, 6-2, 3-6, 6-3 et remporté les Internationaux d'Australie 2014 à Melbourne, son premier titre majeur. Il a surtout montré la voie à une concurrence presque résignée.

L'intéressé s'en défend pourtant (« C'est même dommage qu'ils aient attendu que je le fasse pour y croire », a-t-il regretté mercredi), mais c'est en tous cas la perception qu'en a eue Milos Raonic entre autres.

« Je pense que tous ceux qui sont dans le top-10, ceux aussi qui aspirent à y rentrer se sont dit : "Pourquoi cela ne pourrait pas être moi?" », a expliqué le Canadien originaire du Montenegro, après son succès en 8e de finale contre Andy Murray 4-6, 7-5, 6-3 jeudi.

Bande des Quatre

L'Écossais faisait il y a encore peu partie avec Nadal, Roger Federer et Novak Djokovic de cette « bande des Quatre », ou Big Four en anglais, qui dominait le tennis mondial, ne laissant que des miettes à la concurrence.

Cette suprématie s'exprimait avant tout sur les tournois du Grand Chelem : avant les Internationaux d'Australie, le « Big Four » avait remporté 31 des 32 derniers titres majeurs! Seul l'Argentin Juan Martin del Potro était parvenu à leur soustraire un trophée, le US Open en 2009.

Symbole de cette nouvelle confiance, Raonic, 23 ans, a réussi à battre Murray après avoir concédé le premier set.

« Cela ne m'est jamais arrivé face à un joueur de ce calibre. On a vu faire Stan (Wawrinka) et on aborde ces matchs en disant qu'on n'affronte plus quelqu'un d'invincible », insiste le redoutable serveur canadien.

L'Ukrainien Alexandr Dolgopolov, lui, a fait mordre la poussière au no 1 mondial, Rafael Nadal, à Indian Wells.

S'il invoque lui aussi l'exemple Wawrinka, il préfère parler d'une évolution naturelle : « C'est normal, ils jouaient à un niveau incroyablement élevé et ne pouvaient indéfiniment enchaîner les victoires », note Dolgopolov, 25 ans.

Fenêtre de vulnérabilité

Avant de parler de disparition définitive du « Big Four », il faut au moins souligner sa fragilisation.

Elle n'est peut être que conjoncturelle : Murray a été opéré du dos à l'automne, Djokovic n'a que 26 ans et Nadal aurait eu du mal à reproduire une saison aussi étincelante qu'en 2013 (10 titres, 14 finales).

Reste le cas Federer : à 32 ans, le Suisse ne va certes pas rajeunir, mais l'ancien no 1 mondial, qualifié pour les quarts de finale à Indian Wells, semble avoir trouvé un second souffle depuis qu'il travaille avec le Suédois Stefan Edberg.

Raonic en convient volontiers. « Ces gars sont encore les meilleurs du monde. Leur fênetre de vulnérabilité est très petite, mais au moins, on se rend compte qu'elle existe. »

Accroché par Marin Cilic en 8e de finale (1-6, 6-2, 6-3), Djokovic est ravi de cette opposition ragaillardie. « C'est bon pour notre sport, c'est bon pour nous, car cela nous incite à nous surpasser », insiste « Nole », seul survivant du top-10 avec Federer.

« Les Dimitrov, Gulbis, Raonic, c'est la nouvelle génération de jeunes joueurs qui seront candidats à des victoires en Grand Chelem dans le futur », pronostique-t-il.

Et si ce futur était pour 2014? Premier élément de réponse d'ici dimanche à Indian Wells: le "Big Four" a remporté tous les Masters 1000 depuis 2009 à l'exception de trois "accidents" sans suite.