WIMBLEDON, Royaume-Uni - Alors que la qualité des terrains de soccer en France a fait polémique durant l'Euro, le gazon de Wimbledon reste l'une des fiertés de l'Angleterre, qui suscite l'admiration des joueurs, grâce au bichonnage de ses rigoureux jardiniers.

« Les conditions météo jusqu'ici ont été plutôt favorables. Pourvu que cela dure », espère Neil Stubley, le responsable de l'entretien des courts en contemplant l'éblouissante pelouse du Central.

Car la pluie, tombée un peu ce week-end et de retour a priori en milieu de semaine, fait partie des plus grands ennemis des « billards » de Wimbledon avec... les renards qui ne sont pas rares dans ce quartier chic et champêtre situé à trois quarts d'heure de l'hyper-centre de Londres.

L'urine des femelles est particulièrement destructrice si bien que des patrouilles dissuasives organisées la nuit, avant et pendant le tournoi.

L'entretien de l'herbe est lui opéré tout au long de l'année. « L'herbe que vous voyez est nouvelle. On change les courts tous les ans », souligne Neil Stubley, qui travaille à Wimbledon depuis 21 ans et a succédé à Eddie Seward à la tête du « bataillon » de jardiniers en 2012.

Il représente 16 employés permanents. D'avril à septembre, les effectifs sont quasiment doublés pour effectuer le gros du travail et être opérationnels pour garder en état les 18 courts, mis à rude épreuve par les joueurs, durant le tournoi.

Peu de temps après « The Championships », les terrains sont mis à nu. « On coupe l'herbe pour qu'il ne reste que la terre. On replante des graines. Passé le mois de septembre, on protège les courts pour l'hiver », explique Neil Stubley.

À partir d'avril, l'herbe qui peut alors atteindre 12 ou 13 millimètres va être réduite petit à petit pour atteindre sa taille réglementaire - 8 millimètres - durant le tournoi. Les membres du All England Club peuvent jouer en règle générale jusqu'au vendredi précédant le début de la compétition. Mais la coupe du gazon ne s'arrête pas pour autant.

La fin des serveurs-volleyeurs

Presque chaque jour pendant le tournoi, les terrains sont tondus, aplanis pour réduire les faux rebonds, voire arrosés si les conditions l'exigent. Pour rendre ses pelouses plus résistantes à l'abrasion, le « All England Club » a même été jusqu'à changer le type d'herbe en 2001, optant, après étude, pour une forme qui pousse à la verticale alors que les précédents brins s'entrecroisaient.

Cela a porté un coup fatal à l'ère des serveurs-volleyeurs. Alors que les échanges se résumaient souvent à deux voire trois coups, il n'est pas rare aujourd'hui d'assister à de véritables « rallyes », ce qui a permis à des terriens de formation, comme Rafael Nadal, lauréat en 2008 et 2010, de gagner le trophée.

Après quelques jours, l'herbe n'est d'ailleurs plus abîmée près du filet mais en fond de court. Révélateur de l'évolution...

« Le gazon est plus ferme. Cela donne un rebond de la balle plus haut. Mais nous n'avons pas souhaité modifier les conditions de jeu », souligne Neil Stubley, dont le meilleur souvenir est la victoire d'Andy Murray en 2013.

« Depuis 1936, la Grande-Bretagne attendait un successeur à Fred Perry. Je me souviens de la tension presque palpable lors de la balle de match » , raconte le jardinier en chef qui, en amateur de football - et d'Arsenal - a du mal à comprendre la polémique sur les terrains de l'Euro.

« À mon avis, les pelouses ne sont pas mauvaises, estime-t-il. C'est plutôt un prétexte mis en avant par l'équipe qui perd. »