Une défaite qui laisse Carlos Alcaraz déboussolé et sans mot
NEW YORK – Après avoir perdu sur le court, Carlos Alcaraz était désemparé comme rarement, à la recherche d'une explication à cette lourde défaite dès le deuxième tour des Internationaux des États-Unis, où il n'avait encore jamais cédé avant les quarts de finale.
« Je ne sais pas quoi dire », commence par reconnaître l'Espagnol aux premières heures vendredi.
Le Néerlandais Botic van de Zandschulp, 74e mondial, est un joueur largement à la portée d'Alcaraz qui l'avait tranquillement battu lors de leurs deux précédentes rencontres, toutes sur dur.
Alors le no 3 mondial s'est enfoncé dans une explication surprenante : lui qui atomise avec délectation ses adversaires ou les rend fous avec son jeu en toucher, dit avoir été déstabilisé par le manque de points « donnés » par van de Zandschulp.
« Je pensais qu'il allait me donner plus de points, de points gratuits... Il n'a pas commis autant de fautes que je pensais qu'il commettrait. Alors j'étais un peu déboussolé, je ne savais pas comment gérer ça », affirme celui qui a battu deux fois d'affilée Novak Djokovic sur le Centre Court en finale de Wimbledon.
Au coeur de l'été, Alcaraz, après avoir triomphé pour la première fois à Roland-Garros, avait aligné douze victoires, pour signer son deuxième titre à Wimbledon et atteindre la finale des Jeux olympiques de Paris.
Énergie
« Je suis probablement arrivé à New York avec moins d'énergie que je pensais », estime le puissant joueur de 21 ans en ajoutant ne pas vouloir y trouver une excuse.
D'autant qu'en raison de blessures, il n'a joué que deux des cinq tournois de la saison sur terre battue au printemps (Madrid où il a perdu en quarts et Roland-Garros), n'a joué que deux matchs (une victoire, une défaite) au Queen's en guise de préparation à Wimbledon, et un à Cincinnati (défaite), un peu maigre pour préparer les Internationaux des États-Unis.
Au total, il n'a ainsi accumulé depuis avril que 29 matchs, dont 24 gagnés.
L'an dernier sur la même période, il avait joué quatre des cinq tournois sur terre avec des titres à Barcelone et Madrid et une demie à Roland-Garros, puis avait remporté le Queen's et Wimbledon sur gazon, et avait enchaîné avec trois tournois sur dur en parvenant notamment en finale à Cincinnati et en demies à Flushing Meadows. Soit 45 matchs joués pour un bilan de 40 victoires.
« Le programme est si dense. Je suis probablement un joueur qui a besoin de plus de repos avant les gros tournois. Il faut que j'y réfléchisse et que je tire les leçons » de ce qui s'est passé à New York, insiste-t-il pourtant.
Face à Van De Zandschulp, il évoque surtout son mental qui n'a pas été à la hauteur.
« Je ne suis pas bien mentalement, je ne suis pas fort, je ne sais pas me contrôler face aux difficultés, je ne sais pas les gérer », affirme-t-il.
Raquette fracassée
L'Espagnol avait déjà donné un aperçu de cette faiblesse psychologique à Cincinnati où, dans un rarissime accès de colère sur un court, il avait fracassé avec acharnement sa raquette au sol avant de s'incliner face à Gaël Monfils.
« Je venais d'un été spectaculaire, à Roland-Garros, Wimbledon. Je pensais avoir fait un pas en avant en me rendant compte que pour gagner de grands titres il fallait être fort dans la tête. Et arrivé sur dur, je fais plusieurs pas en arrière », déplore le joueur qui est devenu le plus jeune no 1 mondial en remportant les Internationaux des États-Unis 2022.
Il écarte cependant tout effet délétère sur son mental de sa défaite en finale des JO face à Djokovic.
« Ça a été difficile pendant 50 minutes, une heure, mais ensuite j'ai réalisé que gagner la médaille d'argent olympique était une grande réussite. J'étais vraiment fier. Alors je peux dire que cette défaite n'a eu aucun impact », assure-t-il.
Le flou demeure donc sur sa contreperformance majeure à New York.
« J'ai déjà vécu ce genre de match et à chaque fois je me suis dit qu'il fallait que j'en tire des leçons. Ce que je constate, c'est que je n'ai pas évolué et c'est le problème: je suis de nouveau là à dire que je n'ai pas su gérer, que je n'ai pas réussi à me pousser un peu (à mieux jouer) », regrette-t-il.
La grande question, pour celui qui est appelé à menacer les records du « Big 3 », est de savoir si cet état va durer. Djokovic, lui, perd un des principaux adversaires capable de le priver à New York d'un 25e titre en Grand Chelem.