La chasse se poursuit, mais l'horloge tourne. À 37 ans, Serena Williams va une nouvelle fois tenter à Wimbledon d'accrocher un 24e titre majeur qui lui échappe depuis maintenant deux ans, sans doute l'une de ses dernières occasions d'y parvenir.

À chaque Grand Chelem, la même équation. Depuis deux ans et demi et son sacre aux Internationaux d'Australie en janvier 2017, Serena Williams n'est plus qu'à une marche, un titre qui la placerait au somment du panthéon du tennis féminin. Avec ce 24e titre du Grand Chelem, elle égalerait le vieux record de l'Australienne Margaret Court, un record que beaucoup lui promettent depuis plus de deux ans, mais avec qui elle n'a fait que flirter du bout des lèvres à Wimbledon (face à Kerber, ndlr) et aux Internationaux des États-Unis, en 2018. Deux finales, deux désillusions, deux ratés... Le plus retentissant à New York, face à Naomi Osaka, où un cocktail de larmes et de polémiques avait mal masqué son impuissance. Deux regrets qui la hanteront peut-être longtemps.

Car le temps passe, et Serena, qui a accouché en septembre 2017, n'y échappe pas. Les marges s'amenuisent inévitablement. Le niveau du tennis féminin a également progressé ces dernières années, ajoutant à la complexité de cette quête.

«Je ne peux pas commencer un Grand Chelem en pensant aux records, je dois juste penser au premier match», a déclaré samedi Serena Williams.

Bientôt 38 ans

«Elle va avoir 38 ans (fin septembre, ndlr), et elle a eu un bébé, a estimé récemment John McEnroe. Comment votre corps réagit à cela est une vraie question. Plus vous vieillissez, en tout cas pour moi, plus la pression augmente car on réalise que les opportunités se réduisent».

«Vous ne savez pas combien de temps vous allez pouvoir encore jouer. Et vous finissez par vous dire; je ferais mieux de le faire maintenant»,  a ajouté Mc Enroe.

Sa dernière tentative à Roland-Garros sur terre, pas sa meilleure surface, n'a pas vraiment rassuré. Certes, elle s'était présentée Porte d'Auteuil avec seulement neuf matches au compteur depuis le début de la saison, un seul sur terre, trois forfaits (Rome, Indian Wells, Miami) et deux mois d'absence entre Miami et Rome à cause d'une blessure au genou droit. Mais son premier tour passé in extremis et sa défaite sans appel en deux sets face à la 35e joueuse mondiale Sofia Kenin, une autre Américaine, au 3e tour, n'ont fait que rajouter au scepticisme.

«Elle a eu une grosse blessure à Miami, beaucoup de temps pour s'en remettre. Elle n'était pas prête, avait reconnu son entraîneur Patrick Mouratoglou. Honnêtement, je ne pense pas qu'elle aurait pu aller très loin. Pourra-t-elle le faire à Wimbledon, un tournoi qu'elle a remporté sept fois, et dont elle est finaliste sortante?»

Pas de tournoi en préparation

«Évidemment, je n'ai pas eu la meilleure préparation possible, a ajouté samedi l'ancienne no 1 mondiale lors d'une conférence de presse. J'ai eu une bonne semaine et demie, mais je n'ai fait que m'entraîner mentalement et physiquement pendant tout ce temps ici.»

L'ancienne joueuse Chris Evert a estimé au micro d'ESPN que Serena Williams «aurait dû jouer un tournoi de préparation. Je pense que cela aurait pu l'aider, lui aurait permis de se situer sur gazon et de savoir ce qu’elle avait besoin de travailler. Même si elle avait perdu au deuxième tour ou en quart, Serena apprend beaucoup de ses défaites.»

«Le gazon est sa meilleure surface. C'est une surface sur laquelle son jeu s'exprime parfaitement, avec la puissance de ses coups, de son service, elle est plus efficace», abonde Chris Evert. Un cocktail parfait pour faire taire les sceptiques et décrocher ce Graal tant promis.