COURCHEVEL (AFP) - Fils d'un camionneur n'ayant d'yeux que pour la petite reine, faisant très tôt de l'ombre au gratin de sa province natale de Murcie puis aux grands d'Espagne, Alejandro Valverde, vainqueur de la 10e étape mardi à Courchevel, a pris date dans les annales du Tour de France cycliste qu'il aborde, pour la première fois, à 25 ans.

Son surnom, "El Imbatido" (l'invincible) est évocateur. L'enfant de Las Llumbreras, venu au cyclisme à l'âge de 9 ans après avoir admiré, gamin, son compatriote Pedro Delgado en jaune sur les Champs-Élysées, remportait la majorité des courses auxquelles il participait.

Cette habitude était insupportable pour ses adversaires qui, insidieusement, en sont venus à intriguer pour le voir le moins souvent au départ. Sa boulimie se traduisant par cinq années de succès, sans la moindre défaite, l'a vite hissée au rang de meilleur cadet, puis junior de la péninsule ibérique.

Admirateur de l'autre enfant chéri d'Espagne, Miguel Indurain, Alejandro Valverde n'a, lui, aucun point faible. Contrairement au quintuple lauréat de la Grande Boucle, l'Invincible prend des risques et sait, à l'occasion, sprinter. Sur ce dernier point, Lance Armstrong, deuxième de l'étape, ne le démentira pas à l'arrivée de Courchevel.

Chevaux moteur

Troisième (2003) puis quatrième d'une Vuelta contrariée par une chute (2004), sur un rail, près de Caravaca, "El Imbatido" est arrivé sur la Grande Boucle, persuadé qu'il était un coureur de grands tours, ceux de trois semaines.

Son humilité l'a toutefois obligé à mettre un frein à ses ardeurs, ce qui n'est pas son genre au plan sportif, au point même d'envisager de s'effacer au profit de Paco Mancebo, lequel avait plus, pensait-il, l'expérience de la course.

Passé professionnel chez Kelme, en 2002, Alejandro
Valverde, jeune hidalgo d'1,75 m pour 62 kg, a trouvé chaussure à son pied en épousant en novembre dernier Angela, avec qui il a envie de mener une vie tranquille, dans son village plombé de soleil, auprès de ses amis.

Rien ne saurait contrarier cette vie idyllique que l'Invincible s'est tracée, s'il n'existait cette attirance pour la vitesse. Celle propulsée par son pédalier bien sûr, mais, plus encore, l'autre, fruit des quatre roues, choisies parmi un parc automobile de qualité.

Le Murcien est en effet un dingue des vrombissements, se délectant de la vitesse à la moindre occasion, au volant de ses Mercedes et Porsche, dernier cri évidemment.