Est-ce que Garbine Muguruza pourrait devenir l'héritière des soeurs Williams?
Wimbledon dimanche, 16 juil. 2017. 09:06 samedi, 14 déc. 2024. 05:01LONDRES - Peu de temps après avoir vaincu l'Américaine Venus Williams en finale du simple féminin des Internationaux de tennis de Wimbledon, Garbine Muguruza s'est vu remettre un écusson mauve et or qui confirme qu'elle est maintenant membre du All England Club, un statut honorifique accordé aux vainqueurs du tournoi.
« Je me suis dit : "Je vais le porter immédiatement" », a lancé l'Espagnole.
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Ainsi, Muguruza a attaché à sa veste blanche cet écusson si difficile à mériter, tout juste au-dessus de son coeur, et ne cessait d'y toucher pendant qu'elle parlait à un groupe restreint de journalistes samedi soir.
Muguruza a notamment fait remarquer qu'après sa défaite contre la soeur de Venus, Serena, lors de la finale de Wimbledon en 2015, elle n'avait évidemment pas eu droit à un traitement identique : les finalistes n'ont pas droit au statut de membre honorifique ni à ses privilèges.
« C'est tout ou rien, a déclaré Muguruza. Je me dis : "Ouf, cette année, j'y suis enfin arrivée." »
Ce triomphe par un score de 7-5, 6-0 contre Venus, combinée à sa victoire face à Serena en finale des Internationaux de France en 2016 font de l'athlète de 23 ans la seule femme à avoir vaincu chacune des frangines lors d'une finale d'un tournoi du Grand Chelem. Ce simple fait d'armes fait de Muguruza une héritière potentielle aux deux femmes qui ont changé leur sport.
Ajoutez à cela le style audacieux et combatif de Muguruza et son attrait pour les scènes de prestige, et elle donne certainement l'impression qui pourrait continuer de faire ce qu'elle tient à accomplir plus que tout : gagner des tournois majeurs.
C'est un aspect auquel elle accorde plus d'importance que sa position au classement de la WTA, par exemple. Elle a amorcé Wimbledon en 15e place et lundi, elle occupera le cinquième rang.
Elle s'est rendue jusqu'au deuxième échelon du classement, mais ça ne semble pas trop préoccuper Muguruza.
« Je ne sais pas ce que sait que d'être numéro 1 au monde. Peut-être que je pourrai un jour, et là, je pourrai comparer. Mais pour l'instant, je préférerais être numéro 10 et gagner des tournois du Grand Chelem que d'être numéro 1. »
La clé, selon la principale intéressée et plusieurs observateurs, sera de faire preuve d'une plus grande régularité.
Sa finale contre l'aînée des soeurs Williams samedi était sa première depuis sa victoire aux Internationaux de France de 2016. Pas seulement sa première à un tournoi du Grand Chelem, sa première tout court!
Pour s'établir fermement parmi l'élite du tennis féminin, Muguruza devra faire usage plus fréquemment de la puissance et de la précision qu'elle a réussi à employer lors des moments de tension accrue.
« C'est à souhaiter qu'elle sera capable d'afficher plus de constance, reconnait Conchita Martinez, la capitaine des équipes espagnoles de la Fed Cup et de la Coupe Davis, qui a collaboré avec Muguruza à Wimbledon parce que son instructeur régulier, Sam Sumyk, s'est donné une pause à la suite de la naissance de son enfant.
« L'important, c'est de maintenir ses routines, de continuer de travailler avec vigueur, ajoute Martinez, championne à Wimbledon en 1994. Et il est essentiel de bien se concentrer lors de chaque tournoi auquel vous participez. »
Il faudra aussi voir comment Muguruza va gérer les retombées de son plus récent triomphe.
Elle avoue qu'elle a trouvé difficile de faire face aux attentes qui ont suivi sa première conquête d'un tournoi du Grand Chelem. Il s'agit de l'une des raisons pouvant expliquer ses performances depuis ce temps, incluant un dossier de 23-13 en 2017 avant de disputer son premier match au All England Club.
« C'est difficile de ne pas continuer de bien jouer lorsque c'est ce que vous cherchez à faire. Vous êtes là à vous demander pourquoi vous en êtes incapable. »
Le mois dernier à Roland-Garros, Muguruza a été éliminée au quatrième tour, puis a été envahie par l'émotion lors de la conférence de presse d'après-match, durant laquelle elle avait admis être heureuse de laisser derrière toutes les questions sur la pression de devoir défendre un titre.
« Je vais faire face à un problème semblable maintenant, mais c'est un beau problème, a noté Muguruza samedi. J'ai tourné la page vraiment rapidement. J'ai été triste pendant quelques jours, puis je me suis dit "Oublie ça"... Et c'est ça. J'ai oublié. »
Le défi pour Muguruza sera de se souvenir comment jouer plus souvent comme elle l'a fait lors de ces deux semaines inoubliables à Paris, il y a 13 mois, et ces deux semaines spéciales à Londres cette année.
Si elle y arrive, personne ne pourra prédire combien d'autres tournois du Grand Chelem elle pourrait gagner.