PARIS - Après l'Omnium d'Australie, les Internationaux des États-Unis et Roland-Garros, c'était mardi au tour de Wimbledon d'annoncer une augmentation très significative de sa dotation, un geste qui peut paraître incongru en période de crise mais qui était indispensable selon les joueurs.

Quarante pour cent. C'est le bond spectaculaire du montant qui sera distribué cette année aux joueurs et joueuses à Wimbledon par rapport à 2012, pour un dotation totale de 26,5 millions d'euros (35,3 millions de dollars canadiens), un record dans l'histoire du tennis.

Dernier des quatre majeurs à dévoiler ses prix, le vénérable tournoi londonien remporte ainsi la course à l'armement généralisée lancée par l'Omnium d'Australie, qui a distribué 24 millions d'euros en janvier (+15 %), et continuée par les Internationaux des États-Unis (25 millions, +24 %) et Roland-Garros (22 millions, +16 %).

Parallèlement, les quatre tournois du Grand Chelem ont tous engagé des travaux de modernisation. Mardi, les organisateurs de Wimbledon ont confirmé leur intention de doter aussi le deuxième court principal d'un toit rétractable.

La mise en service est prévue pour 2019, l'année où Roland-Garros, dont le projet d'extension est freiné par les recours en justice, aura peut-être aussi son toit sur son Central.

Pour financer à la fois ces investissements et la revalorisation des primes versées aux participants, les organisateurs vont puiser dans la formidable manne amassée tous les ans pendant les quinze jours de compétition: 151 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011 pour Roland-Garros.

Ces montants colossaux ont servi de base aux revendications et menaces de grève des joueurs qui accusaient les tournois de ne leur reverser qu'une part infime de leur chiffre d'affaires, moins de 20 % contre par exemple 50 % dans la NBA.

« Merci beaucoup messieurs! »

Si on met de côté les stars comme Djokovic, Federer ou Sharapova, les autres joueurs du circuit principal subsistent essentiellement grâce aux tournois du Grand Chelem qui leur fournissent jusqu'à 70 % de leurs revenus.

Perdre au premier tour de l'Omnium d'Australie a ainsi rapporté près de 22 000 euros en janvier. C'est plus que n'offrent certains tournois « simples » du circuit ATP à leurs demi-finalistes.

« Les tournois du Grand Chelem, c'est ce qui nous fait vivre », expliquait à l'AFP en décembre la Française Mathilde Johansson, 80e mondiale, qui a gagné 185 000 euros en 2012, dont 110 000 dans les tournois du Grand Chelem.

Confrontés à cette réalité, les organisateurs des majeurs ont d'abord fait un effort sur les « petits salaires ». À Wimbledon, les vainqueurs des simples messieurs et dames empocheront, chacun, un chèque de 1,88 millions d'euros, contre 1,35 million l'an passé, soit un bond de 39 %. Pour les battus des trois premiers tours, l'augmentation s'élève à environ 63 % d'argent en plus.

« J'aimerais faire une grosse accolade au comité directeur de Wimbledon... merci beaucoup messieurs! », a tweeté mardi l'Ukrainien Sergiy Stakhovsky, 98e mondial sur le terrain et acteur très en pointe sur le dossier.

Si elle touche tout le monde, l'augmentation des primes trouve sa vraie signification chez les joueurs les plus modestes dans un sport où le no1 mondial, Novak Djokovic, a gagné 9,7 millions d'euros en 2012, rien qu'en gains en tournoi, mais où un 150e mondial a du mal à joindre les deux bouts.