Un nouveau crochet a été apposé aux côtés d’un des nombreux objectifs élaborés par Leylah Annie Fernandez et son entourage, alors qu’elle a récemment pris part à un 1er tournoi majeur en tant que professionnelle, soit les Internationaux de tennis d'Australie.

L'accomplissement est déjà notable en soi.

Il l'est encore plus lorsque l'on sait qu'il s'agissait de sa toute première invitation au processus de qualifications d'un Grand Chelem.

« Quand j’ai su que j’avais garanti ma place dans le tableau des qualifications, tout de suite mon objectif a été d’aller dans le grand tableau et aussi d’aller y gagner une ronde, a-t-elle raconté en entrevue avec RDS.

« Bien sûr, on est contents que j’aie pu réussir un de mes objectifs de l’année, soit de disputer un tournoi du Grand Chelem. Mais maintenant que c’est fait, il faut remporter des matchs dans des tournois de la WTA et en majeurs. »

Le site du complexe sportif de Melbourne Park n’avait pas de secrets pour la jeune gauchère, puisqu’elle y avait disputé en 2019 le volet junior de la compétition, allant même jusqu’à atteindre la finale contre la Danoise Clara Tauson.

« Ça m’a aidée d’être familière avec l’endroit. Les gens là-bas, dont le directeur du tournoi, m’ont beaucoup aidée à faire l’ajustement entre les juniors et les professionnelles. Je suis arrivée à Melbourne sans avoir de doute dans mon jeu. C’était une excitation qui nous habitait, mon équipe et moi. »

Même si le tirage au sort n’a pas fait de cadeau à Fernandez à l’aube des qualifications – elle a été opposée dès le 1er tour à la 7e favorite et 108e mondiale, la Roumaine Patricia Maria Tig – la Lavalloise a amorcé un parcours sans  faute qui l’a vu remporter chacune des six manches qu’elle a disputées. C’est finalement une victoire de 7-5, 7-5 contre l’Américaine Danielle Lao, sa 3e en quelques jours, qui lui a permis d’être une des 128 joueuses présentes à la « vraie » compétition. Pour ce faire, Fernandez a fait fi d’un creux de vague et remporté quatre jeux d’affilée en fin de 2e manche.

« Contre Lao, ça n’a pas été facile. C’est une bonne joueuse qui est difficile à affronter avec toutes ses variations. De revenir d’un déficit de 3-5 au 2e set et de gagner 7-5 pour éviter de jouer une 3e manche, ç’a aidé avec le dosage des énergies. »

Unique représentante canadienne

En raison du forfait malheureux de sa compatriote Bianca Andreescu, toujours aux prises avec une blessure au genou gauche subie à l’automne, et de l’élimination d’Eugenie Bouchard lors de la 3e et dernière étape des qualifications, Fernandez s’est retrouvée, à son grand étonnement, à être la seule représentante féminine du Canada en simple.

« J’en suis fière... Mais il y a eu de la malchance du côté de Bianca avec sa blessure de l’année passée qui l’a empêchée de jouer le tableau principal, a-t-elle immédiatement tenu à rappeler. J’espère que tout va bien maintenant et qu’on pourra la voir à Roland-Garros et aux autres Grands Chelems. »

L’aventure s’est ensuite terminée lorsqu’elle a croisé dans le grand tableau l’Américaine de 26 ans Lauren Davis, actuelle 62e au monde et gagnante d’un titre WTA en 2017. Joueuse d’expérience, Davis compte près de 500 matchs chez les professionnelles.

Au-delà du score de 6-4, 6-2 en faveur de Davis, qui masque notamment le fait que Fernandez a été très compétitive du 1er au dernier coup de raquette de la manche initiale, la jeune athlète reconnaît avoir beaucoup appris.

« C’était un très bon match. Elle est une très bonne joueuse, et moi j’ai fait quelques erreurs qui m’ont coûté d’abord le set, et ensuite le match en plus de lui donner de la confiance. Elle a fait ce qu’elle devait faire, tandis que moi, je lui ai fait quelques cadeaux. »

Deridder, nouvelle voix de l'équipe Fernandez

Ceux qui ont suivi l’ascension récente de Leylah Annie Fernandez des rangs juniors jusqu’à la WTA savent que son père Jorge demeure très impliqué dans l’entraînement et la préparation de l’aînée de ses filles. Cependant, une nouvelle voix s’est ajoutée à l’équipe Fernandez durant le séjour à Melbourne, alors que l’entraîneur français Romain Deridder était du voyage.

« Romain est un très bon entraîneur et l’entente est bonne entre mon père et lui. Il a la même énergie que nous, sinon même plus. Il a le même désir de gagner des matchs. Son aide est précieuse. Il aide aussi à entraîner ma sœur [Bianca Jolie, qui est âgée de 15 ans]. »

Leylah Annie Fernandez et Romain DeridderToujours exigeante envers elle-même, Fernandez n’avait pu réprimer un pincement au cœur lorsqu’elle a vu, à la fin du calendrier 2019, qu’elle allait entamer le congé hivernal autour de la 210e place mondiale, alors qu’elle avait émis le souhait d’intégrer le top-200.

Il ne lui aura pas fallu patienter longtemps pour rectifier la situation, puisque ses trois victoires en qualifications en Australie l’ont fait bondir de 22 places, jusqu’au 185e échelon.

Avant même la fin du mois de janvier, Fernandez est déjà sur la bonne voie pour remplir un autre des mandats qu’elle s’est donné pour 2020, celui de figurer parmi les 100 meilleures à la WTA.

« J’étais contente de pouvoir récolter les points nécessaires pour entrer dans le top-200. Maintenant, on veut se rapprocher du top-100 graduellement et y être à la fin de l’année. »

Avant de recentrer ses énergies sur la suite de sa carrière solo, c’est plutôt vers une cause collective que se tournera Leylah Annie Fernandez ces prochains jours, alors qu’elle fera une halte en Suisse la semaine prochaine pour le match de qualification de la Coupe Fédération présenté à Bienne (7-8 février).

Mardi, on apprenait que malgré son jeune âge, la gauchère allait représenter pour une 2e fois le Canada sur la scène internationale. Elle est une des quatre joueuses recrutées par l’entraîneure Heidi El Tabakh, les autres étant Andreescu, Bouchard et la spécialiste du double Gabriela Dabrowski.

« On espérait recevoir cet appel. On était très heureux, mais immédiatement on a repris notre sérieux et on est retournés sur les courts pour préparer l’affrontement face aux Suissesses. »